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Billet de blog 16 juin 2023

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Ma chère France

Grands patrons du monde à Versailles, avion aux couleurs de la République française pour le Président ukrainien, Jeux Olympiques, plein emploi mais aussi des métiers sous tension, des arrestations arbitraires, des pénuries, de la neutralité idéologique, du narcotrafique, le suicide des paysans, des policiers écrasés et une infirmière assassinée. Alors, rayonnement ou sabotage de la France ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Je t’écris pour te donner les dernières nouvelles du Pays que tu aimes tant. Je t'avertis que la vie si apaisée et rayonnante que tu as connu ici s’éloigne sous des nuages assombrissant. Te souviens-tu de ces paroles vertueuses prononcées par le gouvernement français à la fin du COVID-19 ? « Plus jamais cela. » Eh bien, il y a quelques jours, un homme a poignardé six personnes, dont quatre enfants en bas âge. La semaine d’avant, une infirmière de 38 ans a été assassinée dans son service. Elle était mère de 2 jeunes enfants. La veille, trois policiers étaient également tombés, ils avaient 24 ans. Ils ont été écrasés. Toutes les semaines, les Français baignent dans cette morosité ambiante. Meurtres, sécheresse, fermetures d’usines, pénuries … Chaque jour le français a droit à son fardeau copieusement médiatisé. Pourtant ce pays que tu chéris tant n’est pas en guerre, mais il est bien victime d’un envahissement qui intoxique tout sur son passage. De l’extérieur du pays, les nouvelles semblent bonnes, la France rayonne de nouveau. On reçoit les grands patrons de ce monde à Versailles, on affrète un avion aux couleurs de la République française pour le Président ukrainien, on va organiser les Jeux Olympiques, une période de plein emploi est en approche. Hélas ! Ces résultats ne reflètent guère la qualité de vie des Français. Je vais te narrer la vie quotidienne de ces millions de gens aguerris à la contrainte morale.

Aujourd’hui, plus personne ne travaille, tout le monde traite les affaires courantes. Chaque emploi est précarisé par de mauvaises conditions de travail et une intensification du rythme de celui-ci. Il n’y a plus de maçons, de plombiers, de livreurs, de conducteurs, de coiffeurs, d’infirmiers, de policiers, de pompiers, de médecins, de chirurgiens, de mécaniciens, de cuisiniers, de serveurs, de couvreurs, de professeurs, d’assistants maternels … La France a fait un bon de 60 ans en arrière concernant les conditions de travail. Pour ce peuple dont la justice sociale coule en son sang, plus personne ne trouve les conditions acceptables et dignes de son histoire commune.

Ces emplois qui ont fait la fierté de millions de Français depuis la Seconde Guerre Mondiale sont tout simplement délaissés. Comme figé par le temps, les conditions de pratique n’ont pas évolué.  Par exemple, devenir professeur était un signe de réussite à cette époque, mais maintenant c’est un emploi peu valorisé par la classe dirigeante, par les médias et par son peuple. Dans ces conditions, les salaires attirent de nombreux étrangers qui tentent leur chance en France pour ces emplois. Par logique, de plus en plus de travailleurs sont d’origines étrangères. Sans rien médiatiser, on accentue la migration de travail. On justifie cette nécessité par la fainéantise d’une certaine classe de la population Française qui refuserait de travailler. Il faut avoir en tête que le delta entre ces travailleurs et la globalité des aides financières que perçoivent ces « carriéristes de la paresse » sont de l’ordre de 300 euros. Figure-toi que nombreux sont ceux qui partagent la même espérance de vie. Ce manque de travailleurs vient également du vieillissement de la population conjointement associé à une forte baisse de la natalité. Il faut dire que pour les travailleurs ayant des enfants, il n’y a pas assez de crèches, de pédiatres, d’écoles, de garderies sur le territoire. Et pour ceux qui ont le bonheur d’avoir un enfant, ils doivent faire confiance à des professionnels débordés, en sous-effectifs, lâchés, critiqués sans cesse et en manque de formation. Pour ceux qui travaillent, qui gagnent moyennement leur vie, ils doivent tout payer, c’est-à-dire la crèche, la garderie, la cantine, les frais de scolarité pour finalement avoir quasiment autant d’argent à la moitié du mois que ceux qui ne travaillent pas. Dans ce très mauvais jeu de société, beaucoup de couples ne veulent plus avoir d’enfants, car dans cette France on ne vit plus de son travail. Pour faire face à ce déficit des naissances, il faut du monde, toujours plus de monde pour travailler et donc potentiellement plus de personnes étrangères.  

