Mehdi ALLAL (avatar)

Mehdi ALLAL

Attaché principal des administrations parisiennes / Chargé de mission "Promesse républicaine" (DDCT) / Chargé de TD en droit constitutionnel à Paris Nanterre / Fondateur & Responsable du pôle "vivre ensemble" du think tank "Le Jour d'Après" (JDA) / Président de l'association La Casa Nostra / Membre du club du XXIème siècle / Secrétaire-adjoint de l'association des rapporteurs.trices de la CNDA (Arc-en-ciel) / Fondateur du média "De facto" / Député de l'Etat de la diaspora africaine (SOAD)

Abonné·e de Mediapart

261 Billets

1 Éditions

Billet de blog 16 août 2022

Mehdi ALLAL (avatar)

Mehdi ALLAL

Attaché principal des administrations parisiennes / Chargé de mission "Promesse républicaine" (DDCT) / Chargé de TD en droit constitutionnel à Paris Nanterre / Fondateur & Responsable du pôle "vivre ensemble" du think tank "Le Jour d'Après" (JDA) / Président de l'association La Casa Nostra / Membre du club du XXIème siècle / Secrétaire-adjoint de l'association des rapporteurs.trices de la CNDA (Arc-en-ciel) / Fondateur du média "De facto" / Député de l'Etat de la diaspora africaine (SOAD)

Abonné·e de Mediapart

Celui que retiendra l’Histoire ...

Nous sommes gênés par toutes les manœuvres de nombreux responsables et dirigeants de notre pays, qui font de Salman Rushdie un paratonnerre et un otage de la lutte contre le terrorisme. Oui, il est nécessaire de combattre l’islamisme radical, mais nos armes sont les dessins, les mots, les journaux, les idées, les livres, et non les armes, l’interdit, l’étouffement de la liberté d’expression ...

Mehdi ALLAL (avatar)

Mehdi ALLAL

Attaché principal des administrations parisiennes / Chargé de mission "Promesse républicaine" (DDCT) / Chargé de TD en droit constitutionnel à Paris Nanterre / Fondateur & Responsable du pôle "vivre ensemble" du think tank "Le Jour d'Après" (JDA) / Président de l'association La Casa Nostra / Membre du club du XXIème siècle / Secrétaire-adjoint de l'association des rapporteurs.trices de la CNDA (Arc-en-ciel) / Fondateur du média "De facto" / Député de l'Etat de la diaspora africaine (SOAD)

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le terrible attentat qu’a subi Salman Rushdie a provoqué une onde de choc et de protestation dans les milieux intellectuels & politiques occidentaux. L’ignoble fatwa dont a fait l’objet le romancier britannique n’a fait que confirmer une idée que nous développons depuis longtemps : le courant islamiste fait fausse route, de même d’ailleurs que les tentatives de récupération de certains défenseurs des droits de l’homme antimusulmans.

Car celui que retiendra l’Histoire est bien ce réfugié, qui a osé critiquer le Coran et qui a tant œuvré pour un Islam des Lumières dans son pays d’origine, l’Inde.

Salman Rushdie ne bénéficie pas tant d’une grande notoriété parce qu’il s’est élevé contre l’obscurantisme ou aurait en fait usité du droit au blasphème, mais bien parce qu’il est un formidable romancier, un conteur du chaos de ce monde, un auteur à rebours de l’islamisation « rampante » des pays musulmans, un faiseur de mots et d’arguments pour tous les authentiques avocats des libertés publiques et fondamentales.

Les deux sont liés, certes, la force romanesque et l’esprit contestataire, mais cela ne doit jamais nous faire oublier que Salman Rushdie est un être humain bien vivant, de chair et de sang, et non déjà un mythe de la lutte contre l’islamisme radical, comme certains encore le laissent à penser.

Et tous les internautes épris de culture et de tolérance d’afficher la couverture des « Versets sataniques » sur les réseaux sociaux. En effet, cette œuvre puissante constitue une invitation à lire autrement le sens du parcours du prophète, que celui qui projette en occident un autre visage de la religion islamique, mais ailleurs qu’à travers l’attitude et les jugements de certains thuriféraires de la guerre permanente contre le monde arabo-musulman.

Nous sommes gênés par toutes les manœuvres de nombreux responsables et dirigeants de notre pays, qui font de Salman Rushdie un paratonnerre et un otage de la lutte contre le terrorisme. Oui, il est nécessaire de combattre l’islamisme radical, mais nos armes sont les dessins, les mots, les journaux, les idées, les livres, et non les armes, l’interdit, l’étouffement de la liberté d’expression, les zones de non-droit … en bref tout ce que combat précisément Salman Rushdie.

Nous optons plus sereinement pour un (ré)apprentissage de l’ensemble des œuvres, notamment dans les cursus de lettres modernes, de cet artiste rebelle aux théories les plus crasses de l’idéologie islamiste.

Certains vous diront qu’il faut afficher au contraire la force et le caractère belliqueux des démocraties. Nous croyons au contraire que la fin ne justifie pas les moyens et que le droit et la morale sont des œuvres bien plus « sanglantes » dans l’Histoire des idées et de la philosophie politique.

Ceux qui somment les minorités musulmanes de réagir sont la somme d’un nombre incalculable d’aveuglements en droit international de certains néo-conservateurs, inspirés par les théories de Samuel Huntington et de bien d’autres. Des « penseurs » qui n’ont rien compris aux printemps arabes et aux voix qui s’élèvent pour briser les chaînes du népotisme dans les pays arabo-musulmans. Ces voix, comme celle de Salman Rushdie, ont besoin de notre protection. En revanche, elles déplorent que de nombreux pays occidentaux jettent de l’huile sur le feu, ou sur les cendres encore bouillantes des révolutions ...

La lutte contre l’islamisme radical passe donc non seulement par la résistance des musulmans modérés, qui en sont les premières victimes, mais aussi par un aggiornamento de toute cette malheureuse et maladroite culture chagrine de l’anticléricalisme du 20ème siècle. L’intégration des minorités musulmanes constitue encore un immense chantier, qui doit mobilier nos énergies. Il en va de l’honneur de certains pays des droits de l’homme comme la France ou en Amérique du Nord, qui demeure bafoué par les fous d’Allah, pris en tenailles par les tenants d’une certaine conception du principe de laïcité.

Il faut mettre en prison tous ceux qui empoisonnent le « vivre ensemble » par leur fanatisme, mais les juger sur leurs actes délictueux, plutôt que sur leurs prises de position. La place des ennemis de la liberté doit se trouver mis au ban de nos sociétés et éloigné des écoles, des théâtres, de la culture, des lieux de culte, de la presse, des médias … de nos nations, qui ont été les victimes, pendant des décennies, voire des siècles, d’acharnement contre l’État de droit. C’est à ce prix que nous retrouverons une vision dépassionnée et lucide de la religion islamique.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.