En Allemagne le problème s'appelle Merkel, en Grèce Papandréou, en France Sarkozy. Il y a bien d'autres appellations ailleurs sur la planète, mais au delà des variantes, il reste le même, son nom : "néolibéralisme".
Parmi les variantes, il y a celles qui revendiquent cette appellation, la promeuvent, la droite "décompléxée", et celles qui font avec, qui gèrent "parce qu'il n'y a pas d'autres solutions", la gauche social-démocrate.
Le néolibéralisme "libéré" : un échec
Le néolibéralisme s'avère un échec, incapable de s'autoréguler, le voilà destructeur de richesses, pire encore, le voilà machine à détruire du lien social, des avancées sociales, bref détruire du "bien vivre". Sur ce point la lecture de "La voie (Edgar Morin) est éclairante.
Comment expliquer aux populations que le néolibaralisme, doctrine "libérée" dont ils ont pu "jouir sans entrave" depuis 30 ans, "merveilleuse" mécanique à produire de la richesse (au dire de ses promoteurs), conduise en fin de compte à un appauvrissement, alors même que la productivité de chaque heure travaillée n'a cessée d'augmenter pour trois raisons : 1 / développement des technologies, 2 / élévation des niveaux de compétences, 3 / amélioration et optimisation des organisations.
Et chaque travailleurs a personnellement contribué à ces développements, élévations et améliorations. Tout ça pour devoir enclencher la marche arrière sociale ! Comment ne pas demander des comptes ? Comment ne pas vouloir reprendre le pouvoir ?
Le néolibéralisme "libérée", sans concurrence extérieure ni contre-poids intérieur a eu ainsi l'occasion de donner toute la mesure de ses bienfaits, mais il a surtout prouvé ses insuffisances, ses limites, ses faiblesses "génétiques" et en fin de compte sa dangerosité au plan social : La lecture de la Grande Regression (Jacques Généreux) est très instructive sur ce point.
Bonne nouvelle : Grâce aux Grecs notamment, la crise est de plus en plus clairement identifiée comme économico-politique
Ce que cette crise indique, c'est qu'elle est effectivement économique et politique, et c'est une bonne nouvelle que l'on puisse ouvertement la présenter ainsi :
Economique parce qu'elle révèle que le modèle néolibéral qui a gagné la bataille idéologique depuis 30 ans, est en faillite, incapable de se réguler ... il faut donc refaire de la politique, même si, par intérêt de classe et/ou manque de claivoyance, il y a encore beaucoup de politiques (à droite, au centre et même à gauche) qui refusent de voir cet échec et continuent à marteler "qu'il n'y a pas d'autres politique"?
Politique, parce qu'elle montre que la "gouvernance" sans les peuples ça ne passe plus. La "Gouvernance" qui consiste à créer des "pouvoirs experts" surplombant les élus, représentants des peuples. Gouvernance qui revient à générer des "technostructures décisionnelles" ayant de fait pour objectif de faire de la politique sans les ressorts de la démocratie. "Gouvernance" qui est un substitut du gouvernement démocratique, et qui est senser faire le bonheur du peuple malgré lui.
Le 20 ème siècle nous a déjà proposé d'autres idéologies ayant eu cette objectif ... maintenant que l'on sait ou ça mène, retomber dans cette ornière ne serait plus une erreur, mais une faute.
Le néolibéralisme, doctrine économique, veut maintenant le pouvoir politique
Face à ses limites, incapable de s'amender, dans sa fuite en avant le néolibéralisme s'attaque maintenant directement au pouvoir : il veut prendre le pouvoir politique. Emmanuel TODD le montre avec clarté dans "Après la démocratie"
Reprendre le pouvoir
Désormais, pour les peuples, l'enjeu est clair : il s'agit d'une lutte pour reprendre le pouvoir, car la crise européenne le montre, en Europe, le mal est fait, le ver est largement installé dans le fruit : Les politiques ont eux-même ont mis en place les outils de transfère du pouvoir aux Maîtres du néolibéralisme : les acteurs de la finance internationale.En voulez-vous une illustration flagrante ?
Pour parvenir au "fameux accord" du 27 octobre 2011, les chefs d'Etat ont négocié avec les Banques. Les Banques étaient à la table des négociations, car il était hors de question de leur imposer quoique se soit : il fallait surtout que l'accord préserve leurs intérêts bien compris. Et les peuples ? Ceux qui sont invité à payer la note n'ont pas eu droit à la parole ... Quand on fait mine de leur la donner, de demander leur avis ... quel scandale !. Comment on oserait demander aux grecs ce qu'ils pensent de la purge dont ils sont victimes ! Puisqu'il n'y a pas d'autres solutions qui convienne, d'abord aux banques bien sûr, pourquoi demander l'avis aux gens qui de toute façon ne comprennent rien à rien. c'est qu'ils sont capables de voter "NON" les bourgres ! Voyez les Irlandais, les Hollandais, les Français en 2005 !
