À travers les témoignages d’anciens proches, l’émission met en lumière une réalité glaçante : Mélenchon, loin d’incarner les valeurs d’émancipation et de justice qu’il prône, agit en véritable « parrain » d’une organisation où la contradiction est synonyme de purge.
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Une gestion autocratique : l’absence de démocratie interne
LFI se revendique comme un mouvement « gazeux », ni vertical ni horizontal, où la voix du peuple primerait. Mais dans les coulisses, comme le révèle Complément d’Enquête, c’est une tout autre réalité. Danielle Simonnet, ancienne figure historique du mouvement, désormais députée avec le groupe écologiste, témoigne d’un fonctionnement opaque et autoritaire : « Y a pas de vote dans La France Insoumise ! C’est ça qui est magique. » Pas de congrès, pas de courants, pas d’élections internes, et même pas d’adhérents au sens classique. Ce constat, corroboré par d’autres ex-insoumis comme Raquel Garrido et Alexis Corbière, montre que LFI est une machine verrouillée par Mélenchon et sa garde rapprochée, où toute tentative de débat est étouffée.
L’émission revient sur la création, en décembre 2022, d’un nouvel organe de direction au sein de LFI, dont plusieurs figures historiques apprennent l’exclusion par des voies détournées, comme un journaliste de l’AFP pour Corbière. Ce « grand nettoyage », comme le qualifie Complément d’Enquête, illustre la volonté de Mélenchon de s’entourer exclusivement de fidèles, tels que Mathilde Panot, Clémence Guetté, Sophia Chikirou ou encore son gendre Gabriel Amard. Ce fonctionnement, où les désignations se font sans consultation, est aux antipodes des idéaux démocratiques prônés par LFI, qui promet une « révolution citoyenne » et une VIe République participative. Comment un mouvement qui appelle à la souveraineté populaire peut-il tolérer un tel centralisme autoritaire en son sein ?
Intimidations et purges : le règne de la peur
Les témoignages les plus troublants de l’émission concernent les méthodes d’intimidation employées par Mélenchon pour maintenir son emprise. Danielle Simonnet révèle des échanges Telegram de 2021, où le leader insoumis lui adresse des messages d’une violence inouïe, qualifiés par l’intéressée de « harcèlement moral politique ». Lors d’une brouille liée à l’investiture de Sophia Chikirou, proche de Mélenchon, dans la 6e circonscription de Paris, ce dernier écrit : « Ne crois pas que je ne me rende pas compte », dénonçant des « combines pourries des planqués » avant de menacer : « Je vous passerai tous à la trappe et c’est tout. » Ces mots, dévoilés à l’écran, traduisent une volonté claire de museler toute opposition interne.
Raquel Garrido, autre « purgée » de LFI, confirme ce climat de terreur : « L’intimidation est un comportement usuel de Jean-Luc Mélenchon. Le fait d’envoyer des SMS comminatoires, intimidants, menaçants, c’est quelque chose qu’il fait souvent. » Alexis Corbière, qualifiant Mélenchon de « parrain », va plus loin : le message implicite des évictions est clair : « Si vous me tenez tête, je peux vous purger aujourd’hui, demain ou après-demain. » Ces pratiques, loin d’être des « engueulades » comme tente de le minimiser Mathilde Panot, instaurent un climat de peur où la loyauté absolue au chef prime sur toute forme de débat ou de critique constructive.
Ces purges, orchestrées notamment lors des législatives anticipées de 2024, ont visé des figures historiques comme Simonnet, Garrido, Corbière, mais aussi Clémentine Autain ou François Ruffin, accusés de fronde ou de vouloir monter des initiatives indépendantes. En écartant systématiquement ceux qui osent diverger, Mélenchon transforme LFI en une secte où la pensée unique règne, en complète contradiction avec l’image d’un mouvement ouvert et pluraliste.
Sophia Chikirou : le symbole d’un favoritisme toxique
L’émission pointe également le rôle controversé de Sophia Chikirou, communicante et députée LFI, dont l’influence au sein du mouvement est perçue comme un facteur de division. Proche de Mélenchon, à la fois politiquement et personnellement, Chikirou bénéficie d’un statut d’« intouchable », selon plusieurs témoignages. Complément d’Enquête rappelle les tensions autour de son parachutage dans la 6e circonscription de Paris en 2022, qui avait provoqué une fronde locale. Mélenchon, loin de chercher l’apaisement, avait alors accusé Simonnet d’en être l’instigatrice, déclenchant une série de messages menaçants.
Ce favoritisme envers Chikirou, déjà épinglée pour des soupçons de surfacturation lors de la campagne présidentielle de 2017, illustre un autre paradoxe : alors que LFI dénonce les élites et les privilèges, Mélenchon protège une fidèle au détriment des principes d’équité et de transparence. Ce comportement alimente un sentiment d’injustice au sein du mouvement, où les militants et cadres historiques se sentent trahis par un leader qui privilégie son cercle restreint.
Un discours égalitaire, des pratiques oppressives
Le contraste entre le discours de LFI et les pratiques de Mélenchon est saisissant. Alors que le mouvement prône la justice sociale, l’égalité et la démocratie participative, son leader adopte des méthodes dignes d’un potentat. Les idéaux d’émancipation vantés dans les meetings s’effacent devant un management brutal, où les critiques sont punies et les loyautés récompensées. Comme le souligne Complément d’Enquête, Mélenchon se prépare activement pour la présidentielle de 2027, mais à quel prix ? En muselant les voix dissidentes et en instaurant un climat de peur, il fragilise son propre mouvement et décrédibilise son projet politique.
Les révélations de l’émission ne sont pas seulement un coup dur pour l’image de Mélenchon ; elles mettent en lumière une trahison fondamentale des valeurs qu’il prétend défendre. En agissant comme un autocrate, il sape l’espoir d’une gauche véritablement démocratique et inclusive. Les insoumis, censés incarner la révolte contre les injustices, se retrouvent soumis à un chef qui tolère mal la contradiction. Mélenchon, en quête de pouvoir absolu au sein de LFI, risque de transformer son mouvement en une coquille vide, où l’idéal révolutionnaire cède la place à la tyrannie d’un seul homme.
« On s’est tous fait engueuler. »
— Complément d'enquête (@Cdenquete) April 24, 2025
🔴 D’anciens insoumis racontent à #ComplementDenquete les coulisses d’une réunion sous haute tension dans les sous-sols de l’Assemblée nationale, en pleine tempête Quatennens.
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