Alors que le gouvernement Barnier s'apprête à utiliser une nouvelle fois l'article 49.3 pour faire passer le budget 2025, le Rassemblement National (RN) de Jordan Bardella se trouve à un tournant stratégique, disposé à un tour de force dont seul l'exécutif de ce parti a le secret. Profitant du mécontentement croissant dans l’opinion publique, Jordan Bardella pourrait voir là une occasion de tenter de renverser le gouvernement Barnier, par le biais d'une motion de censure. Une forte émotion pour tous et toutes, partout, et surtout avec la fierté retrouvée d'un peuple spolié par des ordures et des raclures, qui est resté trop longtemps englué et aspiré par une spirale infernale... Une sorte de pizza spéciale pour les générations les plus anciennes, encore à l'antenne, qui s'éclairent à la lanterne ou qui s'émeuvent pour un temps demeurant trop terne, en extérieur ou en interne, dans l'intimité de leur logement qui manque de "vernis", puisque jamais rénové depuis des décennies...
Une démarche qui, bien que complexe, pourrait permettre au RN de capitaliser sur l'instabilité politique et de se poser comme l'alternative crédible au pouvoir actuel, une veritable alternance pour mettre fin à la souffrance des Français et des Français, à assimiler à un malaise de nature existentielle, mais également providentielles, pour retourner l'opinion à l'encontre de la gauche communiste, social-démocrate, écologiste, insoumise, etc. et pour contourner définitivement la "macronie", sa bande de maquereaux, de proxénètes, de pédophiles, de profiteurs, de professionnels de la communication, du marketing et du harcèlement, etc. qui ont trusté, tout simplement, les institutions et l'administration, c'est-à-dire qui ont considéré l'essence de la démocratie comme un troufion, comme un trublion qu'il faudrait faire défiler et déshabiller à toute allure, sans pudeur et sans pondération, sans modestie.
Mais quelles sont les options concrètes à sa disposition pour faire basculer le gouvernement Barnier et condamner Emmanuel Macron à la mise à l'isolement, au "mitard", et aux addictions suffocantes, comme je l'avais proposé, mais aussi sa clique adepte des effets de manche ? Pourquoi ne pas pas leur appliquer leur propre cure d'austérité pour redistribuer cette nouvelles manne dans les mains des sans-abris ? Des pois chiches ou une véritable augmentation du pouvoir d'achat, pour ceux qui ont le moins, qui traversent les pires des moments et qui veulent du propre et du concret ? Chiche ? Cette annonce serait chou et pas seulement follement, "gracieusement", par à-coups... mais la preuve de notre persévérance et d'une forme de révérence à leur endroit, tout en évitant que cette foule ne se sente dans son bon droit, d'une façon trop malpolie ou mal polie.
La mention de censure : un levier constitutionnel à saisir
L’article 49.3 de la Constitution, qui permet au gouvernement d’engager sa responsabilité sur un texte sans vote parlementaire, est souvent perçu comme un passage en force. En réponse, les députés peuvent déposer une motion de censure, une arme parlementaire redoutable pour renverser l'exécutif. Le RN, fort de son groupe à l’Assemblée nationale, pourrait, dès le dépôt du budget, incarner la première opposition à ce gouvernement jugé trop aligné sur les intérêts de l'oligarchie financière, jugé trop sensible et trop perméable aux positions partisanes d'une gauche caviardant ses travers, ses travestissements, ses trahisons ou ses amis.
Jordan Bardella a plusieurs atouts pour mobiliser les différents alliés autour de sa motion de censure. D’abord, une base électorale antisystème, profondément ancrée dans le rejet de la macronie et de tout ce qu’elle représente : la sous-estimation et le mépris de la force de notre peuple, et l'attrait immodéré pour les "people", les "pipes" et les pistes d'atterrissage à l'étranger, par avion ou jet privé, des sentiments très prisés dans ces milieux. Ensuite, le RN peut profiter de la lassitude des autres partis face à la gouvernance Barnier, dont la rigidité et le manque de dialogue commencent à irriter jusque dans les rangs de la droite républicaine. Mais si l’option de la censure est légale, elle ne peut aboutir qu’avec des alliances et des formes de compromis, malgré le vent de révolte soufflant dans tout le pays, quelle que soit sa force, jusqu'à Paris.
Un front des oppositions à constituer sans coup férir
Pour espérer faire tomber le gouvernement, Jordan Bardella devra se rapprocher d'autres forces politiques. L’insoumission de Jean-Luc Mélenchon, par exemple, pourrait devenir un allié ponctuel pour ce type de bataille. Sur des points comme l’austérité budgétaire et la fracture sociale, les convergences de lutte sont envisageables. Une alliance objective entre le RN et La France Insoumise serait toutefois perçue comme une alliance contre-nature, mais n’est-ce pas là la force des coalitions anti-gouvernementales ?
