
Les Républicains ont pour héritage François Fillon, candidat de la la Manif pour Tous, Christian Vanneste1, Christine Boutin2, l'opposition au PaCS dans des manifestations, Pierre Lellouche qui appela à « stériliser » les homosexuel-le. Avec la sortie homophobe d'un cadre des Jeunes Républicains, Édouard Varin, ce samedi 4 février 2023, la « droite républicaine » assure aujourd'hui la relève pour garantir qu'un discours et des pratiques conduisant à la mort de jeunes LGBTQI soient encore tolérées, notamment à l'école.
Ce vendredi 3 février, le ministre de l'Éducation rappelle ou annonce des mesures de lutte contre le harcèlement LGBTQIphobe. Ces annonces sont insuffisantes, tout comme les politiques menées depuis vingt ans. Mais ce n'est pas cela qu'Édouard Varin va dénoncer dans un tweet le lendemain. Il écrit en effet : « Pendant ce temps-là, nous sommes les derniers en maths et beaucoup sont incapables de parler/écrire un français correct. »

Si le niveau des élèves intéressait réellement Édouard Varin, il engagerait une auto-critique de sa propre famille. C'est elle qui, sous Jacques Chirac puis Nicolas Sarkozy, a lancé des politiques d'austérité contre l'Éducation nationale, réduisant les heures d'enseignement en français et en maths en collège, supprimant des dispositifs de compensations des inégalités scolaires comme les RASED, aggravant les conditions de travail des enfants, dès leur plus jeune âge.
Mais son tweet ne vise évidemment pas la qualité de l'enseignement ni le niveau scolaire. Car il n'y a aucun rapport entre la baisse proclamée de ce niveau et des mesures visant à empêcher le harcèlement et le suicide d'enfants. Ce que vise Édouard Varin, c'est donc bien la mise en place ou le renforcement de ces mesures. Ce cadre des Jeunes Républicains refuse que l'on sauve les vies de jeunes LGBTQI, des vies d'homos, de bi, de trans, lui semblent si inférieures qu'il est prêt à mentir sur les causes de l'échec scolaire pour empêcher que l'école ne prévienne leur harcèlement.
La droite républicaine n'a jamais sanctionné les pires propos de Chrisitian Vanneste ou Christine Boutin. Mais en exigeant sans cesse des sanctions de leur mouvement, Act Up-Paris, dans les années 2000, a contribué à dégager l'homophobie de la normalité des débats : ce sont aux homophobes de se justifier. Ce petit progrès, très fragile, est remis en cause, tout simplement parce que la société civile ne réclame plus aucun compte. Un cadre du mouvement jeunesse d'un parti national peut, à mots couverts, dire que des mesures visant à sauver des vies de jeunes LGBTQI sont dangereuses pour l'éducation en général, on s'en indignera sur Twitter, mais personne n'essaiera de faire en sorte que cet individu ait des comptes à rendre, que l'expression publique de son homophobie et de sa hiérarchisation des vies ne lui coûte rien politiquement. Comment espérer une quelconque avancée dans ces conditions ? Comment s'étonner qu'entre les manifs anti-Pacs où on hurlait « les pédés au bûcher » et ce tweet d'un jeune républicain, la droite puisse toujours et encore affirmer sa détestation de nos vies, dès nos plus jeunes âges.
Édouard Vain est conseiller municipal. Cela veut dire qu'il participe à des débats et des décisions touchant l'école primaire. Veut-on qu'un tel individu, qui n'a aucun scrupule à afficher son mépris pour les vies de certains enfants, exerce une quelconque influence sur l'organisation scolaire de sa ville ? Il est cadre national des Républicains. Veut-on que dans quelques années, il se présente à des mandats nationaux sans jamais à avoir à rendre compte de sa responsabilité dans l'homophobie et la transphobie de notre société ?
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1Alors responsable de l'UMP, Nicolas Sarkozy a refusé de sanctionner ce député affilié à son groupe qui avait affirmé que l'homosexualité était inférieure à l'hétérosexualité.
2Malgré son opposition au Pacs et les croisades qu'elle a portées, qui ont encouragé un déferlement d'injures homophobes dans l'espace public, Christine Boutin a été choisie comme ministre du logement par Nicolas Sarkozy.