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Billet de blog 20 novembre 2010

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La 5ème République a la classe politique qu'elle mérite.

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Sarkosy : un pur produit de la 5ème.

De l'effet et de la cause

Une analyse superficielle des affaires de plus en plus troubles et tordues qui s'enchainent et touchent le sommet de l'Etat pourrait conduire à penser qu'elles sont essentiellement le produit des dérives sarkosyennes de l'exercice du pouvoir. Certes le comportement et les caractéristiques psychologiques de Nicolas Sarkosy focalisent le regard, captent l'attention et peuvent conduire à une excessive centration sur sa personne au point de faire oublier le contexte. Et le danger c'est alors de prendre l'effet "Sarkosy" au combien observable (notamment avec la maîtrise et les moyens de communication dont il use) pour la cause du mal-être démocratique dont souffre la France.

Il faut d'ailleurs bien se persuader que Sarkosy a volontairement cherché à capter l'attention sur sa personne en usant des côtés pipoles, mêmes s'il doit craindre actuellement que ceci se retourne contre sa personne : Il risque fort de subir une loi de la communication qui peut se résumer ainsi " celui qui vit par la communication périra par la communication".

Mais soyons convaincu que même si Nicolas Sarkosy doit finir par sombrer et couler largement lesté par les affaires actuelles, rien ne nous autorise à penser que son successeur ne poursuivrait pas l'œuvre destructrice de la démocratie qu'il a engagé. J'allais presque écrire :" ne serait pas conduit à poursuivre l'œuvre destructrice", c'est à dire à dévaler une fatale pente déjà trop bien savonnée.

Remonter la pente savonnée

Pour tenter de remonter la pente savonnée, ll faut préalablement se poser la question de savoir, comment Nicolas Sarkosy a pu être possible (et est encore possible) dans la cadre d'une France réputée démocratique. Faute d'apporter une réponse à cette question, Nicolas Sarkosy (ou un des ses clones) garde un avenir politique en France, Et autant tout de suite se l'avouer sans détour, des clones il y a en a potentiellement dans tous les azimuts politiques, de la droite à la gauche, aucune des orientations politiques n'est à exclure par principe.

Pour s'en convaincre il suffit de faire un petit inventaire des affaires de corruptions financières, conflits d'intérêts, détournements d'argent public, barbouzeries, trafics d'influence, et autres piétinements de l'Etat de droit qui se sont succédés en un 1/2 siècle de 5ème République.

Il ne s'agit pas, disant ceci d'en tirer hâtivement la conclusion fataliste que décidément, puisque droite ou gauche c'est pareil, alors il n'y a rien à faire, sauf à s'amuser des évènements présents en attendant les prochains épisodes.

Force est de constater qu'il y a autour de nous des démocraties capables de contenir dans les limites du raisonnable les inévitables tentatives de dérives auxquelles invite l'exercice du Pouvoir. Pas d'angélisme : la cupidité, l'avidité, la vanité, la volonté de puissance, l'orgueil, ... sont autant de "qualités" bien humaines et aucune société humaine, fût-elle la meilleure des démocraties, ne peut s'estimer définitivement débarrassée des effets de ces "qualités" sur la vie sociale et politique.

Mais parce que le vol et le viol persistent malgré leur pénalisation, doit-on pour autant supprimer les lois qui les qualifient et les sanctionnent ? Sous prétexte que la perfection n'est pas accessible doit-on pour autant s'interdire de vouloir un peu plus l'approcher en marchant simplement dans sa direction, ou faut-il carrément lui tourner le dos pour choisir d'aller de mal en pis ?

Puisque nous sommes dans la mauvaise direction et sur la pente savonnée qui nous éloigne des valeurs démocratiques, faut-il se laisser aller ?

La démocratie, la majorité du peuple en veut, ça va de soi (?)