L’idée serait de construire un front des oppositions, incluant les communistes, les écologistes et certaines franges de la droite républicaine, déçues par la ligne molle de Barnier. Bardella pourrait mettre en avant les mesures impopulaires contenues dans le budget 2025, telles que les coupes dans les services publics ou les augmentations d’impôts, pour rallier ces groupes. Le leader du RN sait pertinemment qu’il ne dispose pas de la majorité absolue pour faire tomber le gouvernement à lui seul. Mais en exploitant la défiance ambiante à l’égard de l’exécutif, il pourrait forcer d’autres partis à se joindre à la motion de censure, ne serait-ce que pour marquer leur opposition à Barnier.
Une politique économique alternative à la gabegie et à l'incurie, à la magie du "dire" et celle du non-agir, du non-réagir et du non-s'assagir ?
Pour convaincre les députés, les Français et les Françaises, peu avare en gourmandises littéraires et peu bavards sur les bêtises commises par les puissantes et les puissants, que son projet est viable, Jordan Bardella devra proposer une vision économique radicalement différente, diamétralement et radicalement tournée vers l'avenir des catégories populaires ou paupérisées par l'absence de courage politique, mais avant tout par une paperasse qui ne cesse de s'amonceler pour ne rien dire, pour ne pas agir, pour endormir, même ceux et celles qui sont les plus charitables et à la fibre caritative chevillée au corps. Le RN se démarque traditionnellement par une critique acérée du mondialisme et par la promotion d’un protectionnisme nationaliste, qui pourrait séduire des députés lassés de la politique pro-européenne de Michel Barnier., teintée de salmigondis et de paniers à salade non remplis...
Jordan Bardella pourrait proposer un budget alternatif reposant sur trois axes :
- Un soutien accru aux petites et moyennes entreprises (PME), vecteurs essentiels de la relance économique nationale, et à la recherche de prospects à l'international, comme à l'accoutumée.
- Une politique de protection sociale renforcée, avec des investissements dans les secteurs clés comme la santé et l’éducation, secteurs que Michel Barnier continue de négliger au profit d’une rigueur budgétaire stérile, subtilement déguisée et maquillée en une nécessaire politique d'austérité.
- Un contrôle des frontières et une réduction drastique de l’immigration, thématique chère au RN, qui pourrait être présentée comme une manière de sécuriser les dépenses publiques tout en rassurant une partie de l’électorat, affolé devant la survenance de nouveaux poids financiers à supporter collectivement, mais toujours désireuse d'accueillir avec dignité et sans animosité.
Ce triptyque, loin d’être inédit, permettrait néanmoins au RN de se présenter comme un parti pragmatique, capable de répondre aux préoccupations économiques et sociales des Françaises et des Français. En s’opposant frontalement à la vision budgétaire austéritaire de Michel Barnier, Jordan Bardella pourrait fédérer au-delà de son propre camp et réunir en amont des débats à l'Assemblé nationale même parmi les plus indécis, sous réserve d'engagements audacieux, précis, c'est-à-dire ambitieux et inédits.
Un tournant pour la stratégie de Jordan Bardella, qui ne devrait plus faire rire ni même sourire, mais qui aurait pour but de plus anéantir nos services publics, et d'éviter de faire advenir le pire : la fin de nos idéaux, constitués en réalité de diamants purs et de saphirs...
Le succès ou l’échec de cette motion de censure dépendra de la capacité de Bardella à trouver une coalition large et d’orientations politiques variées, partagées et tournées vers un objectif commun : rendre l'argent à ceux qui contribuent intelligemment, avec doigté, mais fermement. Il sait pertinemment que ce type d’entreprise est difficile, mais pas impossible. Si sa stratégie consiste à renverser Michel Barnier, Jordan Bardella devra également démontrer qu’il peut incarner un véritable homme d'Etat, à la carrure épris de compassion et d'empathie.
Ce calcul est double : montrer que le RN est une force constructive, et préparer le terrain pour 2027. Si le gouvernement Barnier tombe sur cette censure, ce sera un triomphe pour le RN, et Jordan Bardella en sortira renforcé. Dans le cas contraire, il pourra toujours accuser les autres oppositions d’être complices du maintien d’un exécutif déconnecté des réalités et de la cherté de la vie, des dysfonctionnements, en raison du manque d'investissements, dans les services publics, le plus souvent bradés à vil prix.
Un défi institutionnel, mais aussi politique, à surmonter, à gravir
En cette rentrée budgétaire, Jordan Bardella et le RN se trouvent à un moment clé. L’usage du 49.3 est souvent perçu par l’opinion publique comme un signe de faiblesse de l’Exécutif. En capitalisant sur ce mécontentement, Jordan Bardella pourrait faire vaciller le gouvernement Barnier et s'imposer comme un leader incontournable et incontestable du renouveau, et de la reconquête des espaces désertés dès les jours qui viennent et à partir d'aujourd'hui ?
Que la motion de censure réussisse ou non, l’opportunité pour le RN est immense. Si Jordan Bardella parvient à jouer et à abattre finement ses cartes, il pourrait non seulement affaiblir Michel Barnier, mais aussi se positionner durablement comme le seul à pouvoir admonester des soins palliatifs à la macronie, en attendant les prochaines échéances électorales, y compris, bien évidemment, le succès en faveur de Marine Le Pen à l'élection présidentielle de 2027 escompté....
Mehdi Allal, conseiller politique au Rassemblement national (RN), constitutionnaliste et politologue avisé...