Ces étrangers très appréciés du patronat français sont néanmoins présumés coupables des grands maux de la société française. Dans les bassesses de la pensée, curieusement colportées par des médias français, l’étranger est souvent désigné comme celui qui augmente l’insécurité du pays. Il peuplerait les prisons. Bref, il devient soudainement un problème. Toute la journée, des journalistes libres et dépendants imprègnent sans relâche ni vergogne qu’ « il faut faire des lois pour obliger les fainéants à travailler et qu’il faut virer les étrangers qui profitent du système » dans les médias. Ces grandes idées novatrices illustrent également les orientations de 75 % des partis politiques représentant la population française.

La France a tellement perdu de sa valeur au cours de ces dernières années, que dans de nombreux territoires, de millions de français se retrouvent en situation de médecine humanitaire. Il faut des mois pour avoir un rendez-vous chez un médecin spécialiste qui n’a que très peu de temps à accorder à ses patients. Beaucoup abandonnent l’idée d’avoir un médecin de famille. Tous les jours, des Français meurent par défaut de soin ou de rupture de parcours de soin. En ce qui concerne la sécurité du pays, de nombreux territoires sont devenus des zones de non-droits. Les habitants sont terrés dans la peur de sortir, il y a des règlements de compte dans les rues, la guerre des parrains règne, la drogue est en vente dans chaque ville et gagne la ruralité. On vend même de la drogue devant les écoles élémentaires ! Un jour des balles perdues siffleront au-dessus des cours de récréation… Les armes circulent et la France découvre le narcotrafic. Comme de nombreux Français, je me demande que fait la Police. Les policiers ne sont pas épargnés par les mauvaises conditions de travail. Peu de voitures en état de fonctionnement, des locaux délabrés, certains agents sont obligés de financer eux-mêmes leur gilet par balle, leur matériel d’entrainement …Je te laisse imaginer les moyens dont ils disposent pour mener une enquête. Les voyous ont la place libre sur la nation. Ils peuvent prospérer à l’abri de la République.

Pendant des mois, nous avons vu des millions de gens dans la rue pour refuser le recul de l’âge du départ à la retraite. Figure-toi que ces braves gens ont dû faire face à des milliers de policiers. Ces policiers ont eu l’ordre de charger à plusieurs reprises ces cortèges. Comme aux heures sombres de nos pays despotes, des milliers de personnes ont été arrêtées de façon arbitraire. Pire, le gouvernement par l’intermédiaire de ses préfets a pris des arrêtés pour interdire ces rassemblements respectant la démocratie. La Police est devenue un outil au service d’une idéologie avant d’être républicaine comme aux heures sombres de ce pays.  Pendant ce temps, rien ne fut envoyé sur les milliers de dealers, sur ces réseaux de drogues qui incantent lentement dans les rues des Français. Mieux encore, ils ont réalisé des fouilles au corps pour interdire les personnes de manifester avec des casseroles au risque d’une menace d’attentat. Dans le même temps, il ne montre aucune démonstration de force dans les territoires où la menace est présente chaque jour.  Certains regroupements contre cette réforme furent interdits, mais on a vu des rassemblements de groupes néonazis défiler légalement dans les rues. Ton arrière-grand-père se demanderait si Pétain n’est pas ressuscité. Les pratiques de gestion de l’ordre, les communications officielles, les arrestations, les violences policières, les tenues portées, les techniques de déplacement sèment le doute dans de nombreux esprits biberonnés par les pensées de la France libre. Durant ces mois de lutte, les médias ont simplement diffusé et débattu des 0,001 % de manifestants qui ont créé du désordre dans quelques villes. Après la Police, les médias sont devenus un outil de persuasion mis en œuvre pour propager une neutralité idéologique. L’abêtissement universel de la population est octroyé 24h/24 par la radio, par la presse, par le cinéma, par l’instruction officielle et par tous les moyens d’expression de la pensée.

