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Mehdi ALLAL

Attaché principal des administrations parisiennes / Chargé de mission "Promesse républicaine" (DDCT) / Chargé de TD en droit constitutionnel à Paris Nanterre / Fondateur & Responsable du pôle "vivre ensemble" du think tank "Le Jour d'Après" (JDA) / Président de l'association La Casa Nostra / Membre du club du XXIème siècle / Secrétaire-adjoint de l'association des rapporteurs.trices de la CNDA (Arc-en-ciel) / Fondateur du média "De facto" / Député de l'Etat de la diaspora africaine (SOAD)

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Billet de blog 24 juin 2025

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Fonction publique : pour un nouveau statut à la hauteur des défis du XXIe siècle...

A Maureen Vidal...

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

En 1983, Anicet Le Pors posait les fondations du statut général de la fonction publique. Ce texte, à la fois protecteur et structurant, consacrait trois principes fondamentaux : l’égalité d’accès, l’indépendance des fonctionnaires vis-à-vis du pouvoir politique, et la responsabilité dans l’exercice des missions.

Aujourd’hui, alors que le moral des agents publics retrouve des couleurs, il est temps d’oser une refondation de ce pacte, non pour le liquider, mais pour l’actualiser.

Les résultats de l’étude menée par BVA pour la Casden, publiés ce 23 juin, montrent un paradoxe révélateur. Oui, les fonctionnaires tiennent à leur statut – 91 % citent la garantie de l’emploi, 88 % le service de l’intérêt général, 74 % la mobilité interne. Ce sont des piliers.

Mais à côté, leur quotidien est fait de contradictions : 65 % se disent pessimistes sur leur avenir professionnel, et les difficultés de terrain – sous-effectifs, matériel obsolète, surcharge... – nourrissent un profond malaise.

Le statut actuel protège, certes. Mais il ne répond plus entièrement aux nouvelles réalités du travail public. L’essor du numérique, les attentes sociétales en termes de proximité, de transparence, de réactivité, exigent un cadre repensé.

Télétravail, flexibilité horaire, droit à la déconnexion, participation à la décision : autant de dimensions absentes du socle juridique initial. La fonction publique ne peut plus être figée dans un modèle d’après-guerre, elle doit devenir un laboratoire du progrès social.

Ce n’est pas un appel à la contractualisation généralisée, ni à la précarisation masquée. C’est l’inverse. Il faut réaffirmer l’intérêt d’un statut protecteur, tout en ouvrant la voie à un nouveau contrat social fondé sur la reconnaissance des métiers, le soutien à l’engagement, la confiance dans l’autonomie...

Le mérite ne peut être la variable d’ajustement d’une vision néo-managériale : il doit s’inscrire dans une politique d’accompagnement, de formation et de coopération. Il faut aussi repenser l’organisation du temps : 70 % des agents plébiscitent des horaires flexibles, 65 % la semaine de quatre jours. À quand une fonction publique pilote en matière d’innovation sociale ?

La France ne pourra restaurer la confiance dans l’action publique sans revaloriser, en actes, celles et ceux qui la portent. Le chantier d’un nouveau statut de la fonction publique n’est pas une lubie technocratique : c’est une exigence démocratique. Et un hommage dû à celles et ceux qui, au quotidien, soignent, enseignent, protègent, accompagnent, souvent au prix de leur santé et de leur engagement personnel.

Comme en 1946, comme en 1983, une nouvelle génération attend qu’on lui dise : "Vous êtes utiles. Vous êtes dignes. Vous êtes l’avenir." Donnons-lui les moyens de l’être. Sans paraître anodine...


Biographie
Mehdi Allal est enseignant, essayiste et militant engagé dans la défense des services publics. Il s’inscrit dans une tradition républicaine et progressiste, convaincu que la fonction publique est l’un des derniers remparts contre les inégalités et la marchandisation du monde. Il milite pour un service public refondé, émancipateur et porteur de justice sociale.

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