Publié le 7 mai 2025 aux éditions Flammarion, La Meute, écrit par les journalistes Charlotte Belaïch (Libération) et Olivier Pérou (Le Monde), est une enquête fouillée sur les rouages internes de La France insoumise (LFI), le mouvement fondé par Jean-Luc Mélenchon. Fruit de deux ans d’investigations et de plus de 200 témoignages, l’ouvrage dresse un portrait accablant d’un mouvement marqué par un comportement autocratique, des pratiques violentes et un fonctionnement clanique. Depuis sa sortie, La Meute a suscité des réactions vives, alimentant débats et controverses, tout en mettant LFI dans une position délicate à l’approche des échéances électorales de 2027. Cet article explore les principales conséquences de ce livre sur le mouvement insoumis, la gauche française et l’opinion publique.
Une remise en question du fonctionnement interne de LFI
La Meute décrit un mouvement structuré autour de la personnalité de Jean-Luc Mélenchon, où la loyauté absolue au leader est exigée et où toute critique est perçue comme une trahison. Les auteurs relatent des pratiques telles que des purges internes, des intimidations, des violences verbales et des exclusions brutales de figures historiques comme Clémentine Autain, Alexis Corbière ou Raquel Garrido. Le livre met également en lumière le rôle central de Sophia Chikirou, compagne de Mélenchon, accusée d’exercer une influence autoritaire et de participer à des règlements de comptes via des messageries comme Telegram.
Ces révélations ont accentué les critiques sur l’absence de démocratie interne au sein de LFI, un mouvement qualifié de « gazeux » pour son manque de structures formelles, comme des congrès permettant d’élire des dirigeants. Des anciens cadres, tels que Clémentine Autain, ont publiquement validé certaines observations du livre, Autain déclarant que l’ouvrage expliquait sa rupture avec LFI en raison de son attachement à la démocratie. Cette mise à nu a renforcé l’image d’un mouvement sectaire, une comparaison reprise par Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, qui a qualifié LFI de « secte sous l’emprise d’un couple ».
Cependant, la direction de LFI, à travers Mathilde Panot et Manuel Bompard, a dénoncé un livre rempli de « ragots » et de « mensonges », contestant des anecdotes précises, comme des phrases attribuées à Mélenchon. Cette stratégie défensive, qui tranche avec le silence adopté face à des critiques similaires par le passé, montre une volonté de limiter les dégâts, mais risque paradoxalement de donner plus de visibilité à l’ouvrage.
Un impact sur l’image publique de LFI et de Mélenchon
Le livre a amplifié les critiques déjà existantes sur Jean-Luc Mélenchon, présenté comme un leader charismatique mais violent, paranoïaque et prompt à humilier ses proches. Des messages cités dans La Meute, comme « Achète-toi un cerveau » adressé à Manuel Bompard ou « Delap aurait honte de toi » envoyé à Charlotte Girard, illustrent un management toxique. Ces révélations ont terni l’image de Mélenchon, déjà controversé pour ses ambiguïtés sur des sujets comme l’antisémitisme ou sa gestion de l’affaire Quatennens, où il a minimisé les violences conjugales commises par un député LFI.
L’ouvrage a également ravivé le débat sur une supposée dérive antisémite au sein de LFI. Les auteurs pointent les propos de Mélenchon minimisant l’antisémitisme comme « résiduel » et son ambiguïté sur le conflit israélo-palestinien, perçue comme une stratégie pour séduire l’électorat des quartiers populaires. Ces accusations ont suscité des réactions virulentes, notamment de la part d’Alain Jakubowicz, président de la Licra, qui a comparé Mélenchon à Goebbels, provoquant une plainte en diffamation de ce dernier. Par ailleurs, Charlotte Belaïch, coautrice, a fait l’objet d’attaques antisémites en ligne, ce qui a amplifié la polémique autour du livre.
Des tensions accrues au sein de la gauche
La Meute intervient dans un contexte de fragmentation de la gauche française, où les tensions entre LFI et ses anciens partenaires de la NUPES (PS, EELV, PCF) sont déjà vives. Le livre a fourni des arguments à ceux qui, comme Fabien Roussel ou Nicolas Mayer-Rossignol (PS), souhaitent rompre avec Mélenchon pour reconstruire une gauche sans LFI.
Ces critiques risquent de rendre impossibles les futures alliances électorales.