Miguel Angel Pichetto n'est pas le plus connu des politiciens argentins et tant pour l'honneur de son pays que pour la hauteur du débat politique, il ne gagne pas à l'être. Il s'est répandu il y a deux jours en basses insultes dignes de Trump à l'endroit des Paraguayens (qui envahissent les hôpitaux et maternités argentins) et des Boliviens et Péruviens qualifiés collectivement de "vomissure" (il a expliqué que la Bolivie envoie en Argentine tous ses délinquants).
Pichetto n'est pourtant pas n'importe qui: en tant que chef du bloc péroniste au Sénat (où il représente la province nord-patagonique de Rio Negro) il a des responsabilités politiques importantes et en particulier celle de permettre la "gouvernabilité" comme on dit là-bas. Plus précisément, en permettant au gouvernement néo-libéral de faire passer ses lois et voter le budget, le bloc d'opposition auto-proclamée "responsable" qu'il dirige joue le même rôle de cocu satisfait que les notables andalous du PSOE en Espagne. Cette comparaison faite pour l'édification de mes lecteurs français est cependant trompeuse, car Pichetto ne se réclame évidemment pas de la gauche, mais relève plutôt d'une solide tradition péroniste de magouille politicienne, de corruption clientéliste et de nationalisme bovin.
Tout récemment, il s'est également illustré en défendant l'augmentation de 47% des salaires des élus législatifs (ramenée à 31% à la chambre des Députés suite aux protestations de l'opinion) en expliquant qu'il est: "difficile d'entrer dans la fonction publique parce que le destin final [des élus] est de terminer poursuivis par la justice" (sic)
Pichetto était un fervent kirchnériste quand les Kirchners étaient au pouvoir et il est devenu un tout aussi fervent apprenti-macriste depuis que Macri est devenu président.
Bref un authentique représentant de la vulgarité et de la démagogie tout-terrain qui font le charme discret du péronisme et du trumpisme.