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Mehdi ALLAL

Attaché principal des administrations parisiennes / Chargé de mission "Promesse républicaine" (DDCT) / Chargé de TD en droit constitutionnel à Paris Nanterre / Fondateur & Responsable du pôle "vivre ensemble" du think tank "Le Jour d'Après" (JDA) / Président de l'association La Casa Nostra / Membre du club du XXIème siècle / Secrétaire-adjoint de l'association des rapporteurs.trices de la CNDA (Arc-en-ciel) / Fondateur du média "De facto" / Député de l'Etat de la diaspora africaine (SOAD)

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Billet de blog 26 septembre 2025

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Fonctionnaires : subir ou choisir de sortir la tête haute de l'engin à broyer...

Sous couvert de « moderniser » et de réduire rapidement la masse salariale de l’État, le député Philippe Juvin avance une idée radicale : payer 70 % du salaire pendant dix ans aux fonctionnaires qui accepteraient de démissionner. Derrière l’apparente rationalité budgétaire, ce projet révèle une vision inquiétante du rôle du service public et une méconnaissance profonde des besoins collectifs.

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La proposition de Philippe Juvin de verser une rente de 70 % du salaire pendant dix ans à tout fonctionnaire d’État volontaire pour démissionner pourrait prêter à sourire si elle n’était pas portée dans le cadre du projet de loi de finances 2026.

Derrière le vernis technocratique de l’« incitation » et de l’« efficacité », il s’agit en réalité d’une attaque frontale contre le service public, au profit d’une logique purement comptable.

On nous explique qu’il s’agit d’une méthode « rapide, efficace et juste » pour réduire les effectifs. Mais efficace pour qui ? Juste envers qui ?

Les hôpitaux publics sont exsangues, les écoles manquent de professeurs, la justice croule sous les dossiers, l’écologie réclame des moyens humains massifs... Et c’est précisément à ce moment-là qu’un élu propose de rémunérer des agents pour qu’ils partent.

Cette vision est doublement problématique.

D’abord parce qu’elle fait abstraction du cœur de mission de l’État : répondre à des besoins collectifs essentiels qui ne se mesurent pas en ratios budgétaires.

Ensuite parce qu’elle ouvre la voie à de puissants effets d’aubaine : pourquoi un agent en début de carrière, voyant la promesse d’une rente cumulable avec un emploi privé, ne saisirait-il pas cette opportunité ?

L’argent public, censé financer des services pour toutes et tous, se retrouverait alors utilisé comme prime de désertion organisée.

On objectera que seuls les ministères « non régaliens » seraient concernés.

C’est oublier que l’éducation, la santé, l’environnement ou la culture sont des piliers de la République autant que la police ou la défense. C’est aussi hiérarchiser arbitrairement les missions publiques, comme si certaines étaient accessoires, donc sacrifiables.

Enfin, il faut interroger la philosophie qui sous-tend cette proposition. Elle consiste à traiter les fonctionnaires comme un coût à réduire, jamais comme une richesse humaine indispensable.

Or, dans une société traversée par les inégalités, les crises climatiques et sociales, c’est au contraire d’un État renforcé que nous avons besoin, pas d’un État bradant ses forces vives contre une rente provisoire.

Ce plan de départs massifs, s’il devait prospérer, ne serait pas une simple mesure technique : il signerait un affaiblissement assumé de l’idée même de service public.

Aux citoyennes et citoyens d’en prendre la mesure, et de rappeler que derrière chaque poste supprimé, c’est une école, un service hospitalier, une mission sociale qui se fragilise.

Le prix à payer est donc éventuellement trop lourd et fait peu de cas de l'émotion suscitée par un départ précipité...

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