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La base du système par répartition est l’équilibre entre cotisants et retraités. Or, la France connaît depuis plusieurs décennies une baisse de la natalité. Le nombre moyen d’enfants par femme est passé en dessous du seuil de renouvellement des générations (2,1 enfants par femme) pour atteindre environ 1,7 aujourd’hui.
Résultat : il y a de moins en moins d’actifs pour financer les pensions d’une population retraitée toujours plus nombreuse et plus longtemps en vie grâce aux progrès de la médecine. En 1960, on comptait 4 cotisants pour un retraité ; aujourd’hui, à peine 1,7. Demain, ce sera proche de 1 pour 1.
Le choix social : moins d’enfants, plus de liberté individuelle
Il ne s’agit pas d’un accident, mais d’un choix social assumé. Beaucoup de Français, notamment les jeunes générations, privilégient leur liberté, leur confort de vie et leur carrière plutôt que de fonder de grandes familles. Les contraintes financières et sociales liées à l’éducation des enfants renforcent cette tendance.
Ce choix est parfaitement légitime sur le plan individuel, mais il a des conséquences collectives : moins de naissances signifie mécaniquement moins de cotisants demain, et donc une pression insoutenable sur ceux qui restent.
Une incompréhension du système actuel
À cela s’ajoute un problème de perception. Une grande partie des Français croit encore que leurs cotisations constituent une forme d’épargne personnelle, mise de côté pour leur propre retraite. En réalité, l’argent qu’ils versent sert immédiatement à payer la pension des générations précédentes.
Cette illusion fragilise la confiance dans le système : beaucoup découvrent trop tard qu’ils n’ont pas “capitalisé” pour eux-mêmes, mais financé leurs aînés. Dans un contexte où la solidarité intergénérationnelle est moins forte qu’autrefois, ce malentendu nourrit frustrations et colères.
Pourquoi la capitalisation devient incontournable
Face à ces constats, la solution la plus rationnelle consiste à introduire, aux côtés de la répartition, un pilier fort de capitalisation.
- La capitalisation, c’est épargner pour soi-même, en investissant ses cotisations afin qu’elles produisent des revenus futurs.
- Elle permet de réduire la dépendance au rapport actifs/retraités, puisque chacun finance en grande partie sa propre retraite.
- Elle redonne aux individus une responsabilité et une transparence : ce que j’épargne aujourd’hui, c’est ce dont je disposerai demain.
De nombreux pays (comme la Suède, les Pays-Bas ou le Chili) ont déjà mis en place des systèmes mixtes où la répartition garantit un socle minimum, et la capitalisation assure un complément stable et pérenne.
Le système français, fondé uniquement sur la répartition, était adapté à une époque de forte natalité et de croissance démographique. Aujourd’hui, il est mathématiquement condamné si rien ne change. La baisse de la natalité, le choix social d’avoir moins d’enfants et l’incompréhension généralisée du mécanisme actuel rendent la réforme inévitable.
Introduire une dose significative de capitalisation, ce n’est pas abandonner la solidarité nationale, mais sauver le principe même de la retraite pour les générations à venir.