Jeudi 16 novembre 2017 : en une ; vente aux enchères record d’un tableau de Leonard de Vinci. C’est un milliardaire anonyme…
La veille pourtant, CNN dévoilait au monde les images insoutenables d’un autre temps. En Libye, des migrants sont vendus aux enchères, rien que ça !
Derrière, une vague d’indignation se propage, elle est mondiale ! Les français afro-descendants s’insurgent, à juste titre. Ce sont les valeurs humanistes universelles que nous portons qui sont ciblées.
Le combat pour le respect des Droits Humains n’est pas et ne sera jamais ringard. Il ne peut se résumer à des slogans, aussi percutants soient-ils, ou à de simples discours aux tribunes des assemblées ici ou là.
Il convient aujourd’hui de dépasser l’indignation (nécessaire et salutaire !) et de prendre le recul nécessaire. Sans CNN, ce phénomène (qui n’est pas nouveau), continuerait de prospérer dans l’indifférence, et les intellectuels qui le dénoncent seraient encore marginalisés, voire moqués pour leur « candeur » ou leur « utopisme ».
Si le premier responsable est le bourreau, le « commissaire-priseur » de ces ventes macabres, il est indispensable de dénoncer aussi tous ceux qui ont créé le terreau fertile pour ces pratiques d’un autre temps.
Il n’y a pas que les ambassades libyennes qui doivent être assiégées demain, il y en a bien d’autres, dans les pays africains dont les régimes favorisent l’instabilité, les déplacements de population, la déshumanisation... sans dédouaner le rôle des grandes puissances.
Nous ne pouvons pas faire l’économie de la compréhension d’une certaine forme de « passivité africaine ». De comprendre cette facilité à renoncer à son droit à dire en échange de vils
intérêts.
Ces esclavagistes libyens n’ont pas de fouet. Pourtant, les jeunes Noirs qui sont vendus illustrent parfaitement la misère et le choix morbide que leur « offre » les politiques de développement : la mort, ou le mirage d’une vie meilleure, qui se transforme finalement en calvaire. Dans leur quête du second choix, ils ne peuvent qu’être à la merci de ces barbares.
Pendant que le monde entier, la France en premier lieu, se focalise sur le terrorisme religieux, les criminels de ce monde, qu’ils soient dans des organisations ou à la tête de certains Etats avec le statut de dirigeants, peuvent agir en toute quiétude ; ces dictateurs peuvent même se pavaner parmi les instances internationales, côtoyant des chefs d’états élus démocratiquement et les saluer de leurs mains couvertes de sang !
Quid du G5 Sahel ? Sa mission est-elle exclusivement dédiée au terrorisme ? Ne peut-il pas, par sa position et sa volonté de politique inclusive, se pencher sur les causes de ces phénomènes, sous peine de voir grandir ces monstres esclavagistes et donc une nouvelle forme de terrorisme.
Alors certains se demanderont si c’était possible avant, du temps de Kadhafi, s’il s’agit d’un phénomène nouveau ? Rappelons que la Mauritanie est aussi touchée par cette ignominie…
Certains s’étonnent des réactions timides des responsables africains. Il faut admettre que leur position est inconfortable tant ils ont, par leurs régimes dictatoriaux, leurs politiques d’asservissement des populations les plus fébriles, contribué fortement à faire prospérer ces atteintes graves aux droits fondamentaux.
L’esclavage des temps modernes puise plus que jamais sa source dans la hiérarchisation des vies humaines. Cette prise de conscience et cette mobilisation générale sont salutaires, mais il est nécessaire qu’elles aillent beaucoup plus loin et dépassent les opportunismes. Cette vente aux enchères doit tous nous interpeller, nous devons tous la condamner afin que la justice pénale internationale soit saisie et réagisse.