« Marine Le Pen joue la dissolution », et le Journal du Dimanche joue au con. Dans son édition du 2 novembre, l’hebdomadaire consacre ses trois premières pages à la présidente du Front National qu’il présente comme la « première opposante » à François Hollande selon un sondage IFOP.
En pages intérieures, même mise en scène. On apprend que « Marine Le Pen est l’adversaire la plus efficace à droite ». Puis en titre d’un 2e article : « La patronne du FN, première adversaire selon les Français ».
Dans l’article, le matraquage continue : « Marine Le Pen arrive en tête des personnalités politiques de droite incarnant l’opposition à François Hollande ». (…) « Plus surprenant encore, Marine Le Pen domine chez les sympathisants de toutes les grandes familles de droite et du centre (MoDem, UDI, UMP), qui dénient donc le rôle de premier opposant à leurs propres leaders. »
En réalité, cela n’a rien de surprenant. Car ce n’est pas « selon les Français » qu’elle est la première adversaire du pouvoir. Mais selon le Journal du dimanche (JDD). L’hebdomadaire livre en effet une interprétation très particulière de la réponse apportée par « les Français » (enfin, 1005 Français) à une question qui n’est pas explicitement spécifiée dans le journal.
Seule mention, incomplète, de l’intitulée, en haut de l’infographie imagée : « Ceux qui s’opposent le plus, dans leurs propos et leurs actes, à François Hollande ». L’étude exhaustive, mise en ligne lundi après-midi, est plus nette :
En clair, la question n’est pas : « Selon vous, qui est l’opposant No1 à François Hollande aujourd’hui ? ». Mais « qui s’oppose le plus », bref qui est le plus éloigné du président. Sans surprise, l’extrême-droite s’oppose plus nettement par son discours plus radical, que le centre ou l’UMP.
Et en toute logique, à gauche, à la même question, Jean-Luc Mélenchon arrive en tête. Sauf que Marine Le Pen est jugée par le JDD « la plus efficace à droite », quand Jean-Luc Mélenchon est simplement considéré comme « le plus virulent à gauche ».
« Efficacité » d’un côté. « Virulence » et « véhémence » de l’autre. L'interprétation de la « première opposante », de « l'alternative » sera pourtant reprise sur tous les sites de presse.
L’étude, ainsi tripatouillée, justifie certainement aux yeux de la direction du journal l’interview on ne peut plus complaisante qui l’accompagne. Pas une question dérangeante. Pas une objection. A ce stade, ce n’est plus une opération de dédiabolisation. C’en est une de légitimation. Dont les journalistes portent l’entière responsabilité.