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Billet de blog 15 août 2025

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A Noisy-Le-Sec la gauche joue à cache cache avec l’intégrisme

Dans ce charmant coin de Seine-Saint-Denis, un groupe de jeunes philosophes autoproclamés, armés de leurs menaces et de leur sens aigu de la morale, a décidé que le film « Barbie » – oui, cette œuvre subversive, était une attaque insupportable contre « l’intégrité des femmes ». Résultat ?

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Oh, quelle belle leçon de courage politique nous donne la gauche française à Noisy-le-Sec !

Dans ce charmant coin de Seine-Saint-Denis, un groupe de jeunes philosophes autoproclamés, armés de leurs menaces et de leur sens aigu de la morale, a décidé que le film « Barbie » – oui, cette œuvre subversive, était une attaque insupportable contre « l’intégrité des femmes ». Résultat ?

La projection est annulée, la queue entre les jambes, par un maire communiste qui, dans un élan de bravoure, préfère parler d’« obscurantisme » et de « fondamentalisme » sans jamais prononcer le mot tabou : islamisme. Parce que, vous comprenez, dire le mot qui fâche, c’est risquer de froisser les âmes sensibles et de gâcher la belle harmonie du vivre-ensemble.

Quelle délicatesse, quelle subtilité dans l’art de l’euphémisme ! La gauche, toujours fidèle à sa vocation de funambule, marche sur le fil tendu entre la défense des valeurs laïques et la peur panique de « stigmatiser ». Alors, on contourne, on paraphrase, on enrobe le problème dans du papier bulle. « Des jeunes », dit-on, comme si c’était une bande de scouts en colère contre un goûter mal organisé. « Des arguments fallacieux », ajoute le maire, Olivier Sarrabeyrouse, dans un communiqué digne d’un champion de slalom verbal. Mais surtout, ne disons pas que ces menaces sentent l’intégrisme islamiste à plein nez, sinon on risque de passer pour des vilains qui pointent du doigt un quartier déjà « prioritaire ». Prioritaire pour quoi, au juste ? Pour les cours de langue de bois ?

Et pendant ce temps, la droite et l’extrême droite se frottent les mains, hilares. Eux n’ont aucun scrupule à hurler « islamisme » à tout va, récupérant sans effort la bannière de la liberté d’expression et de l’émancipation des femmes – ces mêmes valeurs que la gauche est censée défendre depuis des décennies. Quelle ironie délicieuse ! La gauche, qui devrait être en première ligne pour défendre un film féministe contre des censeurs autoproclamés, se retrouve à bafouiller des généralités sur « l’obscurantisme » pendant que Marine Le Pen et ses amis se posent en chevaliers blancs de la laïcité.

Bravo, camarades, quel sens du timing !

On pourrait presque en rire, si ce n’était pas si pathétique. À force de vouloir ménager tout le monde, la gauche finit par ne défendre personne. En refusant de nommer l’islamisme comme ce qu’il est – une idéologie rétrograde qui menace la liberté, la culture et l’égalité –, elle laisse le champ libre aux amalgames qu’elle prétend vouloir éviter. Parce que, soyons sérieux, ne pas dire « islamisme » ne protège pas les musulmans modérés ; au contraire, ça les englobe dans un flou artistique qui fait le jeu des extrêmes. Et pendant ce temps, à Noisy-le-Sec, les habitants qui voulaient juste voir Barbie doivent se contenter d’un débat stérile sur les « valeurs républicaines ».

Alors, camarades de gauche, un petit conseil : la prochaine fois qu’un groupe de moralistes menaçants veut censurer une comédie inoffensive, osez appeler un chat un chat. Ce n’est pas en chuchotant des euphémismes qu’on défend la laïcité ou qu’on protège les quartiers populaires. C’est en regardant la réalité en face, même quand elle dérange. Sinon, ne vous étonnez pas si, à force de cacher cet islamisme que vous ne sauriez voir, c’est la droite qui finit par écrire l’histoire à votre place.

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