Suite à une plainte de SOS Racisme, l’influenceuse d’extrême-droite Marguerite Stern, connue pour son activisme transphobe, est poursuivie pour « injure publique en raison de l’origine, l’ethnie, la nation, la race ou la religion ». La plainte vise des propos qu’elle a tenus le 16 juillet 2023 sur le média d’extrême-droite antivax Livre Noir, rebaptisé depuis Frontières. Ces propos assimilent les immigrés à des agresseurs, notamment envers les femmes.
Au lieu d’avoir recours à l’aide juridictionnelle, comme la plupart des justiciables ne pouvant financer une procédure, Marguerite Stern a ouvert le 24 octobre dernier une cagnotte sur la plateforme Gofundme. Elle en a chiffré l’objectif en ces terme : « Dans l'éventualité où il y aurait appel, les honoraires s'élèvent à 20.000 euros. En prenant en compte le pourcentage prélevé par la plateforme, j'ai donc décidé de fixer le montant à 22.000 euros. » Ce 28 octobre au matin, elle annonce que l’objectif est atteint. Or, cette cagnotte pose des questions.
D’une part, comment une simple procédure de défense pour injure publique pourrait-elle coûter 22 000 euros ? Même en envisageant un appel, comme l’affirme le texte de la cagnotte ? La somme semble exorbitante, et l’influenceuse d’extrême-droite ne la justifie pas. Elle semble pourtant en fin de procédure, l’avocat qu’elle a choisie a déjà dû travailler, peut lui faire des factures. Elle a donc des documents qu’elle pourrait publier pour justifier un tel montant. Pourquoi ne les publie-t-elle pas et ne fait-elle pas toute la transparence sur sa cagnotte ?
Sur Twitter / X, l’influenceuse me répond dimanche 27 octobre : « Quand à mes frais d'avocat, j'ai détaillé cela dans le texte de la cagnotte », ce qui est faux. Elle rajoute : « Et compte tenu du fait que j'ai annoncé publiquement qui j'avais mandaté, vous croyez sincèrement qu'un avocat digne de ce nom, laisser sa cliente faire ce que vous m'accusez de faire ? » Pourtant, le descriptif de la cagnotte lui-même explique que l’argent peut servir à autre chose qu’à cette seule procédure, notamment à nourrir Marguerite Stern. Elle y explique en effet que l’argent éventuellement restant financera d’autres procédures judiciaires, et qu’il lui servira aussi à « continuer à passer du temps à défendre ce en quoi je crois dans les médias et sur mes réseaux, et à produire des contenus. » Il s’agit donc de rémunérer son activité d’influenceuse. Marguerite Stern va-t-elle déclarer les 20 000 euros de sa cagnotte au fisc ?
Enfin, l’appel à dons reproduit les propos litigieux. La plateforme Gofundme est-elle d’accord pour relayer des propos racistes, tombant sous le coup de la loi ?