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La décision de justice rendue ce 19 décembre 2025 sonne comme un désaveu cinglant pour la direction de La France insoumise. En annulant les exclusions des « frondeurs », le tribunal judiciaire de Paris met à nu la réalité d’un mouvement qui, sous couvert d’innovation organisationnelle, dissimule une gestion autocratique centrée autour de Jean-Luc Mélenchon.
Depuis sa création, LFI se targue d’être un « mouvement gazeux ». Ce concept, théorisé pour éviter les lourdeurs bureaucratiques et les guerres de courants des anciens partis, est devenu, au fil des ans, l’outil parfait de l’opacité. Sans adhérents formels (remplacés par des « insoumis » sans droit de vote), sans direction élue et sans instance de recours, le mouvement s’est transformé en une citadelle imprenable où la loyauté au chef prime sur le débat d'idées.
Le verdict : le rappel à l’ordre de l’État de droit
Le jugement du tribunal est sans appel : on ne peut pas exclure des membres d’une structure sans respecter les principes élémentaires de la défense. En tentant d'écarter Raquel Garrido, Alexis Corbière ou Danielle Simonnet pour crime de lèse-majesté — ou plus simplement pour avoir rejoint le mouvement « L’Après » — la direction de LFI a agi comme si elle était au-dessus des lois régissant les associations.
La justice rappelle une vérité fondamentale : dès lors qu’un mouvement politique perçoit des financements publics et structure la vie démocratique, il ne peut être le terrain de jeu arbitraire d’un petit cercle. L’absence de procédure contradictoire et l'impossibilité pour les exclus de se défendre ont été jugées illégales. C’est le concept même de « coordination nationale », nommée par cooptation et sans mandat clair, qui voit sa légitimité voler en éclats.
La verticalité comme seule boussole
Derrière cette structure « gazeuse » se cache en réalité une verticalité absolue. Jean-Luc Mélenchon, bien que n’ayant officiellement aucun titre de direction, reste le seul décideur ultime. Les purges de 2024 et 2025 n'étaient pas des ajustements stratégiques, mais une volonté délibérée d'étouffer toute voix dissonante capable de porter une alternative au sein du camp insoumis.
Cette gestion autocratique est le grand paradoxe de LFI. Alors que le mouvement réclame à cor et à cri une VIe République plus démocratique et moins centrée sur le pouvoir présidentiel, il s'applique à lui-même un régime que certains n'hésitent plus à qualifier de « monarchie interne ». À LFI, la parole circule de haut en bas, et ceux qui tentent de l’inverser sont systématiquement poussés vers la sortie.
Vers une institutionnalisation forcée ?
Cette défaite judiciaire pourrait marquer un tournant historique. LFI est désormais acculée : soit elle persiste dans son déni de démocratie interne au risque de voir toutes ses futures décisions annulées par les juges, soit elle accepte enfin de se doter de statuts transparents, de votes réels et d'une séparation des pouvoirs.
En voulant rester « gazeuse » pour échapper au contrôle de ses militants, La France insoumise s'est brûlée au feu du droit. Pour un mouvement qui prétend représenter le peuple, l’incapacité à organiser sa propre démocratie est une tache indélébile qui interroge sur sa capacité réelle à gouverner le pays sans dérive autoritaire.