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Billet de blog 17 octobre 2023

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Illustration 1

Selon le quotidien Repubblica, le parquet antiterrorisme de Rome et son homologue parisien collaborent à l’enquête relative à l’attentat contre la synagogue de Rome du 10 octobre 1982, au cours duquel le jeune Stefano Tachè a perdu sa vie. Compte tenu du temps qui s’est écoulé depuis ces événements tragiques, les magistrats italiens ne croient pas qu’ils parviendront à poursuivre tous les membres du groupe qu’ils ont conçu et pris part à cette attaque terroriste. En revanche ils estiment pouvoir remonter jusqu’aux commanditaires. En décembre 2020 Abu Zayed, un Palestinien de 64 ans, a été arrêté à Paris. Selon les enquêteurs il faisait partie du groupe qui a attaqué le restaurant juif Joe Goldenberg  a rue de Rosiers, le 9 août 1982, tuant 6 personnes et en blessant 21. A travers les déclarations d’un collaborateur, derrière l’attaque de la rue de Rosiers et l’assaut a la synagogue de Rome, il y aurait eu une même mise en scene. 
Les enquêteurs en seraient également convaincus par un document rédigé à l’époque par les services secrets italiens, dans lequel il est fait référence au fait que les armes utilisées dans les deux cas seraient les mêmes. Il s’agirait notamment d’une mitrailleuse WZ63 Makarov fabriquée en Pologne, et d’une grenade du modèle F1 fabriquée en Union soviétique. 
Sur le plan judiciaire le seul a etre condamnè pour l'attentat a la synagogue de Rome,  auquel ont participé cinq personnes, a ètè Osama Abdel al Zomar. Arrêté en Grèce, il n’a pas purgé un seul jour de prison, grâce à une fuite rocambolesque et à l’asile obtenu en Libye, où il aurait reussi a faire perdre ses traces.  

La centrale terroriste
C’est un lundi d’août, peu après 13 heures, lorsque dans le restaurant Joe Goldenberg, en rue de Rosiers dans le quartier juif de Paris, un homme s’assoit à une table en face d’un bar. Après quelques secondes, il fait exploser un pétard. C’est le signal pour ses complices.
Le premier entre en jetant à l’intérieur du local une grenade de fabrication soviétique. 
Le second, juste après l’explosion de l’engin, part de son mitrailleur à canon court WZ-63 calibre 9X18, plusieurs rafales. Le tueur tire sur les clients, mais il s’acharne particulièrement sur le personnel du restaurant, qu’il poursuit jusqu’à l’intérieur des cuisines.
Quelques secondes et l’action est déjà terminée. Les deux terroristes s’enfuient sur la route de Rosiers, où un complice attend dans une voiture blanche avec le moteur en marche, prêt à partir.
Les secours ne pourront que constater que pour six des clients, quatre américains et deux français, il n’y aura plus rien à faire. Pour une dizaine de blessés, dont certains graves, la procédure d’urgence est activée.
Parmi les blessés, quatre Italiens en vacances depuis Rome.
Des témoins auraient vu les deux assaillants s’enfuir du lieu de l’attentat, les décrivant comme des individus de taille moyenne, aux traits méditerranéens.
Parmi les diverses revendications parvenues au téléphone de certaines rédactions de quotidiens et de la police, il y aurait aussi celle d’Action Directe, un groupe terroriste français d'extreme gauche. 
Mais les enquêteurs ne la croient pas fiable, et ils pointent davantage sur les milieux antisémites. En particulier à l’attention des enquèteurs il y aurait l’organisation Fatah - Conseil rèvolutionnaire, une minorité extrémiste qui se serait détachée du Fatah en critiquant la stratégie du dialogue avec les Israéliens, et que, en plus des sionistes et de leurs alliés, voit dans l’OLP un ennemi potentiel. 
