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Billet de blog 22 août 2025

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La vache, le renard et l'oisillon TDAH

Un petit oiseau s’ébattait dans le nid douillet de ses parents qui s’étaient absentés : un oisillon, fils unique et un peu turbulent, probablement souffrant d’un TDAH pas encore diagnostiqué. Il gigotait, criait, sautait, dansait, chantait ...et finalement il tomba du nid.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Je vais vous raconter une histoire, une fable.

La 1ère fois ou j’ai entendu cette fable, c’était en formation de directeur d’établissement spécialisé et j’ai tout de suite su qu’elle figurerait en exergue, dans mon mémoire.

J’en fus rapidement et fermement dissuadé. Non que le fond ne correspondait pas au sujet et aux « problématiques » qu’on nous apprenait à « travailler », mais la forme ne convenait pas du tout aux usages d’un mémoire de CAFDES.( Certificat d’Aptitude à la Fonction de Directeur d’Établissement Social et médico-social)

J’en convins et renonçai.

Toujours sur une question de forme, je fus convoqué par la directrice qui aimablement m’informa que ma tenue vestimentaire ne convenait pas non plus aux usages de la soutenance à l’École Nationale de Santé Publique de Rennes.

Je la remerciai du conseil et elle n’insista pas.

Une collègue, sœur Claudine, fut elle aussi convoquée pour une question vestimentaire. Elle portait l’habit religieux, fort bien d’ailleurs.

Elle était directrice d’une maison de retraite et avait toujours porté l’habit religieux qu’elle garderait donc.

J’ai assisté à sa soutenance. Le jury l’a assaillie de questions sur la religion, la laïcité…

En langage administratif de l’ENSP, elle a été « ajournée ».

Il y avait aussi dans cette promotion de 1997 un curé. Il était en civil et roulait en moto BMW K 1200 GT.

Je crois que c’est lui qui m’a conté la fable que voici et que j’ai un peu agrémentée.

Un petit oiseau s’ébattait dans le nid douillet de ses parents qui s’étaient absentés : un oisillon, fils unique et un peu turbulent, probablement souffrant d’un TDAH pas encore diagnostiqué.

Il gigotait, criait, sautait, dansait, chantait ...et finalement il tomba du nid.

C’était l’hiver et heureusement un tapis de feuilles mortes amortit sa chute.

C’était l’hiver et malheureusement il faisait très froid.

L’oisillon grelottait et petit à petit s’engourdissait.

Il appelait « Au secours, à l’aide ! »

La tortue fit un léger détour pour l’éviter car il était sur sa trajectoire et elle n’avait pas de temps à perdre.

Le lièvre passa à toute allure sans même lui jeter un œil.

Le loup l’ignora.

Le cheval faillit l’écraser préoccupé qu’il était par une mouche.

L’âne était trop préoccupé par le sort qui l’attendrait.

La cigogne, le chien, le corbeau …. tous furent sourds aux appels du pauvre oisillon qui commençait à s’éteindre  petit à petit, ses appels devenaient imperceptibles.

Il gelait et mourrait de froid !

Soudain apparut une vache qui n’avait vraiment rien à faire dans ces histoires.

Elle se pencha sur l’oisillon et avec un regard attendri lui demanda «  Pauvre petit oisillon, comment puis je t’aider ? »

Le petit oiseau était tellement frigorifié qu’il ne put répondre.

La vache, désemparée devant la détresse de l’oisillon essaya de le réchauffer.

Elle pouvait se coucher sur lui pour lui donner un peu de sa chaleur, mais elle l’aurait écrasé.

Elle essaya de le frictionner, mais avec ses gros sabots ce n’était pas raisonnable.

Elle se souvenait : « Primum non nocere ».

Elle eut alors une idée géniale, vachement géniale. Elle s’éloigna un peu de l’oisillon, puis avec une délicate marche arrière plaça sa croupe juste au dessus du petit oiseau : elle se concentra sur l’affaire et lâcha une belle bouse toute fumante qui enveloppa l’oisillon .

L’effet fut immédiat, il sorti de son engourdissement, s’ébroua, s’agita et remercia bruyamment la vache.

Quant à elle, satisfaite du devoir accompli, elle adressa un dernier tendre regard à l’oisillon et s’en fut paître.

L’oisillon pouvait attendre bien au chaud le retour de ses parents.

Mais l’oisillon comme nous le savons était hyperactif. Il gigotait, criait, sautait, dansait, chantait…

Tout ce vacarme arriva aux oreilles du renard.

Il s’approcha doucement et murmura à l’oreille de l’oisillon :

« Pauvre petit oisillon, tu es tout merdeux, je vais te sortir de là, je vais t’aider... »

Le renard prit le petit oiseau, doucement avec des feuilles humides l’essuya, le fit tout beau et tout propre...et d’un coup d’un seul le croqua et l’avala.

Moralité de la fable :

Ceux qui te mettent dans la merde ne te veulent pas forcement du mal, par contre, méfie toi toujours de ceux qui veulent t’en sortir.

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