Un autre pilier de la France s’effondre chaque jour, le monde paysan disparait lentement. Chaque jour, un paysan meurt. Il s’apprête à abattre leurs vaches au lieu de leurs industries agroalimentaires qui produisent légalement des denrées hautement cancérigènes. L’agroalimentaire est parvenu à créer ces filières. Si bien que tout paysan est devenu un chef d’exploitation avant d’être un fermier.  Il est en concurrence avec un de ces voisins européens dont les cultures n’ont pas les mêmes cahiers des charges. C’est ainsi que tu trouves sur les étalages, des fruits récoltés à 5 kilomètres coutant plus cher que ceux produits à 10 000 kilomètres et sous un label bio ! Ce qui pollue et recouvert de cancérigènes ne coute pas cher en France : c’est ce que les distributeurs appellent les produits anti inflation, les offres à petit prix… Bref les pauvres gens et les ouvriers s’assurent ainsi d’une excellente espérance de vie en bonne santé.

Tu t’imagines bien que dans cette quintessence du bonheur quotidien, le moral des Français est à l’image de leur drapeau en ces heures de gloire. Il est en berne. Dans ce contexte social, les gens n’ont comme principale préoccupation que de réussir à terminer chaque mois. Ils végètent dans des emplois subalternes et cela, quelle que soit leur classe sociale. Chaque classe, chaque groupe social, chaque sous-ensemble de la population est confronté directement à la précarité. Quelle soit technique, sociale ou médicale, les Français sont grandement impactés par le délabrement de leur pays. Pourtant, dans ce dédale de décadences, des solutions apparaissent. Les métiers sous tension sont aidés par l’émergence d’entreprises du secteur privé à but lucratif. Celles-ci occupent une place accrue dans la transformation de la société française. Elles se mettent en place et partagent une culture commune. Un monde né de la spéculation ne peut proposer qu’une solution dispendieuse pour s’en sortir. De façon pragmatique, ces entreprises confient leurs activités à de nombreux sous-traitants.  Dès que tu souhaites entreprendre une démarche, des travaux, des soins… tout devient fastidieux, chronophage et onéreux.  Payer te permet d’accéder à la plupart des services recherchés, mais il ne t’assure en rien de la qualité. Cet esprit de spéculation a gagné toutes les classes. Ce modèle économétrique s’attaque même aux enfants, et ce dès la naissance. On calcule la rentabilité des crèches, des écoles, des hôpitaux pour enfant. La chair humaine a une valeur et donc un prix. La stérilisation des hautes valeurs de la vie a impacté le pays des Droits de l’Homme.

Alors on est en droit de se demander « qui est à l’origine du sabotage de la France ? » Figure-toi que ce n’est pas la spéculation qui a mis la France dans cet état, mais c’est la corruption.

Chaque année, les politiciens baissent les financements du service public, symbole de l’unité française dans le monde. Ils votent également afin de créer des situations périlleuses dans tous les domaines où de grandes compagnies peuvent émerger sans concurrence. Généralement, quand ces grandes firmes s’immiscent dans une branche, les législateurs ne votent aucune loi d’encadrement des pratiques. Mieux, ils votent pour octroyer des aides financières sans contrepartie afin de contribuer aux déploiements de ces groupes. Ce qui a changé au cours des dernières années, c’est que la plupart des partis politiques sont infectés par ces imbroglios. Les élus de tout bord font le choix chaque jour de vendre l’héritage français, les monuments, des parts de routes, des parts de rivières, des parts de champs, des parts de savoirs, des parts d’éducations, des parts de recherches, des parts de sécurité, des parts de la France. La France est à vendre. Il n’y a plus de parti politique majoritaire tant ils veulent tous sauver leurs privilèges avant de sauver celui du bien commun de cette brillante nation. À chaque vote, ces hommes d’affaires d’État élus démocratiquement élèvent la France, mais enterrent la patrie des Droits de l’Homme. De la mairie d’un petit village à la capitale française, chaque administration de ce pays fonctionne par des combinaisons politiques. Plus personne ne parle au nom du peuple français et de la place de l’individu dans la société. Pourtant je t’assure qu’il frémit à l’idée d’un ordre social plus juste.

En 2024 tu pourras voir l’exaltation de cette France qui n’existe plus. À Paris, les Jeux Olympiques seront majestueux. Néanmoins, ces jeux ne seront pas populaires. Ici les politiques, les journalistes, les anciens sportifs à la bassesse morale glanent que le prix pour assister à cet événement n’a pas augmenté depuis les dernières olympiades ! Ils ont sans doute raison. Le Monde pourra alors constater que la liberté, l’égalité et la fraternité a un prix comme à Pékin, à Londres, à Rio, elle n’est plus une exception française !

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