Le mardi 3 décembre 2019, l'Assemblée nationale a voté en faveur d'une résolution présentée par le député LREM Sylvain Maillard. Cette résolution visait à adopter la définition de l'antisémitisme préconisée par l'Alliance internationale pour la mémoire de l'Holocauste (IHRA). Selon cette définition, le traitement inégalitaire et inéquitable de l'État d'Israël, avec des attentes et des exigences distinctes de celles imposées à d'autres États démocratiques, serait également répréhensible par l'arsenal législatif antidiscriminatoire.
Cette décision a déclenché des débats animés et nuancés au sein du camp antiraciste. Certains y ont vu une meilleure compréhension des phénomènes haineux, notamment en ligne, tandis que d'autres considéraient cela comme une tentative et la tentation de faire taire les critiques envers l'essence, sur l'existence même, voire les débats sur la sécurité de l'État d'Israël, tant sur la scène internationale que nationale.
Pour clarifier la situation, il est essentiel de rappeler que l'antisémitisme, à l'origine, était le rejet ou le refus de l'apparition d'un peuple avec, notamment à l'Est de l'Europe, avec ses traditions, sa religion, sa culture, son origine et sa langue. Pendant l'entre-deux-guerres et la Seconde Guerre mondiale, ces Juifs ont été assimilés par le gouvernement nazi à une race inférieure, justifiant ainsi leur enfermement, leur déportation, l'extermination et la décomposition physiologique, parfois, dans les pire des cas, à des fins scientifiques, marchandes et commerciales.
Cependant, le concept de race est devenu obsolète, du moins au sein de l'Union européenne et particulièrement en France où les statistiques "ethniques" sont plus ou moins interdites par la loi, malgré certains accommodements. Bien que certaines démographes se soient félicités de l'ajout du critère de la nationalité des parents dans le questionnaire du recensement (INSEE).
La critique des actions du gouvernement d'Israël, plutôt que du pays lui-même, constitue un défi complexe au sein des organisations internationales. Reconnaître l'injustice envers le peuple palestinien tout en évitant de stigmatiser la nation israélienne est un équilibre délicat.
La possibilité d'un gouvernement favorable à la paix et à la solution de deux États en Israël n'apparaît pas comme une possibilité dans un avenir proche, mais dépend encore du jeu démocratique israélien, de la souveraineté des peuples israélien et palestinien, de l'influence des alliés traditionnels, tels que l'Union européenne et les États-Unis, mais aussi les pays africains et hispano-américains, sans jamais oublier les pays limitrophes proche-orientaux, et ceux du Moyen-Orient..
Plutôt que d'assimiler l'antisionisme à de l'antisémitisme, il est préférable de reconnaître la diversité des formes d'antisionisme. Un sionisme dit "de gauche" se contente de remettre en question la politique du gouvernement Netanyahou et prône la résistance civile et pacifique, la libération des otages depuis la tragédie du 7 octobre 2024 ; un sionisme plus radical conteste le caractère exclusif juif et souhaite la création d'un Etat bi-national arabo-israélien.
Tandis que d'autres nient le droit à la survie de l'État juif, ce qui peut être assimilé à de l'antisémitisme. En d'autres termes, critiquer la politique d'un État ne doit pas être confondu avec la haine envers une religion ou un peuple. Cependant, il est indéniable qu'il existe un antisionisme antisémite, principalement chez certains partisans de l'extrême-droite et à l'endroit d'un retour de l'islamisme politique.
Il incombe aux membres du gouvernement israélien de présenter une vision du sionisme qui ne conduise pas à la relégation d'un peuple, mais qui soit imprégnée de bienveillance envers les minorités déplacées, maltraitées et "dépecées"... Une définition acceptable de l'antisionisme, plutôt qu'une redéfinition de l'antisémitisme, est nécessaire pour promouvoir le dialogue et le bien-être des populations juives et musulmanes en Palestine, en Israël, en Europe et en Amérique, au sein de leurs États respectifs.
La diplomatie dans les enceintes internationales doit reprendre définitivement le dessus. La France peut occuper une position tenable et durable, exprimer une voix du compromis et d'un certain consensus, et jouer une partition d'intermédiaire, en commençant par reconnaître l'existence de l'Etat de Palestine, en contribuant à la sécurité de l'Etat d'Israël vis-à-vis des attaques ennemies, conforter ses partenariats avec les pays arabo-musulmans de la région et garantir son soutien aux révolutions, aux évolutions et aux mouvements démocratiques issus de la société civile qui s'y produisent, parfois évanescents, mais toujours intéressants à suivre, à évaluer, à faire survivre et à prendre au sérieux.