Est-ce une évidence ? Pas autant qu'on pourrait le croire. Qu'une majorité de citoyens se déclarent attachée à l'ensemble des valeurs démocratiques, tout en pensant pouvoir se dispenser personnellement de certaines, s'estimant non concernée, est une hypothèse à ne pas négliger. L'individualisme forcené qui règne conduit beaucoup de citoyens à penser que nombreuses lois de protection des libertés individuelles ne sont pas faites pour eux, puisque eux n'ont et n'auront de leur point de vue jamais besoin des dites lois, ou mieux qu'il pourront s'en accommoder, ou pire qu'au fond elle peuvent potentiellement les gêner.

Illustration : la suppression de la carte scolaire. Considérant que malgré la carte scolaire il n'y avait pas suffisamment de mixité sociale dans les établissements scolaires, il a été décidé la la supprimer. Conséquence : ce qui était dénoncé et qui justifié la "réforme" , l'insuffisante mixité sociale, s'est largement aggravé !!! Personne ne pouvait avoir le moindre doute sur ce point, mais ... une majorité de français ne pensant qu'à eux même, a pensé qu'elle pourrait s'affranchir des pesanteurs sociologiques en "évitant" pour ses propres enfants les "mauvais établissements". Une majorité de français s'est ainsi manifesté silencieusement pour la suppression de la carte scolaire (parmi eux la majorité des professeurs ) parce que tout à fait d'accord au fond sur la création et le renforcement des ghettos sociaux, sans se rendre compte que tel un boomerang ces ghettos leur renvoient de la crise du lien social, du communautarisme, et du sentiment d'insécurité, dont il se plaignent par ailleurs.

Lumières : prière de ne pas confondre zones d'ombres et obscurantisme

l'Angélisme serait de prendre pour évident la partage de l'ensemble des valeurs démocratiques par la grande majorité des citoyens comme un acquis : ça reste définitivement pour l'humanité un combat à mener... et le "Contrat Social" , qu'elle se donne, a justement pour seul vrai objectif de pouvoir continuer à mener ce combat. Ceux qui ont pu penser que les Lumières avait une fois pour toute posés des fondements ayant pour objet de supprimer toute zone d'ombre, ont mal lu : Il y a bien plus de lucidité et de clairvoyance sur la nature humaine que d'angélisme chez eux. Leur propos est de faire que les peuples se dotent de Constitutions capables d'éclairer en tant que de besoin les inévitables et d'ailleurs parfois salutaires zones d'ombres, afin que ne s'y terrent et ne s'y développent des forces "mafieuses" susceptibles de jeter toute la société dans l'obscurité, autrement dit l'obscurantisme.

Parfois salutaires ai-je dis : oui car l'ombre n'est pas en soi malsaine, vouloir la supprimer par principe est une perversion paranoïaque du Pouvoir qui conduit à l'inévitable totalitarisme, dont on a connu aussi bien les débordements tant à droite qu'à gauche. L'ombre c'est aussi ce qui permet de ne pas avoir à choisir entre Hitler et Staline.

Renouveler le "Contrat Social"

Se débarrasser du personnage Sarkosy, certes, mais ne pas prendre en considération qu'il n'est qu'une sécrétion des institutions de la 5ème République, c'est faire une lourde erreur. Une erreur qui conduit à la faute, car c'est prendre tous les risques de se retrouver demain avec une autre sécrétion toute aussi douteuse de cette République.

Dans mon précédent billet j'invitais à réfléchir à une 6ème République en ces termes :

Madame Eva Joly, le premier chantier concret c'est donc la refondation d'institutions démocratiques digne de ce nom. Bref il nous faut (et il vous faut) d'abord une 6ème République : la seule qui vous permettra de tenir le cap de vos engagements. Sinon vous serez, même à votre corps défendant, obligé de "jouer" avec les règles et les armes désormais dangereuses pour la démocratie qu'impose la 5ème et que ne manqueront d'utiliser vos adversaires Vous y perdrez votre âme... et vos/nos projets de civilisation seront morts nés.

