Le 26 novembre, les déclarations incendiaires de Benjamin Netanyahu ont une nouvelle fois fait résonner les tambours de guerre dans la région, fait sonner les cloches et les klaxons de la guérilla, fait tonner les sons devenus habituels de l'escalade militaire, réveillant les spectres d'un conflit prolongé au Liban.
Le Premier ministre israélien, déjà sous le feu croisé des critiques pour sa gestion des tensions régionales et de la situation interne d'Israël, a évoqué sans détour, sans les contours du moindre plan, comme un vautour sur sa proie, l’éventualité de frappes plus intenses contre le Hezbollah et les milices libanaises.
Ses propos, teintés de mépris et de provocations, sont un aveu à peine voilé de la volonté israélienne de maintenir une pression continue, voire de tenter de plonger la région dans une guerre d’usure, un combat dur et âpre, à la mesure, cependant, de la vaillance et du sens de la survie des combattants chiites.
Le Liban, fragilisé par des années de crise politique et économique, ne semble pas prêt à subir une énième offensive destructrice sur son territoire. Cependant, la riposte à l’occupant israélien ne se fait pas attendre. La résistance, menée principalement par le Hezbollah, se prépare à une "épopée" longue, ensanglantée, un étripage imprévisible, et surtout une campagne usante, éprouvante pour l’armée israélienne, qui pourrait se retrouver embourbée dans un conflit coûteux et sans issue rapide, sans issue du tout d'ailleurs.
Les propos de Benjamin Netanyahu ne sont pas un simple coup de communication politique, un coup de poignard dans le dos des familles des otages encore détenus par le Hamas, un simple orage faisant ombrage à un ciel normalement illuminé, mais désormais traversé par des missiles en pagaille.
Ces paroles intempestives témoignent d'une posture guerrière qui, loin de désamorcer les tensions, les exacerbe, les attise, attire son propre peuple dans un piège suicidaire, hors duquel il sera difficile de s'échapper, ce Premier ministre préférant s'écharper, y compris avec ses traditionnels alliés arabes, plutôt que faire la paix...
Les populations civiles, déjà meurtries par des décennies de conflit, sont à nouveau prises en otage, en tenaille, en étau par une rhétorique incendiaire et un enrôlement forcé du côté du Hezbollah libanais. La question centrale reste la suivante : quel prix faudra-t-il encore payer, combien de morts supplémentaires, combien de sang reste-il à verser avant de renverser l'occupation par l'Etat hébreu sur les deux fronts de Palestine et du pays du Cèdre.
Pour les Libanais, chaque nouvelle attaque israélienne est une atteinte à la souveraineté de leur pays et une violation des résolutions internationales. La communauté internationale, bien trop passive, observe, impuissante, cette escalade, cette "escapade" ahurissante, totalement incompréhensible, démesurée et inutile par rapport aux résultats escomptés, une preuve d'un manque d'autorité qui pourrait précipiter la région dans un chaotique, apocalyptique, nouveau bourbier.
Quant à la résistance libanaise, elle est bien consciente que cette guerre ne sera pas celle des guerres éclairs, mais celle de la patience, de l’endurance et du harcèlement constant. Une guerre d’usure à tous les niveaux. Une guerre entre des ennemis historiquement rivaux, qui semblait assagis de ce côté ci du sous-continent...
Le Liban, malgré sa fragilité, demeure déterminé à repousser les incursions de l'occupant, une fois de plus ; une fois de trop ? Les civils pourront-ils supporter jusqu'au bout ce climat de terreur permanent ? L’escalade actuelle ne laisse que peu de place à l’espoir d’une solution diplomatique négociée sous l'égide des Etats-Unis ou de l'ONU. La France, pays frère, pourrait faire entendre sa voix encore plus nettement face à la folle aventure, telle la devanture d'une boutique yiddish d'un modeste couturier, dévastée, dévisagée, éventrée, par les nazis ; oui la Franc est dans sn bon droit de tirer la sonnette d'alarme, de siffler la fin de partie de l'aventure personnelle, sans perspective, sans horizon au lointain, de Benjamin Netanyahu !
Une guerre d’usure, par essence, ne se termine pas en quelques jours. Elle s’étire, parfois sur des années, au prix de vies humaines et d’un appauvrissement progressif, d'une dramatique raréfaction des ressources, difficile à surmonter par la suite, en vue de faire redémarrer le moteur de l'économie, des échanges commerciaux, de la prospérité...
Les propos incendiaires de Benjamin Netanyahu ne sont donc pas seulement une menace pour le Hezbollah ou pour le Liban. Ils constituent le risque d'un embrasement de toute la région, déjà au bord du gouffre, un brassier qui ne s'éteint jamais vraiment, comme du goudron à peine séché et dans lequel on s'enfonce sans jamais s'en s'extirper les pieds, coincés à tout jamais...
Un déchirement pour la diaspora juive du ponde entier, déjà sérieusement éprouvée par la résurgence d'un certain climat antisémite, ainsi que par la disparition des derniers survivants des camps de la mort, et l'extinction d'une mémoire essentiellement orale, nécessairement morale, devenue étriquée du fait de quelques-uns des leaders soi-disant sionistes, une mémoire qui a déjà trinqué en raison du temps qui passe, étranglée, étouffée, par tant de trahisons de la part de ceux qui s'en déclarent sans vergogne, éhontément, les gardiens attitrés, à l'attirail ridicule et dont les troupes devraient maintenant prendre du recul...
Si la guerre d’usure se confirme, elle pourrait redéfinir, rebattre les cartes au Moyen-Orient pour les années à venir, dans un cycle infernal de destruction et de désolation, de délabrement.
Face à cette situation, il est impératif que la communauté internationale prenne position et œuvre pour désamorcer ce conflit avant qu’il ne se transforme en une guerre sans fin, dont les principales victimes, une fois encore, seront les populations civiles, lasses et peu enclines à embrasser les clivages haineux et rageux des dirigeants quasi-religieux de l'Etat hébreu, abreuvés de sang, se purifiant par les armes, qui semblent avoir semé en chemin les tables de la loi, derrière un buisson ardant, attirant le regard de ceux qui passent devant, brandissant des fleurs fanées en guise de pistolets...