Le groupe extrémiste serait dirigé par Abu Nidal, un Palestinien né à Jaffa dont le vrai nom serait Sabra Khalil Al Benna, et son bras droit Mohamed Samir Khadar.
Abandonnant la lutte en faveur de l’OLP et de la reconnaissance de l’État Palestinien, les deux auraient épousé la cause du terrorisme international, se mettant au service de différents pays et de leurs leaders peu democratiques.
Irak, Syrie, Libye, le choix des gouvernements à chaque fois à servir répond à une logique d’opportunité mais aussi de nécessité, étant donné qu’en plus d’avoir une condamnation à mort prononcée par le leader de l’OLP Arafat, Abu Nidal et Samir Khadar seraient recherchés par les services israéliens et égyptiens. 
Sur le fond on entrevoit la guerre au Liban, qui voit les musulmans d’un côté avec les Fedayyin chiites former l’aile la plus extrémiste, et de l’autre les catholiques réunis avec les maronites, à constituer la faction la plus à droite et réactionnaire parmi les forces politiques du pays.
A 36 heures de l’attentat de rue de Rosiers, on enregistre à Paris deux autres attaques antisémites : une bombe à un entrepôt d’importation de fruits en provenance d’Israël, la Citrus GMBI, et avant 17 heures et 30, face au consulat iraken de la rue de la Faisanderie, l’explosion de la voiture d’un employé du consulat, dont les flammes avaient provoqué un grand incendie impliquant également d’autres voitures.
Dans la soirée, un appel téléphonique à la télévision française avait revendique l’attentat au consulat au nom d’un prétendu Mouvement Irakien d’Action Islamique.
En revanche l’attaque contre le Citrus GMBI n’avait été revendiquée par personne.
Le Quotidien de Paris rapporte que le propriétaire du restaurant Joe Goldenberg avait subi avant l’attentat une série de menaces et d’avertissements, tant par téléphone que par lettre. Les avertissements disaient que le restaurateur allait bientôt subir un attentat. La lettre de menace avait été remise à la police, qui avait toutefois décidé de ne donner aucune suite. A posteriori la police démentira avoir reçu cette lettre avant l’attentat.
Deux jours après l’attaque de la rue de Rosiers, le ministre de l’Intérieur Defferre met en cause l’organisation d’Abu Nidal, en pointant du doigt les armes utilisées et les modalités d’exécution de l’action terroriste.
Scotland Yard aurait confirmé que l’arme utilisée par les terroristes au restaurant Joe Goldenberg serait la même que celle qui avait blessé l’ambassadeur d’Israël à Londres, le 3 juin précédent. Toujours selon la police britannique, la même mitraillette ou une arme similaire avait également été utilisée lors de l’attaque de la synagogue de Vienne, le 29 août 1981.
Quelques mois après l’attaque de la rue de Rosiers, le 10 octobre, un groupe de terroristes attaque la synagogue de Rome. Les modalités sont analogues à celles du restaurant juif parisien : d’abord le lancement de la grenade par l’un des deux terroristes, puis les rafales de mitraillettes par son complice.
Sous les coups de mitraillette de fabrication polonaise VZ-S3, allongé sur le trottoir reste le corps sans vie du jeune Stefano Tachè.
Blessé aussi le frère de la victime, Gadiel Tachè. Les deux freres s’étaient rendus avec leurs parents pour assister à l’office.


Rome - Beyrouth
De 1981 à 1986 l’organisation d’Abu Nidal a perpètrè en Italie treize attentats. Tous à Rome.
Dans une interview publiée par l’hebdomadaire L’Espresso le 21 mai 1978, et accordée depuis sa cachette irakienne, Abu Nidal raconte avoir longtemps vécu à Rome.
Si le "lodo Moro", l’accord conclu entre la diplomatie italienne et la diplomatie palestinienne qui avait pour objet de ne pas empêcher le déroulement des activités logistiques d’approvisionnement à la Palestine organisées sur le territoire italien, il entendait prévenir toute activité terroriste en Italie contre Israël et ses alliés de la part des organisations palestiniennes, l’enlèvement et l’assassinat du président de la DC Aldo Moro par les Brigades Rouges (16/03-9/05/1978) délivrait de toute contrainte le contrepartie moyen-oriental. 
