1°) Le jour de l'hommage aux anciens combattants de la guerre des Malouines,Milei a fait un discours d'une complaisance extrême envers les colons britanniques, à rebours de la position inscrite dans la Constitution depuis la révision de 1994 et des efforts continus déployés depuis 40 ans par la diplomatie argentine pour maintenir ouverte à l'ONU et dans les autres instances internationales la question de la souveraineté sur les îles, s'aliénant ainsi les anciens combattants et leurs familles ainsi que l'institution militaire et les cadres de la chancellerie. De plus, Milei a snobé les anciens combattants présents. Par contraste, la vice-présidente Villaruel s'est rendue en Patagonie et a fait un discours conforme à la position diplomatique traditionnelle du pays tout en rencontrant des anciens combattants.
2°) Sur la question de l'accord avec le FMI, malgré l'optimisme affiché quant à l'obtention rapide de 6 à 8 milliards de dollars d'argent frais, rien n'est encore bouclé et au rythme où la Banque Centrale vend des dollars pour en maintenir le cours (1,3 milliards en une semaine) la pression dévaluatrice s'accentue (ce matin j'ai changé des euros aù taux de 1440 pesos, et cet après-midi, dans le même bureau de change, mon épouse a obtenu 1450 pesos par euro soit 0,7% dévaluation en quelques heures). Le gouvernement comptait aussi sur les ventes de soja pour remplir les caisses, mais les producteurs renâclent à vendre, d'autant plus que les cours ont baissé ces derniers jours du fait des tensions entre les USA et la Chine. Les turbulences financières déclenchées par Trump la semaine dernière frappent l'Argentine de plein fouet (l'indice de risque-pays est passé en quelques jours de 750 à 960 et ce n'est probablement pas fini.)
3°) Milei comptait que son alignement inconditionnel sur Trump lui assurerait un traitement favorable, et il a même fait un voyage-éclair en Floride pour se faire prendre en photo avec l'agent orange et obtenir une exemption tarifaire pour l'Argentine. Peine perdue: Trump ne l'a pas reçu et l'Argentine a subi le même traitement que les autres pays du Cône Sud (10% de taxes douanières en plus).
4°) La volonté de Karina Milei de lancer une confrontation électorale avec les cousins Macri dans leur fief de la capitale a eu comme premier résultat de provoquer une lourde défaite de Milei au Sénat où ses deux candidats à la Cour Suprême ont été rejetés à une très large majorité, les troupes de Macri et ses autres alliés de l'UCR ayant joint leurs voix aux opposants habituels du péronisme et de la Gauche. L'insistance de Milei à imposer les deux douteux candidats de son choix (un juge corrompu et un catholique réactionnaire de l'Opus Dei enseignant dans une université de seconde zone), sans négociation avec l'opposition et sans ménagement pour ses alliés, s'est retournée contre lui.
Bref, ce fut une dure semaine pour les libertariens, et celle qui commence ne n'annonce pas meilleure, tant l'idéologie du libre marché global promue par Milei se trouve prise à contrepied par la démarche protectionniste de Trump. Milei fait d'ores et déjà partie des principaux cocus du trumpisme, à l'instar de nos atlantistes européens.