Mais avant même de plonger dans la rédaction d'une 6ème constitution, il serait bon de réfléchir à quelques clés de voute d'un système démocratique aujourd'hui encore ou de nouveau discutables :

Premièrement : le système des partis et la démocratie représentative. Certains ont un peu vite jugé désuet le système de représentation pour parler de démocratie participative. Mais n'est-ce pas une béquille pour s'accommoder d'un mal provenant du fonctionnement non démocratique des partis politiques ? Qui dans le brouhahas actuel a remarqué que le parti au pouvoir vient de changer de dirigeant sans la moindre consultation démocratique de sa base ? Le Président en exercice a désigné le chef du parti au pouvoir. Une confusion patente entre exécutif et législatif en découle forcément. Mais ce n'est pas un "dégât collatéral" c'est parfaitement ce qui est voulu pour détourner la séparation des pouvoirs, principe de base de toute démocratie.

Il devient urgent, plutôt que d'éviter le problème en parlant de démocratie participative dont les contours sont et resteront circonstanciellement flous, de mettre en chantier une loi concernant les partis politiques plus exigeante sur le respect de principes de démocratie interne. Suggestion : pourquoi ne pas donner au troisième pouvoir, La Justice, la possibilité de contrôler dans certains cas "a priori" le fonctionnement démocratique des partis. Nous devons constater que dans les démocraties plus anciennes et installées que la nôtre, les chefs de partis sont plus facilement déboulonnables que chez nous. C'est dans le creuset des partis politique que naissent, vivent ou survivent (et meurent parfois) les "ténors" de la vie politique. Dis-moi où et comment tu es né, comment tu as survécu dans le marigot et je te dirai quel crocodile tu es. Ou autrement dit, pas de pêches sous les pruniers. Ce vivier que sont les partis ne peut secréter des démocrates si les règles qui le régissent ne sont pas elles-même démocratiques.

Deuxièmement : Information, communication, élection. Il faut prendre en compte l'importance des modes et techniques de communication dans le déroulement des procédures d'élection, notamment pour ce qui est de l'attribution des postes clés du Pouvoir. Le principe de l'élection d'un Président de la République au suffrage Universel ne peut être réfléchi en dehors de la question des moyens d'information et de communication existants. Notre société est celle de "l'emballage", ou le paraître se vend plutôt que l'être : la forme prend le pas sur le fond. Un peu de médiologie dans le sillage de Régis Debray n'est pas inutile pour s'apercevoir que les aspects techniques des canaux de la communication ne sont pas sans influence sur les contenus véhiculés. Il est donc capital de réfléchir à tout ce qui concerne le 4ème Pouvoir, celui de l'information. Et comment ne pas voir que se dessinent déjà les contours inquiétants d'une législation et d'une jurisprudence portant préjudice à la capacité de ce 4ème Pouvoir d'exister en tant que contre pouvoir.

Si Médiapart est actuellement un des derniers piliers de ce 4ème pouvoir, c'est autant à la technique informatique qui autorise son support, qu'à ses "journalistes". N'oublions jamais , il arrive que la fonction crée l'organe. Ce n'est pas sans raison que le Pouvoir exécutif tente de légiférer sur l'internet et le diabolise, il s'agit bien en s'attaquant à une technique d'information et de communication d'en tarir les capacités de contre pouvoir.

Et la 6ème république ?

Ce n'est qu'en ayant réfléchi et apporté des réponses aux deux préalables questions précédentes, et à quelques autres sans doute dont il faudrait faire le tour, qu'il sera indispensable et bénéfique de mettre en chantier une Constitution pour la 6ème République.

Le plus tôt sera le mieux : et le simple citoyen que je suis votera à la prochaine présidentielle, en dehors des clivages droite gauche, pour le candidat du parti politique qui aura sur ces questions réfléchi et fait des propositions concrètes. J'ajoute que j'espère que 2012 sera la dernière élection d'un Président de la République, façon 5ème, convaincu, comme Mendes-France en 1962 qu'adopter le principe de l'élection d'un Président de la République au suffrage Universel direct était une erreur à éviter

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