D’après les renseignements, Samir Khadar s’est installé à Rome depuis août 1983. Accompagné d’un autre Palestinien, lui aussi connaisseur de la capitale italien, Khadar a un passeport avec un visa régulier de l’ambassade italienne au nom de Michel Nabil Rouphel, de nationalité libanaise.
Le but de sa mission est de constituer une base logistique, une sorte de centrale du terrorisme capable de fournir assistance à tous ces groupes prêts à mener des actions terroristes, en Italie et ailleurs.
Le siège principal se trouvait dans un appartement de la via Veneto, caché derrière la façade d’une entreprise d’import/export.
L’activité de la société se déroulait principalement à l’étranger, où elle achetait ou feignait d’acheter des produits d’usage courant, mais qui s’occupait en réalité d’approvisionner en armes la faction séparatiste du Fatah et d’autres groupes alliés. 
Parmi les actions les plus éclatantes menèes par les groupes assistés par la centrale mise en place par Khadar figure l’attaque contre l’ambassadeur jordanien en Italie et son chauffeur, le 26 octobre 1983; l’attentat contre le vice-consul des Émirats Arabes Unis et son épouse, toujours à Rome le 25 octobre 1984; l’engin explosé au Cafè de Paris, via Veneto, le 17 septembre 1985; l’attaque en simultanée des aéroports de Rome et de Vienne, le 27 décembre 1985.
En observant les traces de sang laissée au fil des ans par des organisations terroristes arabes, les enqueteurs commencent à imaginer l’existence d’une centrale de soutien basée dans la capitale. Pendant ce temps Khadar, le bras droit d’Abu Nidal, comprend que le sol sous ses pieds commence à brûler et qu’il est temps de quitter l’Italie.
Avec l’aide de sa compagne, une Finlandaise connue à Rome, il décide de s’installer en Suède à partir de 1986.
Mais l’activité terroriste ne cesse pas complètement, et même en Suède le bras droit d’Abu Nidal decide de creer sa propre société d’import/export de façade, qui cache en réalité une activité de commerce d’armes.
Le détournement d’un Boeing 747 de Pan Am au Pakistan en septembre 1986, porte pour la première fois sous les projecteurs de l’antiterrorisme international la centrale romaine d’Abu Nidal et de Khadar.
Les enquêtes montrent en effet que certains des pirates de l’air seraient arrivés à Karachi via Rome. De plus, certains des voyageurs du vol détourné raconteront ensuite aux enquêteurs qu’au moins un des terroristes parlait en italien avec des passagers provenant du Belpaese. Khadar, qui avait participé à l’organisation du détournement, ressent le souffle des polices internationales et décide de se réfugier en Amérique du Sud, probablement en Bolivie. Après une brève période ou il a ete introuvable Khadar est a nouveau aperçu en Syrie, puis en Libye et au Soudan.
En 1988, le duo Abu Nidal-Khadar décide de mener une action en Grèce, pays qui abrite dans ses prisons leur compatriote Osama Abdel al-Zomar, qui comme nous l’avons vu a pris part entre autres à l’attaque de la synagogue de Rome. L’objectif est le ferry "City of Poros" au départ du port du Pirée. Peu avant l’assaut, le 11 juillet à 14h30, un gros 4x4 Nissan explose près du port, dans une zone appelée Trocadéro.
Peu de temps après l’explosion du SUV, a bord di ferry se produit l’apocalypse.
Selon des témoins, au moins deux personnes commencent à tirer sur les passagers. 
Mais d’abord l’un entre eux lance une grenade d’origine russe. Une tactique qui est aussi une signature.  A la fin de la fusillade neuf personnes seront tuées et cent blessè.
