Mehdi Thomas Allal
Attaché principal des administrations parisiennes / Chef de projet "promesse républicaine" (DDCT) / Maître de conférences à Sciences Po / Fondateur & Responsable du pôle "vivre ensemble" du think tank "Le Jour d'Après" (JDA) / Président de l'association La Casa Nostra / Membre du club du XXIème siècle / Député de l'Etat de la diaspora africaine (SOAD)
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Billet de blog 15 déc. 2021

Mehdi Thomas Allal
Attaché principal des administrations parisiennes / Chef de projet "promesse républicaine" (DDCT) / Maître de conférences à Sciences Po / Fondateur & Responsable du pôle "vivre ensemble" du think tank "Le Jour d'Après" (JDA) / Président de l'association La Casa Nostra / Membre du club du XXIème siècle / Député de l'Etat de la diaspora africaine (SOAD)
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La reprise en main du pacte républicain

La revigoration de nos institutions passera par des sacrifices. Mais ces sacrifices doivent venir des politiques et des piliers institutionnels, non de la population qui ne fait que subir des années de politiques publiques désastreuses...

Mehdi Thomas Allal
Attaché principal des administrations parisiennes / Chef de projet "promesse républicaine" (DDCT) / Maître de conférences à Sciences Po / Fondateur & Responsable du pôle "vivre ensemble" du think tank "Le Jour d'Après" (JDA) / Président de l'association La Casa Nostra / Membre du club du XXIème siècle / Député de l'Etat de la diaspora africaine (SOAD)
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Nous vivons, en France, un drôle de sentiment de malaise. Les médias dessinent une réalité peu enviée, tant par les Français que par les républicains convaincus, et nous enferment dans le jeu du duel Macron – Zemmour afin de ne pas avoir d’autres alternatives que de voter Emmanuel Macron. Ce jeu dangereux, qui polarise les débats et empêche d’avoir un débat constructif pour l’avenir de la France semble semer le chaos dans l’échiquier politique, mais également contribue à créer une ambiance morose et peu encline à la cohésion nationale, dans un pays ravagé par la crise sanitaire.

Non, au lieu de penser à des réformes constitutionnelles structurelles, nous en sommes à discuter les prénoms non-républicains, à discuter des musulmanes qui portent un voile et qui ne sont pas assez laïques, à débattre de sujet creux qui ne remettent pas en cause la fatigue chronique de nos hôpitaux ou encore l’« hyper présidentialisation » du régime de la Vème République qui met au pas le Parlement et défie peu à peu tous les ancrages de l’État de droit.

Au lieu de cela, certains médias, dont la responsabilité n’est pas à minimaliser dans la montée du contexte actuel, se remettent à peine en cause, décidant de privilégier la polémique facile à une information de fond, laissant ainsi s’établir une dissolution progressive du métier de journaliste pour laisser place à un métier de propagandiste, fait de réfutation des théories du complot et de place médiatique donnée à celui qui fera le plus de buzz et qui ira toujours plus loin concernant les « polémiques du moment ».

On présente toutes ces polémiques sous des grands termes qui ne veulent plus rien dire : « valeurs républicaines » ou encore « valeurs de la France »… Mais que fait-on concrètement concernant l’inflation qui va faire des ravages dans les mois qui arrivent, et comment va-t-on faire face à la précarité étudiante qui bouillonne ? Les grands principes ne nous serviront à rien. Éric Zemmour ne proposera rien.

Comment ferons-nous lorsqu’une énième vague de l’épidémie va frapper – comme c’est le cas actuellement – et que nous devrons face à plus de mesures liberticides, à un débat déjà trop usé sur les hôpitaux en faillites et un gouvernement qui répétera tous les éléments de langage proposés par des communicants aguerris aux techniques médiatiques ? Que l’on s’appelle Corinne ou Hapsatou, si nous ne nous engageons pas en politique afin de faire changer les choses de fond, nous ne pouvons espérer un changement de la forme.

La réalité est que la première réforme devrait concerner les pouvoirs du Président et rétablir une répartition plus égalitaire de ces derniers avec ceux du Parlement, qui ne serait pas une simple chambre de validation – comme le furent les Parlements – mais une vraie enceinte de débats. Pour ce faire, nous proposons deux réformes qui, si elles sont appliquées, pourront contribuer à améliorer la vie institutionnelle de notre pays.

La première concerne la présence obligatoire des députés et des sénateurs aux débats de l’Assemblée nationale et qu’un registre des absences soit tenu. En présence de plus de 3 absences par trimestre (soit une fois par mois), il conviendrait de sanctionner le Député et pourquoi pas, au portefeuille, puisque nous (les contribuables) les payons et ce n’est pas pour qu’ils désertent les bancs.

Si le Parlement doit faire des efforts, le Président et les ministres n’en sont pas exempts. Concernant le Président, nous proposons qu’il soit éligible qu’une seule fois – à savoir un mandat unique de 5 ans. Cela éviterait les délitements politiques auxquels nous faisons face actuellement et contribuerait à avoir des candidats qui travaillent davantage dans l’intérêt de la France. Ensuite, il conviendrait que le Premier Ministre engage la responsabilité de son gouvernement pour davantage de situations et de manière plus flexible. Envisager l’idée d’engager la responsabilité du gouvernement sur la base d’une initiative populaire n’est pas à exclure.

La revigoration de nos institutions passera par des sacrifices. Mais ces sacrifices doivent venir des politiques et des piliers institutionnels, non de la population qui ne fait que subir des années de politiques publiques désastreuses. Il est temps que le pouvoir politique réponde de ses actes, et pas seulement en organisant ce qu’Adolphe Thiers appelait un « cérémonial chinois », mais en créant les circonstances raisonnables de la mise en cause de son action publique.

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