Les esprits chagrins n'auront bientôt plus de grain à moudre: la discrimination à l'égard des binationaux ne sera bientôt plus qu'un mauvais souvenir.
Comme je l'expliquais ici tout récemment: https://blogs.mediapart.fr/michel-delarche/blog/010116/propos-de-la-decheance-de-binationalite, le fait que la France (membre permanent du Conseil de Sécurité) figure parmi les cinq premiers signataires de la Convention de 1961 sur la réduction de l'apatridie (mais, sauf erreur de ma part, sans jamais avoir ultérieurement déposé d'instruments de ratification) n'est pas un obstacle à la déchéance de nationalité. On peut encore créer des apatrides dans les limites fixées par l'article 8.3 de ladite convention (voir le billet référencé ci-dessus pour plus de détail).
Mon propos initial était simplement de démontrer que la déchéancitude montée en mayonnaise par Hollande et Valls ne correspondait à aucune nécessité juridique et de faire apparaître l'inutilité de leur projet de réforme constitutionnelle, cette vile manoeuvre politicienne.
Il semble que l'idée fasse maintenant son chemin de ne pas limiter injustement et discriminatoirement la déchéance de nationalité aux binationaux: http://www.lefigaro.fr/politique/le-scan/citations/2016/01/04/25002-20160104ARTFIG00094-cambadelis-veut-etendre-la-decheance-de-nationalite-a-l-ensemble-des-francais.php
Bien que venant de Cambadélis, cette idée me semble excellente, car elle évite toute discrimination basée sur les origines ethniques et religieuses, et je ne peux que l'approuver sous réserve qu'elle soit appliquée largement (y compris à des blancs, normaux, pas belges comme disait Coluche).
Reste évidemment la définition de son champ d'application. C'est là que le bât blesse car l'article 8.3 de la Convention de 1961 est assez restrictif et il ne semble pas que la concoction de faux titres universitaires puisse être considérée comme un motif suffisant de déchéance, ce qui est à mon avis un peu dommage.
Cependant, du fait de cette poussée d'égalitarisme dans la déchéancitude, il convient de nous préparer à son extension à de nombreuses variétés de mauvais Français (et donc à nous-mêmes, notez le pluriel de majesté) une fois que la Présidente Le Pen aura clarifié les conditions d'application de ce fameux article 8.3
En conclusion, n'oublions pas les apatrides qui contribuèrent à la grandeur de la France et de l'humanité toute entière (Grothendieck, Kojève, Kibaltchich plus connu sous le nom de Victor Serge et j'en oublie sûrement beaucoup...)