Le 12 décembre 2004, le corps du chirurgien urologue Attilio Manca a été retrouvé à son domicile. Employé depuis environ deux ans à l'hôpital de Viterbo, selon l'autopsie le jeune médecin de 35 ans a ete' tue par une overdose d'héroïne.
Pour la police la mort du médecin était due à sa dépendance à la came, et donc l'enquête sans suite a été classée comme un suicide.
Mais la famille du medecin ne partage pas les conclusions du parquet de Viterbo, ed decide de charger l'avocat Fabio Repici de mener une enquete independante.
Interviewé par Radio 24, le 17 juin 2009 Repici a déclaré que l'enquête menée par les magistrats de Viterbo était insuffisante, et qu'il resterait des zones grises dans lesquelles aucune lumière ne serait faite.
Les parents de la victime sutiennent que leur fils ne se droguait pas et, en particulier, ils ne s'expliquent pas la position de son corps lorsqu'il a été retrouvé avec le visage plaqué contre le matelas, et le nez cassé avec une grosse perte de sang.
Enfin, il n'est pas tenu compte du rôle joué par le cousin d'Attilio, Ugo Manca, condamné pour des crimes liés à la mafia.
En mai 2016 le journal en ligne "L'Informazione" publie un article intitule' "Manca? Tue-le a Barcellona (Pozzo di Gotto)".
Dans l'article, le journaliste relate de l'existence d'un collaborateur du parquet de Messine, l'ancien membre de la mafia Giuseppe Campo, qui a demandé à plusieurs reprises d'être entendu par les magistrats, sans succes, sur des éléments importants par rapport a la meurtre du jeune médecin.
Il a ete' Campo a lui-même, en September 2016, a contacter les avocats de la famille Manca, en particulier le bureau de l'ancien magistrat anti-mafia Antonio Ingroia, pour demander d' être entendu.
Le 8 novembre suivante M.Ingroia s'est rendu a la prison ou Campo etait detenu, pour recueillir ses declarations.
Campo raconte qu'il a été contacté par la mafia de Barcellona Pozzo di Gotto, en particulier par Umberto Beneduce, pour organiser le meurtre d'un "médecin". En fait, Manca était censé passer ce Noël la avec sa famille, à Barcelone. Cependant Campo ne connaît pas le nom de la victime. Plus tard Campo reçoit un "contre-ordre", en raison d'un changement du plan selon lequelle d'autres tueurs s'occuperaient du "medicin".
Apres quelques mois Campo apprend de la television qu'un médecin de Barcellona Pozzo di Gotto avait ete' retrouvé mort a Viterbo, et il relie' le "docteur" a Attilio Manca.
L'importance des declarations de Campo est essentiellement liee au contexte dans lequel s'inscrit l'affaire Manca.
Qui et celui de la maladie du parrin des parrins Bernardo Provenzano, le meme qui avait pris la place de Salvatore Riina apres son arrestation. Provenzano a dû être opéré d'un cancer a la prostate dans une clinique privée de Marseille.
Mais surtout Campo reconstitue le rôle du cousin Ugo, dont les empreintes digitales ont été retrouvées dans l'appartement de la victime.
Selon des ecoutes téléphoniques sur le portable du mafioso Franco Pistoia, Provenzano s'était en effet rendu à Marseille en 2003, pour se faire opérer a la prostate dans une clinique privée.
Selon les enquêteurs la clinique en question était la clinique Ciotat, et dans celle-ci le parrain des parrins serait opéré par des médecins français.
Le 28 janvier 2005, le corps de Pistoia a été retrouvé pendu dans la cellule où il passait une période de détention.
Pour les avocats de la famille de la victime, le jeune medecin aurait été contacté par le cercle mafieux qui gardait Provenzano, par l'intermédiaire de son cousin et de la mafia de Barcellona. Ils auraient lui demandé de participer à l'opération au parrin, mais lorsqu'il a refusé ils l'ont tué et ont ensuite mis en scène la farce de l'overdose.
Cette affaire dans laquelle la vérité a pris forme au fil des ans, grâce au travail minutieux des avocats de la famille Manca avec la collaboration de certains journalistes, revient aujourd'hui aux honneurs de l'actualité.
Elle est retourne' à la surface avec la publication récente des interceptions d'ambience réalisées en 2003, dans lequelles certains membres du cercle restreint qui protégeait la cavale du parrin des parrins Provenzano discutent.
Dans les conversations révélées par les journalistes Tobias Follet et Antonella Beccaria, six ou sept mafiosi répètent à plusieurs reprises la nécessité de "donner une douche froide" à un médecin, sans jamais prononcer son nom. Pour les avocats de la famille de la victime, il s'agirait de la décision d'éliminer le jeune médecin.
Selon les déclarations d'un collaborateur de justice, l'ancien mafioso Carmelo D'Amico reconnues fiables par la Cour d'appel de Reggio Calabria, le meurtre de Manca a été perpétré par quelques mafiosi, avec la collaboration des hommes de l'État.
D'Amico mentionne notamment un général des Carabinieri, dont le nom figure parmi les membres d'honneur du club Corda Fratres, déjà affilié à la P2. Les avocats de la famille Manca vont déposer les nouvelles conclusions de leur enquête auprès du parquet de Rome.
Les mystères de la mort d'Attilio Manca sont liés à ceux qui ont entrelacé la longue cavale du parrin des parrins Bernardo Provenzano. Qui fu protégé par des mafiosi, mais pas seulement par eux. (cm)