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retraité de l'ingénierie informatique et aéronautique et de l'enseignement dit supérieur (anglais de spécialité), écrivain et esprit curieux

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Billet de blog 3 juillet 2024

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Le roi Milei sera bientôt nu

Milei se promène un peu partout en Europe et aux Amériques pour se faire applaudir dans divers raouts d'extrême-droite alors que le pays s'enfonce dans la crise.

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La sévère récession induite par la politique monétariste de Milei (5% de chute du PIB au premier trimestre en rythme annuel; le FMI vient de réviser à la hausse son estimation de la récession argentine à 3,5% du PIB sur l'année 2024) limite les rentrées fiscales (TVA et autres) d'autant plus que l'agro-industrie reste assise sur ses stocks en attendant la prochaine dévaluation.

Milei se targue d'avoir annulé le déficit fiscal et réduit l'inflation (qui est encore de 4 à 5% mensuels: pas vraiment de quoi pavoiser) mais certaines dettes restent dues (surtout des paiements d'importation) et le superavit fiscal tant vantés est totalement bidon. Et surtout, l'inflation va repartir à la hausse avec les prochaines augmentations de prix du gaz et de l'électricité. Le FMI prévoit une inflation annuelle de 233% (on aime la précision chez les technocrates.)

Le FMI ne veut pas entendre parler de la dollarisation-fétiche de Milei et exige une nouvelle dévaluation avant d'accepter de faire un nouveau prêt (en fait, il s'agirait d'un jeu à somme nulle: afin d'éviter un défaut, le FMI prêterait à l'Argentine juste de quoi affronter les prochaines échéances de remboursements qui sont dûs... au FMI et autres organismes multilatéraux.) Le FMI a également imposé à Milei de renouveler l'accord swap avec la Chine (il y en a pour 5 à 6 milliards) et il devra aller à Canossa, ou plus exactement en visite officielle à Pékin pour prix de la mansuétude chinois à son égard après les insultes qu'il déversa contre la Chine.

Les échéances de juillet approchent (3,8 milliards de dollars de dette à rembourser) et malgré les promesses de Milei les caisses sont vides.

Milei rejette l'idée d'une nouvelle dévaluation car il sait que cela ferait de nouveau flamber l'inflation (comme lorsque il provoqua une inflation de 25% en décembre et janvier avec la dévalution effectuée dès son arrivée au pouvoir) mais la pression des marchés financiers s'intensifie: les prêteurs sont absents, les investisseurs ne se bousculent pas au portillon et la "brecha cambiaria" (l'écart entre cours officiel des devises et cours au marché parallèle dit "blue") est remontée à 50-60% (hier, l'euro blue valait 1554 pesos pour un cours officiel de 1037).

Le schéma de dévaluation contrôlée de 2% mensuel ("crawling peg") du peso vis-à-vis du dollar adopté par Milei et Caputo s'est révélé inadapté au rythme de l'inflation et Caputo a proposé vendredi dernier de monter le taux de glissement à 5% mais les marchés et les exportateurs agricoles ne s'en satisfont pas: ils exigent une nouvelle dévaluation massive (cela fait déjà plusieurs mois que l'agro-industrie réclame un dollar à 1500 pesos) ce qui signifierait la mort du récit miléiste sur la victoire contre l'inflation.

Dernière mauvaise nouvelle: il fait très froid en Argentine ces jours-ci (c'est l'hiver austral) et le coût augmenté de la consommation de gaz et d'électricité pour le chauffage ne va pas améliorer l'humeur des Argentins, ni l'état de leur porte-monnaie.

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