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Billet de blog 5 mars 2022

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Les poutiniens d'Italie

Au fil des anees l'amitié entre Vladimir Poutine e Silvio Berlusconi a souvent poussé l'Italien à prendre parti pour son ami russe, assumant souvent le rôle de son avocat vis-à-vis de la communauté internationale. Le même rôle qui sera plus tard assumé par Matteo Salvini

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Le premier homme politique italien à avoir une amitié sincère avec le président russe Vladimir Poutine est l'ancien premier Silvio Berlusconi.
Comme l'ancien premier ministre italien aime à le répéter, le lien entre les deux n'a pas changé avec le temps, malgré les hauts et les bas de leurs carrières respectives. Pour donner la mesure de cette amitié, il suffit de penser qu'en 2018 Berlusconi, au lieu d'assister à une convention nationale organisée à Milan par les dirigeants de Forza Italia, le parti qu'il a fondé en 1994, il a préféré se rendre à Sotchi en Russie pour célébrer le 66e anniversaire de son ami Vladimir.
La première rencontre entre les deux a eu lieu à Sochi, en avril 2002. À cette occasion le chef du gouvernement italien de l'époque s'est rendu en Russie pour proposer à Poutine la création du Conseil OTAN-Russie.
Il s'agissait d'un projet qui, selon ses idéateurs, était destiné à empêcher l'élargissement de l'OTAN vers l'est. Poutine a accepté l'offre, qui a également été soutenue par le président américain de l'époque George Bush.
En mai de cette année-là a eu lieu le sommet de Pratica di Mare, cèlèbrè comme la plus grande moment d' harmonie entre la Russie et l'Occident.
Dès lors les relations entre les deux parties se dégradent de plus en plus au cours des anees.
En 2014, à l'occasion de l'annexion de la Crimée, Berlusconi a critiqué les sanctions imposées à la Russie par la communauté internationale.
Par la suite, M. Berlusconi s'est rendu en personne en Crimée, mettant le gouvernement italien dans l'embarras et suscitant les critiques du gouvernement ukrainien.
L'amitié entre Berlusconi et Poutine a conduit l'Italie à tisser une série d'accords commerciaux avec la Russie dans divers secteurs. A commencer par celui conclu entre Eni et Gazprom, les deux respectifs groupes producteurs d'hydrocarbures. Le fruit de cet accord était la participation de l'Italie au projet South Stream, le gazoduc qui était censé acheminer le gaz naturel russe vers l'Europe sans passer par l'Ukraine. Le gazoduc, qui sera définitivement abandonné en 2014, sera au centre des relations commerciales intenses entre les deux pays pendant nombreux ans.
Berlusconi a toujours déclaré qu'il n'avait jamais eu d'intérêt privé dans cette affaire. En fait, la non-implication de le brasseur d'affaire Bruno Mentasti, très proche de Berlusconi, aurait coûté son poste à Mario Reali, alors directeur d'Eni par la Russie, comme enquetè par l'emission Report.
En 2007, ENI a acheté une série d'actifs de production du groupe pétrolier Yukos, détenu par le bureaucrate russe dissident Mikhaïl Khodorkovsky, qu'il vendra à Gazprom quelques mois plus tard. Plus qu'un accord, cela semblait être une faveur faite par Eni aux Russes. En effet, en 2014, un tribunal d'arbitrage a jugé que la vente était illégale, justifiant l'expropriation par l'ancien propriétaire. 
Le mélange d'affaires d'État et de liens personnels dans l'amitié entre Berlusconi et Poutine est symbolisé par les frequentes voyages de Poutine en Sardaigne, en tant qu'invité dans "l'humble" demeure de Berlusnoni, evalue a 259 millions d'euros et dotè d'un abordage independant pour gros bateaux. 
La première fois c'était en août 2003. Avant son ami russe, Berlusconi en avait déjà invité d'autres chefs d'État, tels que Blair, Aznar et Raffarin. 
À cette occasion avait été mis en place un vaste système de sècuritè, comprenant une interdiction de navigation dans les zones adjacentes à Porto Rotondo, le contrôle en mer étant assuré par deux navires de guerre russes : le destroyer Smitlivy et le croiseur Moskva.
En avril 2008 Berlusconi a rendu l'hospitalité à son ami Vladimir, qui l'avait reçu six mois plus tôt dans sa datcha dans les environs de Saint-Pétersbourg, en l'invitant à nouveau à Villa Certosa.
Ce voyage était une façon pour le russe de féliciter son ami italien, alors victorieux aux élections politiques. Au fil des ans l'amitié entre les deux hommes politiques a souvent poussé l'Italien à prendre parti pour son ami russe, assumant souvent le rôle de son avocat vis-à-vis de la communauté internationale.
C'était en partie le revers de la médaille des accords commerciaux avec Gazprom, qui fournissait déjà à l'époque 30 % des besoins en gaz de l'Italie.
Le conseiller diplomatique de l'epoque pour Berlusconi était Valentino Valentini, un expert des questions relatives à la Fédération de Russie. 

