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Longtemps attendu, le rapport d’Amnesty International sur les attaques du 7 octobre 2023 marque un tournant décisif dans la documentation du conflit. Dans un document exhaustif de plus de 170 pages intitulé « Cibler des civils », l’ONG de défense des droits humains ne se contente plus de parler de crimes de guerre : elle conclut que le Hamas et d’autres groupes armés palestiniens se sont rendus coupables de crimes contre l’humanité.
Cette requalification juridique s’appuie sur une enquête minutieuse démontrant que les massacres n'étaient ni des actes isolés ni le fruit d'un chaos incontrôlé, mais le résultat d'une stratégie délibérée visant à anéantir la population civile.
Une volonté d'extermination planifiée
Le cœur du rapport repose sur la démonstration du caractère « généralisé et systématique » de l'attaque. En analysant des centaines de vidéos, des images satellites et des documents internes récupérés sur des combattants, Amnesty démontre que les assaillants avaient reçu des ordres clairs : tuer des civils.
L'ONG retient spécifiquement la qualification de crime d'extermination. Le bilan humain, corroboré par l'enquête, fait état d'environ 1 200 morts, dont plus de 815 civils. Le rapport détaille comment les combattants ont méthodiquement investi des zones résidentielles paisibles, comme les kibboutz de Be’eri et de Nir Oz, pour y abattre des familles entières dans leurs maisons. Le massacre du festival Nova, où des centaines de jeunes ont été encerclés et abattus alors qu'ils tentaient de fuir, est cité comme l'exemple le plus flagrant de cette volonté d'extermination de masse.
L'horreur documentée : tortures et violences sexuelles
Au-delà des meurtres, le rapport plonge dans l'atrocité des méthodes employées. Amnesty International confirme que des violences sexuelles, y compris des viols, ont été commises le 7 octobre. Bien que l'organisation souligne la difficulté de recueillir des témoignages directs de survivantes (beaucoup ayant été tuées après les faits), l'analyse des scènes de crimes et des informations corroborantes permet d'établir la réalité de ces violences basées sur le genre.
Le rapport met également en lumière la profanation des corps et les traitements inhumains infligés aux victimes, qu'elles soient vivantes ou mortes. Des actes de torture ont été documentés, visant à déshumaniser les victimes israéliennes et les ressortissants étrangers présents ce jour-là.
La prise d'otages comme stratégie de guerre
L'enlèvement de 251 personnes vers la bande de Gaza constitue un autre pilier de l'accusation. Amnesty réfute la thèse selon laquelle les enlèvements auraient été des initiatives individuelles de civils gazaouis ayant suivi la brèche. L'enquête prouve que la prise d'otages était un objectif stratégique « explicitement formulé » par la direction du Hamas bien avant l'attaque.
Ces enlèvements sont qualifiés de crimes de guerre, mais aussi de crimes contre l'humanité sous la forme d'emprisonnements et de disparitions forcées, car le Hamas a refusé pendant des mois de donner le moindre signe de vie ou de révéler la localisation des captifs, privant les familles de toute information et plaçant les otages hors de la protection de la loi.
La fin de l'impunité
En publiant ce rapport, Amnesty International démonte la narrative d'une simple opération de "résistance armée" qui aurait dérapé, les preuves accumulées démontrent une intentionnalité criminelle au plus haut niveau de la hiérarchie du Hamas.