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Billet de blog 6 septembre 2025

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La démocratie culturelle fragilisée par la mairie EELV de Besançon

La décision de Grand Besançon Métropole, avec l’appui de la majorité municipale conduite par Anne Vignot (EELV), de déprogrammer Raphaël Enthoven du festival Livres dans la Boucle est le signe inquiétant d’un glissement vers la censure et le délit d’opinion.

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Une atteinte flagrante à la liberté d’expression

Raphaël Enthoven n’était pas invité pour commenter l’actualité géopolitique, mais pour présenter L’Albatros, un récit intime consacré à sa mère. Interdire sa présence en raison d’une opinion exprimée sur les réseaux sociaux revient à juger l’homme plutôt que son œuvre. Une telle démarche revient à réduire l’espace du débat démocratique : les idées, même controversées, devraient être combattues par la contradiction, et non par l’exclusion.

Un écrivain se voit privé de tribune non pas pour ses actes, mais pour une phrase qui déplaît à certains élus ou associations. Ce précédent nourrit l’idée dangereuse qu’un pouvoir local peut sanctionner des auteurs pour leurs positions politiques, ouvrant la voie à un climat de peur et d’autocensure dans le monde culturel.

Les festivals littéraires sont, par essence, des lieux de pluralisme et de confrontation d’idées. En évitant la contradiction et en choisissant la voie de l’interdiction, les organisateurs privent le public d’un échange intellectuel. Cette logique de « cancel culture » locale fragilise la confiance dans les institutions culturelles, qui devraient protéger la diversité des voix au lieu de les réduire.

Une décision politique plus que culturelle

Derrière l’argument officiel d’une « sérénité menacée » de l’événement, beaucoup voient une décision politique. Les pressions de partis locaux hostiles à Enthoven ont pesé, et la mairie a tranché en faveur de l’éviction. Cela alimente l’idée que la programmation culturelle dépend désormais du rapport de force partisan, ce qui mine l’indépendance des festivals et réduit leur crédibilité.

Le risque d’un précédent dangereux

Aujourd’hui Enthoven, demain qui ? Si l’on commence à écarter un auteur pour ses prises de position, aucune garantie n’existe qu’un autre écrivain, journaliste ou intellectuel ne soit pas un jour censuré pour avoir choqué une sensibilité politique.

La démocratie se nourrit du conflit des idées ; la censure, elle, installe une uniformité stérile et infantilisante.

La déprogrammation de Raphaël Enthoven à Besançon ne se résume pas à un simple choix d’organisation : elle révèle une tendance préoccupante à gauche à la censure institutionnelle.

Derrière le prétexte de préserver la tranquillité du festival, c’est la liberté d’expression elle-même qui se trouve ébranlée. Dans une démocratie, on débat des idées, on ne les interdit pas.

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