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J'ai rappelé les hypocrisies de Gilles Clavreul dans un billet précédent. Un article en défense du Tartuffe de la République est publié par Marianne et signé Monique Plaza.
Le texte de Monique Plaza défendant Gilles Clavreul est psychophobe. En désignant comme « schizophrénie » mon double engagement contre l'islamophobie et l'homophobie, elle fait d'un trouble mental, d'une folie, un repoussoir et insulte les personnes qui vivent avec et réclament respect et dignité.
Le texte de Monique Plaza relativise l'homophobie. Il nous explique par la dérision que François Hollande ou son gouvernement ont eu bien raison de ne pas répondre à l'homophobie publiquement exprimée par André Vingt-Trois. L'homophobie et la transphobie tuent (surtaux de suicide, meurtres, prévention du VIH empêchée, accès aux soins entravé), blessent (agressions), excluent. Ne pas réagir quand elle est affichée publiquement dans un discours officiel revient à minorer ces faits, et à estimer que les victimes ne méritent pas la protection de la République universaliste.
Oui, le texte de Monique Plaza relativise l'homophobie. Selon elle, si Hollande a eu raison de ne pas condamner l'homophobie du prêche, c'est parce qu'elle a été prononcée dans un hommage à une victime de terrorisme et que l'occasion ne s'y prêtait pas. Un peu d'un mois auparavant, un terroriste tuait à Orlando 49 personnes et en blessait 53. L'agresseur était convaincu d'avoir affaire à des « déviants ». Mais certaines victimes de terrorisme ont plus de grâce aux yeux des « universalistes républicains » dont Monique Plaza se fait la porte-parole.
Le texte de Monique Plaza est une caution au terrorisme. En indiquant que le gouvernement, ou celui dont c'était la fonction, Gilles Clavreul, n'avait pas à dénoncer l'homophobie du fait des attentats, elle donne aux terroriste ce qu'ils veulent. Le terrorisme vise notamment à provoquer un effet de sidération pour que soient oubliées des valeurs fondamentales comme l'égalité et la lutte contre les discriminations – celles dont on voit bien, quand elles concernent les personnes LGBT, qu'elles sont peu universelles pour la République et Monique Plaza. D'ailleurs, François Hollande au secours duquel elle vole avait dû réécrire son message trois fois pour en caractériser correctement l'homophobie.
Le texte de Monique Plaza est islamophobe. En défendant l'homophobie de Valls ou Hollande et en la dénonçant seulement chez « les islamistes » (terme bien évidemment jamais défini, qui permet donc d'englober tous les musulmans tout en s'en défendant), en l'inventant dans une association de lutte pour les droits humains comme le CCIF, ce texte fait d'une population donnée le responsable d'un phénomène qui concerne, comme Monique Plaza le prouve elle-même, toute la société. Elle cautionne ainsi les politiques d'inégalités des droits pour les lesbiennes et les trans en stigmatisant les musulman-es. Le texte est islamophobe et homophobe, et on ne peut disjoindre les deux.
Le texte de Monique Plaza est complotiste. Il réactive l'idée d'un lobby sournois des enseignants embrigadant les enfants dans une conspiration contre la République.
Le texte de Monique Plaza est l'illustration d'une panique morale et intellectuelle d'un groupe qui continue de se dire « universaliste », alors qu'il ne cesse d'exclure, de diviser et de discriminer.
PS ajouté à 18 h 50 : sur Facebook, Monique Plaza publie après plusieurs échanges le message suivant : "pour la énième et dernière fois fois je ne cautionne pas les propos homophobes d’André 23 que j’abhorre [c'est pourtant très clairement ce qu'elle fait dans son texte en traitant par la dérision une réaction de Hollande pendant le prêche, comme si c'était le seul moment où un tel acte était faisable]. Je dis que reprocher à Hollande de ne pas avoir grondé le prélat le jour des funérailles du pauvre Père Hamel était too much. Question de circonstances. "
Elle réduit donc le geste nécessaire et manquant de condamner l'homophobie du prêtre au verbe "gronder" qui aurait été "too much" (dans son article, elle parlait de "gourmander"). Le vocabulaire témoigne du peu de sérieux qu'elle accorde à cet acte, réduit à un houspillage d'enfant et non à la défense de la dignité et des droits.. Elle confirme ainsi comme elle relativise ce qui s'est passé.
Elle justifie son jugement par les "circonstances", et on peut penser qu'il s'agit de l'émotion liée au père Hamel. Il ne lui vient pas à l'idée que cette émotion est précisément une circonstance qui aurait dû amener André Vingt-Trois à museler son homophobie, surtout un mois après la fusillade d'Orlando. Il ne lui vient pas à l'idée que c'est une raison supplémentaire qui aurait dû conduire Hollande, ou Valls, ou Clavreul, à condamner publiquement cette partie de son homélie. Pour faire de cette circonstance aggravante une justification, il faut vraiment avoir intégré que la dignité des homos doit passer à l'arrière-plan. C'est de l'homophobie.