La nouvelle démocratie en Europe se résume ainsi : si vous êtes d'accord avec l néolibéralisme, ok vous pouvez voter, sinon on se passe de vous "parce qu'il n'y a pas d'autres solutions". Toujours la même rengaine !
Alors chaque peuple va devoir prendre ses responsabilités et dire s'il accepte cette néodémocratie, ou s'il décide de reprendre le pouvoir au néolibéralisme, pour mettre ou remettre ce dernier sous tutelle.En France : balayer devant notre porte c'est se débarraser des Sarkozismes
En France le néolibéralisme s'appelle Sarkozy. La chance de la France c'est que des élections se présentent dans les 6 mois. Certains considèrent que la victoire sur Sarkozy est quasi acquise. Mais quelles victoire ?
Attention : Un Sarkozimse peut en cacher un autre
D'une part Sarkozy n'est qu'une variante du néolibéralisme. Il ne faut donc pas croire que se débarasser du Sarkozi revient à se débarasser du Sarkozisme ... qui est un produit des institutions de la 5 ème République : lesquelles peuvent reproduire un clone.
D'autre part rien ne dit que la 5ème République ne renvoie pas dès 2012 un clone parfait de Sarkozy : Sarkozy lui-même en chaire et en os.
Certes, on peut estimer que Sarkosy ne pourra être réélu que dans le cadre d'évènements majeurs, dramatiques ou dramatisés, si possible "désespérant", angoissant etc .
Donc c'est certain Sarkozy est désormais à l'affut de toute situation qui peut conduire à ce type d'évènements. Pire, il cherche les moyens de créer ces situations. Et la crise Européenne fait partie de ces situations exploitables.
Il ne faut absolument pas croire la défaite de Sarkosy acquise. Ce qu'il est en train de faire c'est, dans un premier temps, regrouper la droite derrière lui : on le constate actuellement.
Il ne faut pas oublier que ce pouvoir est blessé, acculé à gagner pour se sortir des très mauvaises affaires qui sont potentiellement "mortelles" : et un pouvoir blessé ne peut être que très dangereux.
Se rêver Bonaparte, et devenir Mussolini
Sarkozy prend goût, visiblement, à l'exercice autocratique du pouvoir, il a des coup de menton à la Mussolini qui ne trompent pas. Coups de mentons y compris à "l'extérieur" : voyez comme il traite le premier ministre d'un Etat souverain qui à les mêmes droits que la France au sein de l'Europe. Faut-il déclarer la souveraineté d'un pays variable en fonction de son poids économique ! Serait-ce une nouvelle règle de la néodémocratie ? Sarkosy convoque Papandréou, mais ne vous y trompez pas : il y a, hélas, des français que ça flatte : notre peuple est aussi fait de gens de cette trempe... sinon il n'aurait pas élu un Sarkosy et ne serait pas susceptible de le réélire.En France le bonapartisme est un feu qui couve et que des mauvais vents de l'histoire sont toujours prèt à attiser. Un émule de Bonaparte peut devenir une sorte de Napoléon, ce qui n'est déjà pas, en tout point, un cadeau. Mais pire : le risque est grand qu'il devienne plutôt un Mussolini, quand il n'a pas les qualités de Bonaparte, le vrai.
Pour balayer devant notre porte nous avons deux chantiers majeurs :
- Elire une Assemblée Nationale porteuse d'alternatives au néolibéralisme : ça existe. Il y a une offre politique claire qui s'appuie sur des concepts désormais de mieux en mieux définis : de quoi produire un véritable programme de gouvernement réaliste et donc réalisable.
- Sortir de la République monachique, qui offre une pente naturelle au glissement vers le bonapartisme.
Il se trouve qu'une offre politique claire propose ces deux chantiers. A tous ceux qui veulent les voir ouverts, je suggère vivement de saisir l'occasion, de profiter de cette offre politique en votant utilement pour leurs idées, d'abord au premier tour des Présidentielles, ensuite et surtout au troisième tour, les législatives, lesquelles peuvent s'avérer le levier essentiel du changement.
Le chemin du changement existe.
Si vous manquez de conviction et/ou de motivations, je vous suggère de prendre une petite heure, le temps de suivre
Stéphane HESSEL et Edgar MORIN sur le "Chemin de l'espèrance". Une petite randonnée très instructive, qui donne de l'allant et de la santé pour affronter les évènements, avec clairvoyance et détermination, voire enthousiasme ! Le leur est communicatif. Ne pas s'en priver !