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Billet de blog 2 avril 2010

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Plaine Commune: le développement ne profite pas aux habitants

Une partie de la Seine-Saint-Denis bouge, se transforme. Mais la population qui y habite n'en ressent pas encore les bénéfices. C'est le bilan qu'on peut tirer d'une étude de l'INSEE Ile-de-France parue le 2 avril, et qui concerne la période 1999-2006.

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Une partie de la Seine-Saint-Denis bouge, se transforme. Mais la population qui y habite n'en ressent pas encore les bénéfices. C'est le bilan qu'on peut tirer d'une étude de l'INSEE Ile-de-France parue le 2 avril, et qui concerne la période 1999-2006.

L'étude ne s'intéresse pas à toute la Seine-Saint-Denis, mais à la communauté d'agglomération de Plaine Commune, qui regroupe huit villes.

Plaine Commune, 340.000 habitants, 136.000 emplois, s'est indéniablement développé depuis 2000, date à laquelle la communauté d'agglomération (chargée de l'aménagement du territoire, de la voirie, du développement économique et de l'emploi) s'est crée.

Depuis 1999, la hausse du nombre d'emplois est deux fois plus importante que dans le reste du département. (+18%) Plaine Commune dépasse son niveau d'emploi de 1975, après 25 ans de baisse.

Les créations et les transferts d'établissements jouent beaucoup dans cette évolution: plutôt que de payer bonbon à Paris ou à la Défense, beaucoup d'entreprises du tertiaire ont préféré venir s'installer dans les quartiers de la Plaine et de Pleyel à Saint-Denis.

Mais les transferts d'établissements ne bénéficient pas aux habitants du territoire. «Le décalage entre la qualification des emplois offerts et celle des actifs résidents s'est accentuée au fil du temps et a incité les actifs à être mobiles», note l'INSEE. En 2006, on comptait ainsi trois emplois de cadres pour seulement un cadre résident.

A l'inverse, le nombre d'employés ouvriers baisse. Et les ouvriers de Plaine Commune sont plus souvent obligés d'aller chercher du travail loin de chez eux. Seulement 3 actifs occupés sur 10 résidant à Plaine Commune y travaillent.

Certes, la population change aussi. Au-delà d'une très forte natalité, pour la première fois depuis les années 70, les arrivées sur le territoire sont plus nombreuses que les sorties. Mais en dépit de ce regain démographique et économique, particulièrement visible à Saint-Denis et Aubervilliers, les cadres ne représentent que 10% des actifs entrants.

Si la part de locataires HLM baisse un peu (-3,3 points, à 44%), la part d'étrangers continue, elle, d'augmenter. (+18% contre +6% pour la population française), la population asiatique y étant pour beaucoup (18% des étrangers à présent).

Au final, le développement économique ne profite donc guère à la population locale. L'écart entre les ménages les plus pauvres et les plus riches aurait même tendance à se creuser. Le taux de chômage est toujours deux fois plus élevé à Plaine Commune que dans la région. Les actifs y sont plus touchés par la précarité, l'interim, le temps partiel. D'autant que le niveau de qualification progresse peu: en 2006, plus de la moitié de la population non scolarisée de plus de 15 ans ne possède aucun diplôme (ou niveau collège). Alors que ce n'est le cas que d'un tiers des habitants de la région. Et 30% de la la population de Plaine Commune vit sous le seuil de pauvreté.

A lire en PDF: l'étude l'INSEE dans son intégralité