Cette exposition se garde bien de rappeler que Pirandello fut un des membres les plus prestigieux du Parti Fasciste, y ayant adhéré en 1924, après l'assassinat du député socialiste Mattéotti par les sicaires mussoliniens. Il fut également signataire du Manifeste des Intellectuels Fascistes lancé par G. Gentile et il fit don de sa médaille du Prix Nobel 1935 pour financer la féroce guerre coloniale lancée par Mussolini contre l'Ethiopie.
Si l'on objecte que s'agissant d'une exposition de peinture, les détestables choix politiques de Luigi Pirandello n'avaient pas lieu d'y être évoqués, je crois au contraire qu'ils importent à un double titre du point de vue même de l'évolution artistique du père et du fils:
1°) le post-impressionisme décoratif du peintre amateur qu'était Luigi dit à mon avis quelque chose de son conformisme politique de l'époque;
2°) l'évolution de son fils vers un style expressioniste proche de l'Art Dégénéré honni par les nazis est à mettre en relation avec son séjour parisien de 1928-1930 qui lui permit de gagner en autonomie idéologique et esthétique vis-à-vis de son père et de se libérer de l'étouffante ambiance du régime fasciste.
Ainsi on peut constater que depuis l'arrivée au pouvoir de la post-fasciste Giorgia Meloni certaines questions ne sont plus posées en Italie.
Ceux qui critiquent la "cancel culture de Gauche" et la "culture de l'excuse" feraient bien de relire la parabole de la paille et de la poutre.