Les violences contre les femmes ne sont ni anecdotiques ni accessoires. Ce fléau, enraciné dans les fondements mêmes de nos structures sociales, persiste à travers les siècles. Il se manifeste sous toutes les formes : physiques, économiques, psychologiques, et bien sûr, sexuelles. Mais l'expression ultime de cette violence, les féminicides, ne sont l’un des nombreux visages d’une domination systémique.
En 2023, la France a enregistré 118 féminicides. Ce chiffre n’est pas un simple fait divers. Il est la conséquence d’un système patriarcal qui nourrit l’exploitation de la femme par l’homme. Derrière chaque statistique, il y a une femme dont les cris n’ont pas été entendus. Ce silence oppressant doit être brisé, et pour cela, la réponse ne peut pas se limiter à des mesures punitives ou à des annonces législatives isolées.
Il est impératif de repenser l’éducation, notamment celle qui entoure la sexualité et le consentement. Aujourd'hui, nous vivons dans une société où les notions de désir, de respect, de limites sont souvent floues, voire ignorées. Dans les écoles, les discussions autour de la sexualité sont trop souvent restreintes aux aspects biologiques.
Or, une éducation sexuelle globale doit inclure une réflexion sur le respect du consentement, l’égalité dans les relations et le rejet de la violence sous toutes ses formes. Il est temps de réinventer un système éducatif qui aborde les questions de genre, d’émancipation et de justice dès le plus jeune âge.
Le consentement est central dans toute lutte contre les violences. Il ne s’agit pas simplement d’une formalité. C’est une question de dignité humaine. Pour chaque agression sexuelle, chaque harcèlement, c’est la parole des femmes qui est déconsidérée. Ce déni systématique des droits fondamentaux des femmes a des répercussions dramatiques sur leur santé mentale et physique.
À cela s'ajoute une réalité tout aussi terrifiante : les maladies qui touchent spécifiquement les femmes. Le cancer du sein, le cancer de l'utérus, l'endométriose, pour n'en citer que quelques-unes, continuent de frapper durement sans que les réponses médicales soient à la hauteur.
Ces pathologies, qui concernent des millions de femmes, sont souvent ignorées ou minimisées. Là aussi, il est question de violence : celle d’un système de santé qui ne prend pas au sérieux les douleurs des femmes, les laissant souffrir en silence.
L’État doit non seulement renforcer les dispositifs de protection, mais aussi investir massivement dans la recherche et la prise en charge des maladies spécifiquement féminines. La santé des femmes ne peut plus être reléguée à l’arrière-plan. Nous demandons des centres de santé accessibles, un meilleur suivi, des campagnes de sensibilisation renforcées pour le dépistage et la prévention.
Il est temps que les violences subies par les femmes, qu’elles soient physiques ou liées à l'ignorance de leur santé, soient au cœur des préoccupations publiques. Il est temps d'en finir avec cette souffrance, d'arrêter d'observer passivement les féminicides et les maladies évitables faucher des vies, année après année.
Les réformes entamées, bien qu’importantes, sont insuffisantes. L’inscription de la lutte contre les violences faites aux femmes dans la Constitution est une nécessité, tout comme la reconnaissance de la santé féminine comme un enjeu prioritaire de notre société. Mais ces avancées juridiques ne suffiront pas sans une transformation profonde de notre rapport à la sexualité et à la place des femmes dans la société.
Notre combat est celui de l’égalité, du respect, de la reconnaissance du droit à la vie, à la santé et à l’amour. C’est une lutte pour toutes les femmes. Pour Marie, Myriam, Eugénie, Soraya, Fatou, ces femmes qui portent un nom emblématique... et pour toutes celles dont la voix a été étouffée, cette lutte est la nôtre, nous la mènerons jusqu’à ce que ce fléau soit enfin éradiqué, éliminé, effacé, liquéfié...