Les deux assaillants parviennent à faire disparaître leurs traces, grâce à l’agitation qui se crée pendant l’assaut.
Des témoins jurent avoir vu un tender et un bateau longer le ferry juste après la fin des tirs.
Outre Abdul Amoud et Adman Sojod, Khadar aurait egalemenè participe à l’action. Mais on perd complètement leurs traces.
Un loueur de voitures grec, Speed Rent Car, dénonce le 13 juillet la disparition d’une Opel Ascona. Le client, un homme avec un passeport libyen, Hejab Jaballah, ressemble terriblement à Khadar. La voiture est retrouvée près du port. Des vêtements et un autre document sont retrouvés dans le coffre de la voiture. La police chypriote rapporte que les empreintes digitales dans l’Opel appartiennent à Khadar, arrêté dix ans plus tôt pour le meurtre d’un journaliste égyptien, Yusuf al-Sibai.
Mais les documents retrouvés dans le suv Nissan brulè correspondent aux photos de Khadar, et le corps carbonisè retrouvè à l’intérieur devrait aussi appartenir à lui. Toujours disparu il semble être l’un des deux tueurs, Sojod. Selon une reconstrution faite par des médias danois et américains, le Mossad gardait le commandos sous strict surveillance, et après avoir fait sauter le 4x4 lors de l’attaque du ferry, il envoyait un commandos pour éliminer les deux tueurs à bord. Après le travail, les hommes des services israéliens se sont enfuis sur un bateau qui s’est approché de la City of Poros pendant le voyage.
À Rome, les enquêteurs qui travail sur la branche italienne de l’organisation, grace aux declarations d' un survivant a l’assaut de l’aéroport de Fiumicino, trouvent un dépôt d’armes caché dans le parc de Villa Glori. Quelques jours avant l’attaque, vers la fin de décembre 1985, les terroristes auraient reçu les armes pour mener à bien l’action. 
Une partie de celles-ci, celles non utilisées, aurait été cachée à l’intérieur du parc de la villa romaine. Même à Paris , caché dans un cimetière, on retrouvera dans un tube de dentifrice le détonateur nécessaire à la fabrication d’un engin explosif.   
Mais l’affaire de Khadar ne semble pas encore se refermer, malgré les évidences, ou peut-être serait-il plus correct de l’appeler les apparences.
N’ayant pas trouvé son corps, ils commencent à circuler des rumeurs sur sa fuite en Amérique du Sud, on parle de la Bolivie et du Chili, même s’il n’y a pas d’éléments concrets pour le confirmer.
Pendant ce temps, l’épouse finlandaise de Khadar aurait rencontré en Sicile des émissaires d’Abou Nidal, qui lui auraient remis une importante somme d’argent à titre de compensation pour la disparition prématurée de son mari.
Selon de nouveaux témoignages, Khadar a ètè sauvè de la bombe qui a explosé sur le Nissan, mais il n’aurait pas pu échapper aux tueurs à gages envoyés par Abu Nidal.
Vers la fin de 1992, les autorités françaises auraient contacté le régime libyen de Kadhafi pour demander l’arrestation et l’extradition de Khadar. 
Les enquêteurs transalpins auraient en main des éléments concrets qui prouveraient sa présence en Libye. Ces éléments seraient confirmés par les services américains et suédois. L’Italie aurait également demandé l’extradition de l’un des membres du commando qui aurait pris part à l’action à la synagogue de Rome, al-Zomar. Ce dernier, arrêté en Grèce, aurait été expulsé vers la Libye en 1989.
En mars 2012, le tribunal de Paris aurait condamné par contumace Mohamed Samir Khadar, Abdul Amoud et Adman Sojod à 30 ans de prison, pour le massacre du ferry City of Poros.
Quant à Abu Nidal, après avoir été expulsé de la Libye en 1999, il se serait réfugié en Irak où il aurait été tué par la police de Saddam Hussein, le 19 août 2002. (cm)

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