Poutine et la Ligue de Salvini
En décembre 2013 Matteo Salvini a été élu secrétaire de la Lega, succédant à l'ancien ministre de l'Intérieur Roberto Maroni.
Ce changement a transformé la Lega d'un parti autonomiste, libéral et fédéraliste, en un parti souverainiste. À tel point qu'il a été admise au sein d'un groupe d'organisations politiques européennes souverainistes appelé Defend Europe, qui promeut les valeurs familiales traditionnelles dans leurs pays respectifs, en stigmatisant les cultures et les coutumes jugées défavorables (LGBT, migrants et organisations progressistes) par le World Congress Families, organisation fondée en 1997 aux États-Unis et répertoriée parmi les groupes de haine contre les organisations LGBT. La WCF est parrainée par deux oligarques russes proches du Kremlin, Konstantin Malofeyev et Vladimir Yakunin.
Considéré comme très proche de Vladimir Poutine, M. Malofeev a commencé à investir une part croissante de sa fortune dans des associations politiques ultra-chrétiennes et pro-famille, telles que la Fondation caritative Saint-Basile le Grand, l'Association de l'aigle à deux têtes, la chaîne de télévision Tsargard, l'Institut de formation Saint-Basile le Grand et l'Association Safe Internet League.
Malofeev a été accusé dans le passé d'avoir financé le Front National, aujourd'hui Rassemblement National. L'hebdomadaire L'Espresso l'a indiqué comme le véritable directeur de l'opération de financement du Metropol, dont nous parlerons plus tard. 
Comme il l'ecrit le journaliste Claudio Gatti, Salvini est le seul homme politique européen à avoir signé le 6 mars 2017 un accord de collaboration entre la Ligue et le parti de Poutine, Russie Unie. Cet accord est signé à un moment particulier pour la Russie et pour Poutine, c'est-à-dire immédiatement après l'annexion de la Crimée en 2014, une opération qui a coûté à la Russie la désapprobation internationale et l'isolement avec les sanctions qui en découlent de la part de la communauté des Etats. La Lega est le seul parti politique italien à avoir reconnu la validité de ce référendum. Mais pas seulement. Salvini a également été le premier homme politique européen à se rendre à Moscou le 10 octobre 2014, immédiatement après l'annexion de la Crimée. Le Kremlin a beaucoup apprécié cette visite, au point d'accueillir le dirigeant de la Ligue à la Douma, une invitation reprise par la télévision d'État russe, qui l'a diffusée sur des réseaux unifiés dans tout le pays. Salvini aussi, donc, a joué et continue de jouer le rôle de défenseur de la Russie vis-à-vis de la communauté internationale, dans tous les domaines : de l'élargissement de l'OTAN au rôle selon lui négatif de l'Union européenne. Comme le montre l'hebdomadaire L'Espresso, l'opération qui devait se conclure à l'hôtel Metropol de Moscou en octobre 2018, entre certains émissaires de la Ligue et des responsables du géant pétrolier russe Rosneft Oil Company, visait à obtenir des fonds pour financer le parti italien, qui faisait alors l'objet d'un enquete judiciaire avec saisie pour avoir perçu 49 millions d'euros de fonds publics non dus. L'accord portait sur la vente d'une grande quantité de carburant diesel à la Ligue à un prix inférieur de 4 % au prix du marché. La Ligue aurait tiré profit de la vente ultérieure de ce diesel à Eni, par le biais du différentiel du prix de vente. La différence aurait dû s'élever à 65 millions d'euros, une somme qui devait financer le parti italien en vue des élections européennes de 2019. Claudio D'Amico, qui a été deputè de la Ligue de 2008 à 2013, et Gianluca Savoini, président de l'association Lombardie-Russie, ont participé à cette réunion. Le président honoraire de l'association en question serait l'homme d'affaires russe Alexey Komov, qui est considéré comme très proche de l'un des fondateurs de la WCF, Konstantin Malofeev.

D 'Amico et Savoini auraient tous deux été partenaires d'Orion LLC, une société de conseil basée à Moscou, dont l'existence a été révélée par l'organisation de défense des droits de l'homme Global Witness. Ce dernier avait souligné que cette participation aurait constitué un conflit d'intérêt évident pour les deux responsables de la Ligue, conflit qui aurait provoqué la désapprobation du premier gouvernement de Giuseppe Conte, avec pour conséquence le retrait du soutien politique par la Ligue. (cm)

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