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Alors que l'année 2025 s'achève sur un climat de tension politique extrême en France, marqué par des incertitudes budgétaires et une absence de majorité stable, un verdict inattendu vient bousculer les idées reçues. Le prestigieux magazine britannique The Economist a dévoilé son palmarès annuel des performances économiques de l'OCDE, et contre toute attente, la France se hisse à une honorable 11ème position. Ce résultat place l'Hexagone dans la première partie du tableau, faisant de lui l'un des rares grands pays industrialisés à résister au marasme ambiant, devançant même des géants que l'on pensait intouchables comme les États-Unis ou l'Allemagne.
Pour établir ce constat, l'hebdomadaire ne se contente pas de regarder la seule croissance du Produit Intérieur Brut. Son analyse repose sur une combinaison de cinq indicateurs cruciaux : l'évolution du PIB, le taux d'inflation, l'étendue de cette hausse des prix, le dynamisme de l'emploi et la santé des marchés boursiers. C'est précisément cet équilibre qui permet à la France de briller. Avec une croissance modeste mais réelle d'environ 0,9 % et une inflation mieux maîtrisée que chez ses voisins, le pays prouve que ses structures économiques possèdent une inertie protectrice face au chaos législatif. Le secteur de l'aéronautique, porté par les succès d'Airbus, et le rebond de l'investissement des entreprises durant l'été ont agi comme de véritables amortisseurs.
Le taux d'inflation : l'atout majeur de la France
L'inflation est l'indicateur où la France a marqué des points précieux cette année, lui permettant de dépasser les États-Unis. The Economist utilise deux mesures distinctes pour cet indicateur : l'inflation sous-jacente (qui exclut l'énergie et l'alimentation, trop volatiles) et la "diffusion" de l'inflation.
En 2025, la France affiche une inflation globale autour de 1,0 %, avec une inflation sous-jacente stabilisée à 1,5 %. C'est une performance remarquable car elle se situe en dessous de la cible des 2 % de la Banque Centrale Européenne. À titre de comparaison, le Royaume-Uni a lutté avec une inflation de 4 %, ce qui a lourdement pesé sur son classement (27ème). La France a réussi ce que les économistes appellent un "atterrissage en douceur" : les prix ont cessé de s'envoler sans que la consommation ne s'effondre totalement. Le Portugal, grand vainqueur, affiche une inflation de 2,3 %, soit une déviation quasi nulle par rapport à l'objectif idéal, signe d'une économie parfaitement "calibrée".
L'évolution du PIB : une résilience face aux géants
Concernant le Produit Intérieur Brut, le classement ne regarde pas la richesse totale, mais la variation réelle sur l'année. C’est ici que le paradoxe français s'exprime : malgré un climat politique tendu, la croissance française s'établit à 0,9 % en 2025.
Si ce chiffre peut paraître modeste, il est bien supérieur à celui de l'Allemagne (+0,2 %), qui frôle la récession. La France a bénéficié d'un rebond des exportations, notamment dans le secteur aéronautique et le luxe, tandis que l'Allemagne souffre de la fin de son modèle basé sur l'énergie russe bon marché. Cependant, la France reste loin derrière le Portugal (+2,4 %) ou l'Irlande, qui profitent d'un afflux massif d'investissements directs étrangers et d'un secteur touristique en pleine surchauffe.
La comparaison avec l'Allemagne est particulièrement frappante. Longtemps érigée en modèle de rigueur et de puissance industrielle, la première économie d'Europe se retrouve reléguée en queue de peloton. Plombée par une crise industrielle durable et une croissance atone de seulement 0,2 %, l'Allemagne subit de plein fouet la remise en question de son modèle énergétique et productif. À l'inverse, la France, grâce à un mix énergétique plus décarboné et une consommation des ménages qui a su rester résiliente malgré les vents contraires, apparaît comme le nouveau pôle de stabilité relative au sein de la zone euro.
Même la superpuissance américaine ne parvient pas à égaler le score français dans ce classement spécifique. Bien que les États-Unis affichent un PIB nominal toujours dominant, ils souffrent cette année d'une inflation persistante et d'un ralentissement du marché de l'emploi qui pèsent lourdement sur leur note finale. Leurs marchés boursiers, bien que performants, n'ont pas montré la même progression relative que certains indices européens.
Toutefois, la France n'est pas la championne absolue. Le haut du classement est dominé par les nations du Sud de l'Europe. Le Portugal s'empare de la première place, suivi de près par l'Irlande, Israël et l'Espagne. Ces pays affichent une combinaison rare de croissance vigoureuse et d'envolée boursière, portée par une attractivité retrouvée et un tourisme record. Si la France peut se réjouir de devancer ses rivaux historiques du Nord, elle reste un ton en dessous de ces économies "agiles" qui ont su transformer leurs vulnérabilités passées en leviers de croissance. Ce classement 2025 est donc un encouragement pour Paris : la résilience est là, mais le chemin vers le podium exige des réformes de fond sur la productivité que les querelles politiques actuelles peinent encore à faire émerger.