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Ali Shamkhani, ancien secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale et proche du guide suprême Ali Khamenei, est connu pour avoir été l’un des artisans de la politique de répression et du maintien du voile obligatoire pour les femmes.
La scène, filmée dans un hôtel luxueux de Téhéran, montre des invitées non voilées, riant et dansant. Dans un pays où des milliers de femmes sont arrêtées, battues, voire tuées pour un voile mal ajusté, ces images ont fait l’effet d’une gifle pour des millions d’Iraniens.
Mahsa Amini : l’étincelle toujours vive
Le souvenir de Mahsa Amini, morte en septembre 2022 après son arrestation par la police des mœurs pour un voile « mal porté », reste une plaie ouverte. Sa mort avait déclenché des mois de révolte populaire sous le slogan « Femme, Vie, Liberté », sévèrement réprimée par les forces de sécurité.
À l’époque, Shamkhani dirigeait encore le Conseil suprême de sécurité nationale, l’organe qui a coordonné la réponse du régime.
Sous sa supervision, Internet avait été coupé, des centaines de manifestants tués, et des milliers arrêtés. Pour beaucoup d’Iraniens, il incarne ce système de pouvoir opaque et impitoyable qui impose la modestie aux autres mais s’exonère lui-même de toute règle.
Le double visage du pouvoir
Ce mariage révèle l’hypocrisie d’une élite dirigeante qui vit dans l’aisance et la liberté, pendant que la population subit la crise économique, la censure et la répression. Les réseaux sociaux iraniens ont explosé d’indignation : les filles des puissants peuvent se marier en robe occidentale. alors que les nôtres sont emprisonnées pour une mèche de cheveux.
Pour les opposants, cette vidéo n’est pas une simple faute morale, mais le symbole d’un régime en décomposition, coupé de sa société et miné par sa propre hypocrisie.
Une révolte silencieuse qui gronde
Depuis la mort de Mahsa Amini, la société iranienne a profondément changé, de nombreuses femmes sortent désormais tête nue dans les rues, défiant ouvertement les autorités.
Le régime multiplie les campagnes de répression, mais l’obéissance a cessé d’être automatique. Les contestations sociales, économiques et culturelles se multiplient, malgré la peur.
Ce scandale du mariage agit comme un nouveau catalyseur : il révèle que même les partisans du pouvoir ne croient plus en la légitimité morale du système.
Vers une chute du régime es mollahs ?
Prédire la chute d’un régime aussi enraciné que celui des mollahs reste difficile. Mais plusieurs signes laissent penser que le pouvoir perd progressivement le contrôle de la société.
L’autorité religieuse est en crise, la jeunesse n’écoute plus les sermons, les forces de sécurité sont démoralisées et la corruption des élites détruit la cohésion interne du régime.
Les analystes iraniens en exil parlent d’un « point de non-retour moral » : quand un pouvoir fondé sur la vertu religieuse perd sa crédibilité, il perd aussi sa raison d’être.
Le mariage de la fille de Shamkhani n’est pas un incident isolé : c’est le miroir d’un système qui ne croit plus en lui-même.
Le contraste entre la répression brutale des femmes ordinaires par le régime islamique et la liberté des familles dirigeantes résume toute la crise iranienne actuelle. La mort de Mahsa Amini avait déjà mis à nu la violence du régime ; la robe de la fille de Shamkhani dévoile maintenant son hypocrisie.