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Billet de blog 11 juin 2025

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Beit Haverim : sexisme, mensonges et soutien aux homophobes

Les gays réactionnaires contre les fiertés LGBTQI (1)

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le 9 juin 2025, sur Twitter / X, le président de l’association gay juive Beit Haverim qualifie / X Rima Hassan et Greta Thunberg, alors arrêtées illégalement par Israël, de « filles en croisière », puis de « thons » qu’il faudrait mettre en boîte de conserve. Quand je lui fais remarquer le sexisme de ses propos, Alain Beit me répond publiquement : « Si j etais sexiste, j aurai parlé de tonnes :). C est vrai que c est ta muse, ton égérie ». Quelques jours plus tôt, le responsable associatif s’en était pris au physique d’une militante, avant de supprimer.

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Le sexisme est incompatible avec les droits des personnes LGBTQI. La satisfaction avec laquelle le président de Beit Haverim étale sa misogynie est-elle liée à la petite victoire réactionnaire qu’il vient d’obtenir ? Alertée par ses soins, Valérie Pécresse, présidente LR de la région Île-de-France, vient de supprimer sa subvention à l’Inter-LGBT, qui réunit des dizaines d’organisations travaillant à la lutte contre l’homophobie et la transphobie.

Valérie Pécresse est une élue homophobe, ennemie acharnée du mariage pour tous, cadre d’un parti leader dans les croisades transphobes, présidente régionale qui doit son poste aux voix de la Manif pour tous, et qui utilise son mandat notamment pour surfinancer l’école privée catholique Stanislas, école séparatiste homophobe. C’est avec cette responsable politique que Beit Haverim s’est alliée pour fragiliser financièrement l’Inter-LGBTQI : la subvention attendue devrait couvrir des actions qui ont déjé eu lieu et pour lesquelles l’organisation a avancé de ses fonds propres.

Beit Haverimet son président ont à plusieurs reprises soutenu la décision de Valérie Pécresse, donc la mise en danger d’actions pour les droits des personnes LGBTQI. Le 4 juin, par exemple, Alain Beit remercie l’élue homophobe.

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Pour Mediapart, David Perrotin a documenté une grande part des manipulations qu’a opérées Beit Haverim pour obtenir de l’élue homophobe la mise en danger d’une organisation de défense des droits LGBTQI ; manipulations très largement reprises par l’extrême-droite

- Le prétexte pris a été l’affiche d’appel à la Marche des fiertés LGBTQI de 2025. On y voit des militantEs LGBTQI mettre KO symboliquement un néonazi. Beit Haverim et son président y voient une apologie de la violence. Mettre KO symboliquement un néonazi serait gênant, alors qu’imaginer Greta Thunberg et Rima Hassan en cadavres découpés dans une boîte de conserve serait de la caricature.

- Beit Haverim prétend ne pas avoir été consulté. Or non seulement une réunion de consultation a eu lieu, mais l’association n’a pas voté contre, se contentant de l’abstention. De même, il en appelle au pluralisme, à l'écoute de voix divergentes alors que son combat actuel vise la censure d'une affiche qui lui déplait et la silenciation par la pression financière de l'Inter-LGBT. C'est du hait de cette posture de censeur qu'il invoque la liberté d'expression et le droit à la caricature pour justifier ses tweets sexistes.

- Beit Haverim voit un drapeau palestinien là où la graphiste Tola Vart a dessiné des drapeaux de la Hongrie et de la Bulgarie où les marches des fiertés sont interdites.

- Complotiste, Beit Haverim voit dans un simple logo (deux mains blanches sur un brassard bleu) représentant la langue des signes et l’inclusion des personnes sourdes « le brassard des ‘mains rouges’ utilisé dans des actions violentes ou clandestines, notamment contre des civiles israëliens ».

- Beit Haverim dénonce un triangle rouge, signe de la déportation des communistes, qui seraient aujourd’hui repris par « certaines formations radicales ». Sur Twitter / X, Alain Beit fait de de symbole une pure récupération de LFI. En réalité, ce signe est minuscule, alors qu’un triangle rose d’Act Up-Paris est dessiné en grand sur le tee-shirt d’un des militantEs représentéEs. Alain Beit prétend avoir vu ce logo. Mais alors pourquoi écrit-il dans le communiqué de Beit Haverim : « Rien, dans cette affiche, ne représente ou ne célèbre directement les LGBTQI+ ». Ce mensonge, non repété par Mediapart, est une tentative grossière d’effacer Act Up et la lutte contre le sida de l’histoire LGBTQI.

J’ai contacté Beit Haverim pour obtenir une justification de l’alliance réactionnaire de Beit Haverim avec Pécresse et des tweets réactionnaires du président. Mes interlocuteurs m’ont proposé de donner mon numéro de téléphone pour le transmettre à leur président. J’ai refusé, indiquant que le comportement en ligne, fondé sur l’injure et le cyberharcèlement, m’incitaient à ne pas communiquer mon téléphone. Les responsable de Beit Haverim m’ont alors écrit : « Il est clair que vous avez une vision erronée de notre association et de notre président en le décrivant de cette manière. Dans cette mesure il nous est impossible d’envisager un échange constructif entre personnes civilisées. »

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