Mehdi ALLAL (avatar)

Mehdi ALLAL

Attaché principal des administrations parisiennes / Chargé de mission "Promesse républicaine" (DDCT) / Chargé de TD en droit constitutionnel à Paris Nanterre / Fondateur & Responsable du pôle "vivre ensemble" du think tank "Le Jour d'Après" (JDA) / Président de l'association La Casa Nostra / Membre du club du XXIème siècle / Secrétaire-adjoint de l'association des rapporteurs.trices de la CNDA (Arc-en-ciel) / Fondateur du média "De facto" / Député de l'Etat de la diaspora africaine (SOAD)

Abonné·e de Mediapart

261 Billets

1 Éditions

Billet de blog 11 décembre 2023

Mehdi ALLAL (avatar)

Mehdi ALLAL

Attaché principal des administrations parisiennes / Chargé de mission "Promesse républicaine" (DDCT) / Chargé de TD en droit constitutionnel à Paris Nanterre / Fondateur & Responsable du pôle "vivre ensemble" du think tank "Le Jour d'Après" (JDA) / Président de l'association La Casa Nostra / Membre du club du XXIème siècle / Secrétaire-adjoint de l'association des rapporteurs.trices de la CNDA (Arc-en-ciel) / Fondateur du média "De facto" / Député de l'Etat de la diaspora africaine (SOAD)

Abonné·e de Mediapart

Changer de nom

par Mehdi Thomas ALLAL, fonctionnaire territorial, enseignant, auteur et conférencier ; avec Ghaouti Chawki ALLAL, retraité ; Brieuc CUDENNEC, conseiller politique ; Slimane TIRERA, fondateur du média « les 100 voix ». A Loreleï et Anaïs. A Myriam

Mehdi ALLAL (avatar)

Mehdi ALLAL

Attaché principal des administrations parisiennes / Chargé de mission "Promesse républicaine" (DDCT) / Chargé de TD en droit constitutionnel à Paris Nanterre / Fondateur & Responsable du pôle "vivre ensemble" du think tank "Le Jour d'Après" (JDA) / Président de l'association La Casa Nostra / Membre du club du XXIème siècle / Secrétaire-adjoint de l'association des rapporteurs.trices de la CNDA (Arc-en-ciel) / Fondateur du média "De facto" / Député de l'Etat de la diaspora africaine (SOAD)

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

L’interdiction des discriminations fondées sur le patronyme, qui constitue l’un des 25 critères prohibés par la loi et la jurisprudence, a été votée en 2001. Pourquoi vouloir donc changer de nom, quand on est Français et qu’on a toute l’apparence d’un mâle, blanc, bourgeois, hétérosexuel, sans être en situation de handicap et âgé de la cinquantaine ? Pour réussir dans ce "bas" monde, il faut se conformer, en effet, aux valeurs fondamentales qui irriguent toute la société, y compris, les appellations.

Nommer les gens fait partie de leur identité, les aide à se construire, à se définir, à s’enrichir, à achever leur éducation. Mais le pression mise sur les enfants d’immigré.e.s des anciennes colonies est telle qu’elle nous oblige. Elle nous oblige à mieux diriger nos trajectoires, à refouler nos origines nationales, étrangères, géographiques... Ce fardeau est devenu insupportable et révèle le malaise de toute une génération de jeunes, qui aspire à être reconnue.

Renier. Effacer. Disparaître, pour mieux renaître, c’est l’objectif de toutes celles et de tous ceux qui souhaitent enfin réussir autrement que par le sport, la rime et la musique ou encore le show-business. Devenir avocat, médecin, haut-fonctionnaire, professeur, dirigeant politique, dignitaire religieux, ne doit plus être un rêve, mais une réalité, progressivement, lentement mais sûrement. Les sachant ne sont pas assez puissants pour nous empêcher de percer. Assez ! Ne plus rester assis, se lever et tourner sa tête vers le futur.

Percer grâce à son nom, ne plus pêcher par manque d’ambition, ne plus tomber dans le panneau, représenter son pays, est un acte fondateur, un honneur, et à la fois un malheur ; néanmoins une preuve de socialisation tellement importante. Est-il l’heure de changer de nom, pour enfin ne plus subir, pour unir son destin à sa patrie, être fier ? La tentation du repli identitaire est latente, forte, attirante et à la fois resplendissante.

Elle passe par différents canaux. Rompre avec ce silence, à la fois pesant et envahissant, est le propre de chacun. Changer de nom et s’ouvrir au monde, c’est déclarer son amour à la nation, c’est comprendre que l’on n’a pas seulement des droits, mais également des devoirs. Être humain, c’est braver, et non brader son appartenance, hurler sa détresse, quand tant de maux frappent les quartiers populaires ou prioritaires.

La mémoire de nos ancêtres, notre généalogie, n’est pas en cause. Être en harmonie avec ses proches suppose de demander leur accord. C’est un premier point. Le parcours pour changer de nom est alors assez simple. Faudrait-il, au contraire, passer par un décret ? Crier son allégeance n’est pas chose facile. Toujours suivre son instinct, plutôt que de toujours cirer des pompes.

Violer son identité, ce n’est voler à personne ; c’est emprunter un chemin, imprimer une histoire, recommencer une affiliation, refaire la chronologie, son pays plutôt que sa famille.

Travailler à la trouvaille d’un nouveau nom, être à la recherche d’une certaine conformité n’est pas trahir ses parents, c’est au contraire leur redonner tout l’amour qu’ils méritent. Ce n’est pas un suicide, c’est une renaissance, dans le pays des Lumières et de la tolérance, de la fraternité et de la laïcité. Et s’ouvrir au monde. Être toujours plus fort, toujours plus vrai, toujours plus juste, toujours plus dur, sont des atouts pour l’avenir et ne sont pas une denrée négligeable, une démesure, mais une armure, peut-être un murmure de tendresse, celle d’un poète.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.