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Billet de blog 20 mai 2025

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Gaza : manifestation des Palestiniens contre le Hamas

En ciblant directement le Hamas, accusé d’avoir déclenché et prolongé le conflit, les Gazaouis expriment un désir de paix et de changement politique. Bien que courageuses, ces protestations restent fragiles face à la répression du Hamas et à l’intensité du conflit.

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© Le Monde


Les manifestations anti-Hamas à Gaza en mars et avril 2025 traduisent le désespoir d’une population épuisée par la guerre, le blocus et les privations. En ciblant directement le Hamas, accusé d’avoir déclenché et prolongé le conflit, les Gazaouis expriment un désir de paix et de changement politique. Bien que courageuses, ces protestations restent fragiles face à la répression du Hamas et à l’intensité du conflit. Elles soulignent néanmoins une fracture croissante entre le mouvement islamiste et une partie de la population qu’il gouverne, posant la question de l’avenir de Gaza dans un contexte de destruction et d’incertitude.

Les récentes manifestations à Gaza contre le Hamas : un cri de désespoir face à la guerre

Depuis le déclenchement de la guerre entre le Hamas et Israël le 7 octobre 2023, la bande de Gaza vit une crise humanitaire sans précédent. Dans ce contexte de destructions massives et de souffrances, des manifestations rares et significatives ont éclaté à Gaza, où des centaines de Palestiniens ont publiquement exprimé leur colère contre le Hamas, le mouvement islamiste au pouvoir dans l’enclave depuis 2007, accusé d’être à l’origine du conflit dévastateur avec Israël. Ces manifestations, qui se sont intensifiées en mars et avril 2025, marquent un tournant dans la dynamique interne de Gaza, où la dissidence publique contre le Hamas est habituellement réprimée.

Les manifestations ont débuté spontanément le 25 mars 2025, principalement dans la ville de Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, avant de s’étendre à d’autres zones, notamment Jabalia et Khan Younès. Elles ont été déclenchées par un nouvel ordre d’évacuation émis par l’armée israélienne, qui a ravivé la colère et le désespoir des habitants face à une guerre qui a déjà fait plus de 50 000 morts, selon le ministère de la Santé de Gaza, et déplacé environ 90 % de la population. La reprise des bombardements israéliens le 18 mars, après l’échec d’un cessez-le-feu fragile, et le blocus total imposé par Israël depuis le 2 mars, bloquant l’aide humanitaire, ont exacerbé une situation déjà dramatique. L’absence de nourriture, d’eau potable, de carburant et de médicaments a poussé les Gazaouis à descendre dans les rues pour exprimer leur ras-le-bol.

Des slogans anti-Hamas et un appel à la paix

Les manifestants, parmi lesquels des hommes, des femmes et des notables locaux, ont scandé des slogans tels que « Hamas dehors ! », « Hamas terroriste ! » et « Le sang de nos enfants n’est pas sans valeur ! ». Ces cris reflètent une frustration croissante contre le Hamas, accusé d’avoir provoqué la guerre avec son attaque surprise du 7 octobre 2023 contre Israël, qui a tué environ 1 200 personnes et conduit à la capture de 251 otages. Les Gazaouis reprochent au mouvement islamiste d’avoir entraîné l’enclave dans un cycle de destructions et de souffrances, tout en monopolisant le pouvoir sans organiser d’élections libres depuis 2006. Certains ont également critiqué la chaîne qatarie Al-Jazeera, accusée de complaisance envers le Hamas.

Des pancartes brandies lors des manifestations portaient des messages explicites comme « Le Hamas ne me représente pas » ou « Nous voulons vivre en liberté ». Les habitants, épuisés par les bombardements incessants, les déplacements forcés et la famine imminente, exigent la fin de la guerre et le départ du Hamas du pouvoir. « Nous vivons au XXIe siècle et nous sommes privés des droits humains les plus élémentaires. Nous ne pouvons même pas nous procurer un morceau de pain », a déploré Dawood Zayed, un habitant de Beit Lahia, dans une déclaration à l’AFP.

Une répression habituelle, mais des voix qui persistent

Le Hamas, qui maintient un contrôle strict sur Gaza, est connu pour réprimer violemment toute forme de dissidence. Des vidéos ont montré des partisans du Hamas tentant de disperser les foules lors des manifestations. Cependant, l’ampleur de ces protestations, qualifiées de plus importantes contre le mouvement depuis le début de la guerre, témoigne d’un mécontentement croissant. Malgré les risques, des centaines de personnes, y compris des figures locales comme les mukhtars (chefs traditionnels), ont continué à manifester, certains brûlant des pneus pour exprimer leur colère.

De son côté, le Fatah, qui contrôle l’Autorité palestinienne en Cisjordanie, a également appelé le Hamas à céder le pouvoir, avertissant que la poursuite de sa gouvernance pourrait mener à la « fin de l’existence des Palestiniens » à Gaza. Les pays arabes voisins, ainsi que des acteurs internationaux, cherchent à exclure le Hamas de la gouvernance future de Gaza, ce qui pourrait ouvrir la voie à des négociations pour une administration alternative.

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