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Face à l’urgence climatique et aux défis énergétiques, la Belgique et le Danemark, deux pays historiquement réticents au nucléaire, opèrent un revirement stratégique en relançant cette énergie bas carbone. Ce retour en grâce du nucléaire, décidé en 2025, s’inscrit dans une volonté de concilier sécurité énergétique et respect des objectifs environnementaux. Voici pourquoi ce choix, loin d’être un renoncement aux ambitions écologiques, représente une réponse pragmatique pour accélérer la transition vers un avenir décarboné.
Réduire les émissions de CO2 : le nucléaire comme allié
La lutte contre le changement climatique exige une réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre. En Belgique, où le nucléaire fournit environ 50 % de l’électricité, la sortie prévue pour 2025 risquait d’augmenter la dépendance aux centrales à gaz, fortement émettrices de CO2. La décision de prolonger la durée de vie des réacteurs de Doel 4 et Tihange 3 jusqu’en 2035, actée en 2025, vise à maintenir une production d’électricité bas carbone, évitant ainsi une hausse des émissions qui compromettrait les engagements climatiques du pays (neutralité carbone d’ici 2050).
Au Danemark, champion de l’éolien, l’interdiction du nucléaire, en vigueur depuis 1985, est remise en question. Le pays, qui importe une part de son électricité d’origine nucléaire, reconnaît que les énergies renouvelables, bien qu’essentielles, ne suffisent pas à couvrir les besoins constants. En 2025, le Folketing a voté pour lever cette interdiction, envisageant des petits réacteurs modulaires (SMR) pour produire une énergie stable et décarbonée, complémentaire à l’éolien et au solaire.
Compenser l’intermittence des renouvelables
Les énergies renouvelables, bien qu’indispensables, souffrent d’intermittence : l’éolien et le solaire dépendent des conditions météorologiques. En Belgique, les récents investissements dans l’éolien offshore (3,5 GW prévus d’ici 2030) ne suffisent pas à garantir une alimentation constante, surtout lors des pics de demande hivernaux. Le nucléaire, avec sa production stable, agit comme un pilier pour sécuriser le réseau tout en évitant le recours aux énergies fossiles. Cette complémentarité a convaincu les écologistes belges, qui, en 2022, ont accepté un compromis prolongeant le nucléaire en échange d’un soutien accru aux renouvelables.
Le Danemark, leader mondial de l’éolien (50 % de son électricité en 2024), fait face à des défis similaires. Les pannes récentes, comme le black-out en Espagne en 2024, ont rappelé la fragilité des réseaux trop dépendants des renouvelables sans solution de secours. Les SMR, envisagés pour 2035, permettraient au Danemark de diversifier son mix énergétique tout en réduisant son empreinte carbone.
Hydrogène vert et innovations nucléaires
Le nucléaire ne se limite plus à la production d’électricité. En Belgique, 25 millions d’euros ont été investis en 2025 dans la recherche sur les SMR, qui pourraient produire de l’hydrogène vert, un carburant clé pour décarboner des secteurs comme l’industrie lourde et les transports. Cette perspective renforce l’attrait du nucléaire comme outil polyvalent pour la transition écologique.
Au Danemark, les discussions sur les SMR soulignent leur potentiel pour alimenter des électrolyseurs à grande échelle, nécessaires à la production d’hydrogène vert. Ce virage technologique positionne le nucléaire comme un levier pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris tout en réduisant la dépendance aux importations de combustibles fossiles.
Un compromis écologique face aux réalités énergétiques
La crise énergétique, exacerbée par le conflit en Ukraine, a révélé la vulnérabilité des pays dépendants des importations de gaz. En Belgique, la flambée des prix de l’énergie a poussé le gouvernement à abroger la loi de 2003 sur la sortie du nucléaire, un choix salué par certains écologistes pragmatiques. Ces derniers, conscients que l’arrêt du nucléaire augmenterait les émissions, soutiennent désormais un mix énergétique combinant nucléaire et renouvelables.
Au Danemark, l’évolution des mentalités est notable. Longtemps anti-nucléaire, la population, influencée par des débats apaisés et des posts sur X vantant les mérites écologiques du nucléaire moderne, commence à voir cette énergie comme un outil viable. La sécurité des SMR, moins risqués que les anciennes centrales, rassure et soutient ce changement de paradigme.
Un signal pour l’Europe
Le revirement de la Belgique et du Danemark envoie un message clair : le nucléaire, souvent décrié, est une solution incontournable pour une transition énergétique réussie. En Europe, où 25 % de l’électricité provient du nucléaire, d’autres pays comme la France et la Suède renforcent leurs investissements dans cette énergie. La Belgique et le Danemark, en rejoignant ce mouvement, montrent que l’écologie ne peut se limiter à une vision idéologique mais doit s’adapter aux réalités climatiques et énergétiques.