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Billet de blog 20 mars 2023

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Irène Tolleret, les retraites et le marchandage des droits LGBTQI

Comment une euro-dépitée macroniste fait des droits des LGBTQI un outil de pression pour faire taire les militantEs défendant les retraites et la protection sociale solidaire.

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Dimanche 19 mars, le compte Twitter « Le coin des LGBT+ » (plus de 45 000 abonnéEs) appelle à interpeller les députéEs de droite pour voter la motion de censure transpartisane. Une députée européenne macroniste lui répond : « Je suis sidérée que vous ayez cette position contre le gouvernement qui a pourtant fait beaucoup pour les droits LGBTQI sous l’impulsion du président Macron. A votre avis, si la motion est rejetée, Le #FHaine gagne, les droits LGBTQI vont ils être menacés ou améliorés? »

Illustration 1

Cette réaction appelle plusieurs commentaires :

1 Irène Tolleret conditionne son engagement pour les droits des personnes LGBTQI à la docilité de ses bénéficiaires. L'universalisme de la République n'est pour elle qu'un moyen de pression dans le marchandage de notre silence face à la destruction de la protection sociale solidaire.

2 L e démantèlement macroniste des retraites, profondément sexiste et homophobe, frappera encore plus violemment les femmes et les personnes LGBTQI. Irène Tolleret défend donc une politique sexiste et LGBTphobe.

3 Les droits des personnes LGBTQI n'avancent , comme tous les droits, que par les luttes des concernées. Les responsables politiques n'arrivent qu'ensuite, et ne sont convaincus que par le rapport de force. La condescendance d'Irène Tolleret à l'égard des progrès de nos droits est donc aussi une insulte à notre histoire.

4. Irène Tolleret parle d'un « gouvernement qui a beaucoup fait pour les droits LGBTQI sous l'impulsion du président Macron ». En réalité, le gouvernement et sa majorité expulsent des personnes LGBTQI dans des pays où elles risquent la répression, la torture et la mort ; maintiennent les mutilations sexuelles sur les personnes intersexe ; placent au ministère de l'Intérieur un séparatiste homophobe qui s'est vanté publiquement de refuser d'appliquer la loi républicaine permettant le mariage homosexuel ; excluent les personnes trans de la PMA ; n'arrivent tellement pas à assurer l'éducation sexuelle, affective et la lutte contre les LGBTQIphobies à l'école que trois associations saisissent la justice à ce sujet. Aurore Bergé reçoit des militantes transphobes qui dissimulent de moins en moins leur alliance avec l'extrême-droite, leur assure du soutien quand elles veulent empêcher le suivi de grossesse d'hommes trans, rétablir des thérapies de conversion ou la stérilisation forcée de personnes trans.

5 Irène Tolleret agit la menace fasciste qu'incarne Georgia Meloni qui « demande aux maires d’arrêter d’enregistrer les enfants issus de GPA, en bafouant les droits des enfants. » Emmanuel Macron s'est précipité pour saluer et soutenir Meloni après son élection, aligne sa politique migratoire sur celle de la fasciste italienne, enferme des enfants en CRA, en expulse d'autres, notamment des jeunes femmes menacées d'excision. Ce n'est pas la motion de censure qui fera gagner le RN, mais l'inscription quotidienne de ses idées et envies dans l'action publique du pouvoir en place.

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