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Attaché principal des administrations parisiennes / Chargé de mission "Promesse républicaine" (DDCT) / Chargé de TD en droit constitutionnel à Paris Nanterre / Fondateur & Responsable du pôle "vivre ensemble" du think tank "Le Jour d'Après" (JDA) / Président de l'association La Casa Nostra / Membre du club du XXIème siècle / Secrétaire-adjoint de l'association des rapporteurs.trices de la CNDA (Arc-en-ciel) / Fondateur du média "De facto" / Député de l'Etat de la diaspora africaine (SOAD)

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Billet de blog 29 juin 2015

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Attentat dans l’Isère : il faut faire preuve de précaution

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Vendredi dernier, un attentat a eu lieu en France, dans l’Isère (Saint-Quentin-Fallavier), en plein mois du Ramadan, dans lequel les médias ont vu une implication quasi automatique de Daech, puisque l’individu a arboré un drapeau de l’organisation, avant de s’infiltrer dans les lieux et décapiter une personne, tout en blessant plusieurs autres.

Bien entendu, ont déjà été mis en avant un certain nombre de paramètres, qui viennent comme en écho à l’actualité de ces dernières semaines : par exemple, le fait que les inscriptions sur la tête décapitée étaient en arabe, qui rappelle, bien évidemment, dans l’imaginaire collectif, l’affaire de l’enseignement de cette langue à l’école …

Prendre l’information avec précaution

Il va de soi que dans les premières heures qui ont suivi l’attentat, il fallait prendre les informations avec précaution. Cette personne relevait-t-elle vraiment de l’organisation, qui était-elle et quel était son parcours ? Autant de questions auxquelles les premiers éléments de l’enquête ont apporté un début de réponse : il semblerait en réalité  qu’il s’agissait d’un employé de l’usine où s’est produit le drame, manifestement déséquilibré et voulant régler des comptes avec son patron ... Il faut savoir cependant  que le même homme a envoyé par téléphone une photographie de son forfait à un de ses camarades parti combattre en Syrie …

La loi sur le renseignement n’a même pas vu le jour, que des exactions sont donc commises sur notre territoire national. C’est dire que cette loi va désormais recevoir une approbation unanime, alors même qu’elle ne permet pas de lutter efficacement contre le terrorisme, cet acte barbare, si jamais les chefs d’accusation retenus sont des actes de terrorisme, en étant encore une fois la preuve.

Mais restons un instant sur la problématique Daech : bien plus qu’un phénomène purement français, Daech pose un problème à l’échelle internationale, que nos gouvernants ne savent pas résoudre, puisqu’ils ont armé les rebelles en Syrie. Nos méthodes, qui consistent à alterner entre politique internationale totalement incontrôlable et politique interne stigmatisante à l’égard d’une minorité, en l’occurrence la minorité musulmane, poussent malheureusement les personnes à se radicaliser.

Crise de notre modèle de lutte contre le terrorisme ?

L’ensemble des dispositifs mis en place traduit au final une crise. Cette crise, nous l’avons souligné dans plusieurs de nos billets, est celle d’une jeunesse ayant de moins en moins de repères, de moins en moins de débouchés économiques et qui vit une période charnière entre crise du fait religieux et crise « institutionnelle », puisque peu nombreux sont les personnes en France qui ont encore confiance en leurs dirigeants.

Il faut donc constater que les campagnes de mise en place de community managers et de stop-djihadisme.fr n’ont pas servi à grand-chose, sinon à exacerber les tensions.

Au fond, c’est bien une défaillance de l’Etat à laquelle nous assistons, celle consistant à faire adhérer sa jeunesse au pacte républicain.

Cette défaillance se trouve être à la source d’un extrémisme fondamentaliste, qu’on rattache trop souvent aux jeunes issus de l’immigration, immigration à laquelle on a prêté tous les maux ces derniers temps, alors qu’elle relève bien de problématiques sociales plus profondes, dont les gouvernants ont été incapables de saisir la portée.

Si l’on veut lutter efficacement contre Daech et les déséquilibrés mentaux, il faut se poser plusieurs questions : veut-on favoriser la vie de nos concitoyens et la paix dans le monde, ou bien le chiffre d’affaires des sociétés d’armement, qui vont engraisser militairement ces mouvements violents et dangereux ?

Plutôt que toujours se concentrer sur la constitution d’une coalition armée et envahir des territoires que nous ne connaissons qu’à travers nos fantasmes, pourquoi ne pas remettre en question notre politique internationale dans la région, afin d’y favoriser la paix ?

Surtout, si les enfants, aujourd’hui dans la région du Moyen Orient, vivent dans cette violence, pourquoi s’étonner qu’ils l’exportent et qu’aujourd’hui nos propres enfants la déclinent sur le sol français ? L’heure n’est pas aux grands discours ou aux grands rassemblements unanimes, mais plutôt à une politique nationale et internationale qui soit reconstruite sur ces cendres.

Par Asif Arif, avocat au Barreau de Paris, auteur de « l’Ahmadiyya : un Islam interdit »
et enseignant à l’Ascencia Business School

& Mehdi Thomas Allal, maître de conférences  à Sciences Po Paris
et responsable du pôle anti-discriminations de la fondation Terra Nova

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