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Billet de blog 24 décembre 2025

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Une dystopie effrayante

Trump non seulement soutenu par les services russes, mais travaillant pour eux, pour Poutine ? Le scénario en est mauvais, trop énorme. Pourtant cette hypothèse est étayée par des faits sérieux. 

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Le scénario en est mauvais, trop énorme. Et pourtant cette dystopie de l’horreur qu’est l’actuelle période historique pourrait provoquer la fin de notre monde, d’une manière ou d’une autre.

L’Amérique d’aujourd’hui est un puzzle dont beaucoup de pièces suggèrent ce pitch inouï, difficile à admettre : Trump est non seulement soutenu par les services russes, mais travaillerait pour eux, pour Poutine. Oui, pour l’ex-lieutenant-colonel du KGB. Fusion entre les totalitarismes du xx-ème siècle, mariage des barbares et des folies du pouvoir. On évoque parfois cette hypothèse, qui est étayée par des faits sérieux. Mais en général on la tait prudemment, tellement elle est énorme, et par manque de preuves dignes de ce nom. Sidérés, atterrés, blessés de perdre le bon sens, ou envahis par le dégoût, beaucoup sombrent dans un silence qui protège les agresseurs.

Il est vrai, pourtant, qu’on a pu lire dès 2020 le livre de Fabrizio Calvo (« Un parrain à la Maison Blanche »), regarder en 2024 le documentaire d’Antoine Vitkine (« Opération Trump : les espions russes à la conquête de l’Amérique »), et aussi examiner qui sont les dirigeants du FBI, de la CIA, du FSB qui ont été démis. On pourrait d’ailleurs simplement consulter Wikipedia. Il est alors naturel de supposer que Trump avait été approché, voire engagé par les services russes, dès la fin des années 1980.

Illustration 1
Matriochkas de Trump et Poutine dans une boutique de souvenirs à Moscou, octobre 2025

Mais jusqu’à la Maison Blanche ? Quel serait le chantage assez fort pour le « tenir » ? Le nom de Tulsi Gabbard, nommée récemment à la tête du renseignement américain, a violemment réveillé des soupçons : elle a entre autres relayé les propagandes de Bachar el-Assad et de Vladimir Poutine. On peut, on doit maintenant garder en tête la rencontre de Trump avec Poutine en Alaska. Le « plan de paix » dicté par les Russes à Steve Witkoff est le dernier en date des faits pour le moins troublants ; il est sinistre. Il faut répéter ce que Nancy Pelosi, leader des Démocrates au Congrès, avait dit dès 2017 : « Il doit y avoir une commission extérieure ; indépendante et bipartisane, qui investisse sur les connexions politiques, personnelles et financières de Trump avec les Russes ».

« Trump travaille pour le FSB », ai-je écrit. Par conviction ? Contre rémunération ? Probablement pas — une rémunération est aujourd’hui inutile. Mais peut-être, pour Trump, un grave « kompromat »

Compromettre les dirigeants des pays non-Russes dans des affaires liées au sexe est un des domaines où le KGB a excellé. Or l’affaire Epstein a touché large et haut chez les élites anglo-américaines, jusqu’au sommet de la Cour d’Angleterre : il est plus que vraisemblable que le KGB ait infiltré cette affaire. Le fait que Trump puisse être éclaboussé par ses relations avec Epstein ne fait plus guère de doute. Cela ouvre donc la voie à l’hypothèse ahurissante : le Président des États-Unis d’Amérique, immergé dans son délire narcissique, qui joue avec les guerres et démolit l’humanité, serait aux ordres du FSB pour étouffer de sordides affaires de sexe, de vices ou de sévices. Allégeance ou servitude déguisées en amitié politique. Hypothèse certes ahurissante.

Mais pas invraisemblable aujourd’hui, dans le cadre de l’effrayante coalition que nous subissons. Les anciens adversaires de la guerre froide, tous deux aux mains d’oligarques mafieux, ont en commun la passion d’une hiérarchie des inégalités — inégalités des civilisations, des couleurs de peaux, des religions —, rejettent toute forme de contre-pouvoir, retrouvent le chemin d’une bigoterie moyenâgeuse et prétendent défendre la liberté d’expression pour mieux l’écraser.

Dystopie ou réalité ? 

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