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retraité de l'ingénierie informatique et aéronautique et de l'enseignement dit supérieur (anglais de spécialité), écrivain et esprit curieux

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Billet de blog 4 août 2016

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Argentine: La situation va s'améliorer... Ça va exploser d'ici la fin de l'année...

Après quelques jours d'interaction avec la famille, les amis et voisins du quartier je suis arrivé à cette conclusion contradictoire reflétant la polarisation de l'opinion publique.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Les électeurs de Macri veulent rester optimistes et ressassent le discours sur l'héritage reçu des Kirchners, bien qu'ils commencent à percevoir plus ou moins directement les effets du ralentissement économique.

Tel qui travaille dans le secteur de l'alimentation (fabrique artisanale de pâtes) et de la restauration (style bar-restaurant de quartier) ne ressent pas trop les effets de la crise (et il est vrai qu'arrêter de manger est certainement la dernière chose que vont faire les petits bourgeois portègnes qui constituent legros de sa clientèle) mais un de ses amis qui gère une fabrique de tuyauterie pour canalisations a vu ses prises de commande dégringoler vertigineusement au premier semestre du fait du gel de tous les programmes d'investissement prévus par le gouvernement précédent. Le nouveau gouvernement a promis un « plan Marshall »pour relancer les travaux d'infrastructure mais les projets tardent à se mettre en place et les nouveaux appels d'offre ne déboucheront pas avant la fin de l'année, de quoi causer du souci à bien des entrepreneurs du secteur d'autant plus que le secteur privé de la construction a chuté de 20% par rapport à l'an dernier.

Une cousine qui travaille à la comptabilité dans une PME familiale, et qui côtoie tous les jours le petit peuple de Buenos Aires (livreurs, employés de bureau, ouvriers, artisans...) pose un discours nettement plus pessimiste: selon elle il va y avoir une explosion sociale d'ici la fin de l'année si la situation économique ne se redresse pas significativement.

Un de nos vieux voisins retraité, lecteur de Pagina/12 (le seul quotidien qu'on peut qualifier de gauche malgré ses proclivités péronistes) est sur la même longueur d'onde.

Il semble que le président Macri ait pris conscience du danger de voir se cristalliser le mécontentement populaire et sa fragile base électorale s'affaiblir. Pour amadouer la CGT en cours de réunification, il applique la même tactique d'arrosage sélectif qui lui a permis de faire avaler par les gouverneurs et élus législatifs péronistes toutes les mesures anti-sociales adoptées au premier trimestre: verser quelques subsides et en promettre davantage pour plus tard. Il s'agit présentement de verser de l'argent dû par l'État aux oeuvres sociales des branches professionnelles (ces entités para-étatiques sont gérées en toute opacité par les syndicats de branche et servent de vaches à lait à une kyrielle de parasites: si vous avez un peu connu la MNEF des années 70 et 80, pas besoin de vous faire un dessin...) en n'oubliant pas de souligner au passage que l'ardoise en question est un héritage de la gestion Kirchner.

Les syndicats minoritaires et plus contestataires des deux CTA sont tenus à l'écart de la manoeuvre. Cette approche peut fonctionner quelque temps, car la bureaucratie syndicale péroniste est tout aussi vénale, clientélaire et dénuée de principes que les politiciens péronistes des provinces.

En attendant, un appel à un « ruidazo » (grand bruit) de protestation contre l'austérité (le pouvoir d'achat des classes populaires a baissé de 10% depuis l'arrivée au pouvoir de Macri) a été lancé pour jeudi 4 août au soir.

S'il remporte autant de succès à Palermo (le quartier devenu à la mode où vivent les classes moyennes intellectuelles) que les « cacerolazos » de décembre 2001 contre De La Rua (je me trouvais à Buenos Aires à l'époque, je pourrai donc comparer les niveaux de bruit), Macri aura du souci à se faire pour les élections intermédiaires de 2017.

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