Les racines du conflit : une démocratie "à la carte"
Le choc trouve son origine dans la méthode de désignation des candidats pour les municipales de 2026. Alors que les militants locaux réclamaient un vote souverain des Groupes d'Action de la ville, la direction nationale a imposé un "comité électoral" dont les critères de sélection sont jugés opaques.
Pour les 40 frondeurs aixois, ce processus n'est qu'une façade destinée à placer des profils "loyaux" au cercle rapproché de Manuel Bompard, au détriment de figures ancrées localement mais jugées trop indépendantes.
Le point de rupture : la soirée du 25 octobre
C’est lors de l’assemblée municipale du 25 octobre que le malaise a basculé dans la violence. Ce qui devait être un moment de débat démocratique s'est transformé en scène d'affrontement. Plusieurs militants historiques se sont vu refuser l'accès à la salle par un service d'ordre dépêché pour l'occasion.
Les plaignants évoquent des méthodes "staliniennes" : intimidations, exclusions arbitraires de la plateforme numérique "Action Populaire" et, plus grave encore, des violences physiques ayant entraîné des blessures sérieuses (27 jours d'ITT pour une militante).
Une structure verticale face à une base horizontale
LFI a toujours revendiqué son refus d'être un parti traditionnel, préférant la structure du "mouvement gazeux". Cependant, ce procès met en lumière le revers de la médaille : l'absence de statuts protecteurs pour les adhérents.
Sans personnalité juridique claire pour les antennes locales, tout le pouvoir remonte à Paris. Les critiques dénoncent une gestion "par le haut" où toute contestation de la ligne officielle est traitée comme une trahison, menant systématiquement à l'éviction.
Le déni de la direction
Face à ces accusations, la réponse de Manuel Bompard reste la même : les contestataires sont délégitimés, accusés d'être des éléments extérieurs ou de mener une cabale médiatique. Ce refus de reconnaître un malaise interne ne fait qu'accentuer le sentiment d'injustice chez les militants de la première heure.
Ce clash judiciaire fragilise considérablement la stratégie Insoumise. En apparaissant comme un mouvement capable de porter plainte contre ses propres membres et d'utiliser la force pour imposer ses candidats, LFI prend le risque de s'isoler de sa base militante.
Le verdict du tribunal d'Aix-en-Provence marque sans doute la fin d'une époque pour le militantisme insoumis local : celle de l'illusion d'une démocratie horizontale et citoyenne.