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Châteauneuf-sur-Isère, le 22 août 2025 – Une controverse majeure secoue le paysage politique français à l’aube de la rentrée politique. La France Insoumise, dirigée par Jean-Luc, a décidé d’interdire l’accès de son université d’été, les « Amfis », à un journaliste du Monde, Olivier Pérou, co-auteur avec Charlotte Belaïch du livre-enquête La Meute, publié en avril 2025 par Flammarion. Ce livre, qui s’est écoulé à plus de 52 000 exemplaires en seulement deux semaines, dresse un portrait critique des pratiques internes du parti et de son leadership, provoquant une onde de choc au sein de la gauche radicale.
Une décision qui rappelle l’extrême droite
Cette mesure, dénoncée comme une atteinte à la liberté de la presse, n’est pas sans précédent dans le contexte français. Jusqu’à récemment, seul le Rassemblement National avait adopté des pratiques similaires, notamment en restreignant l’accès des médias lors de ses événements. Le cas le plus récent concerne Marine Le Pen, dont la candidature à l’élection présidentielle de 2027 a été invalidée en raison de charges de corruption, accentuant les tensions autour de la liberté d’expression dans les sphères politiques extrêmes. En adoptant une ligne similaire, LFI alimente les critiques sur son virage autoritaire, comme l’a souligné Edwy Plenel, co-fondateur de Mediapart, dans un tweet cinglant publié hier soir : « Jusqu’ici seule l’extrême droite interdisait les journalistes qui lui déplaisent. Que LFI fasse de même [...] contredit sa prétention à démocratiser la République. »

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Une escalade médiatique
La décision de LFI a suscité une réaction immédiate de la part de Jérôme Fenoglio, directeur du Monde, qui a qualifié cette interdiction d’« attaque frontale contre la liberté de la presse ». D’autres médias, comme Libération, où travaille Charlotte Belaïch, ont également exprimé leur indignation, soulignant que cette mesure vise à étouffer les critiques portées par La Meute. Le livre explore les tensions internes au sein de LFI, notamment les évictions de militants chevronnés et l’ascension d’une jeune garde loyale à Mélenchon, des accusations que le parti rejette en qualifiant l’ouvrage de « diffamatoire ».
Une contradiction avec la 6e République ?
LFI se positionne comme un mouvement porteur d’une refonte démocratique majeure : la création d’une 6e République, un projet qu’elle promeut depuis 2016 avec l’idée d’une constituante et d’une gouvernance plus participative. Ce projet, soutenu par Jean-Luc lors de sa campagne de 2017 et repris dans le programme de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (NUPES) en 2024, vise à dépasser les limites de la 5e République, jugée trop centralisée et éloignée des citoyens. Pourtant, l’interdiction d’un journaliste soulève des questions troublantes sur la capacité du mouvement à incarner ces idéaux. Si la liberté de la presse et le pluralisme sont des piliers d’une démocratie participative, cette décision semble contredire les fondements mêmes de la 6e République prônée par LFI.
Les critiques internes et externes s’amplifient : La Meute révèle une organisation où les décisions émanent d’un cercle restreint autour de Jean-Luc, avec peu de place pour le débat contradictoire. Cette centralisation, alliée à l’exclusion des voix critiques, pourrait indiquer que le fonctionnement interne de LFI peine à refléter les principes de transparence et de décentralisation qu’elle revendique.
Promouvoir une 6e République sans pratiquer la démocratie au sein de son propre mouvement est un paradoxe difficile à défendre …