Après la révolution de février, il devint un assistant du dirigeant SR Kérenski au ministère de la Guerre. S'opposant aux bolcheviques après la révolution d'octobre, il combattit l'Armée Rouge aux côtés des Polonais et des troupes de Kornilov avant de retourner en exil à Paris après la victoire de l'Armée Rouge sur les armées blanches. Il fut impliqué dans l'attentat manqué de Fanny Kaplan contre Lénine en 1924 ce qui lui valut une condamnation à mort commuée en peine de prison.
Il se suicida en prison (ou fut suicidé par le NKVD...) après s'être rallié au régime soviétique et être rentré en Russie.
Son fils Lev, né à Paris de sa compagne Evguenia Silberberg en 1912 (mais pas reconnu immédiatement par son père car Savinkov vivait alors sous un faux nom), devint un militant du Secours Rouge, puis un combattant communiste en Espagne républicaine. Il s'engagea dans l'armée française en 1939 puis participa à la Résistance FTP-MOI.
Comme Victor Serge, un autre révolutionnaire de cette époque troublée, Boris Savinkov se piquait de poésie (il avait traduit des poèmes de Verlaine et d'autres poètes français). Une édition posthume de sa poésie a été publiée à Paris en 1931 sous son nom de plume de Ropchine avec pour titre книга стихов (livre de vers). Elle n'est aujourd'hui trouvable que sur des sites pour bibliophiles.
J'ai pu glaner quelques poèmes de lui sur la Toile russe mais pas l'intégralité de cet ouvrage. Autant que je sache, sa poésie n'a jamais été traduite en français, contrairement à ses romans, ni rééditée récemment en Russie. Une sélection de ses poèmes préparée par Evtouchenko a été traduite en anglais en 1993.
J'ai choisi de vous traduire son poème sur la guillotine qui décrit bien son état d'esprit jusqu'auboutiste.
Гильотина —
Острый нож?
Ну так что ж?
Не боюсь я гильотины,
Я смеюсь над палачом,
Над его стальным ножом.
Гильотина — жизнь моя,
Каждый день казнят меня...
Каждый день два господина
В старомодных сюртуках
У меня сидят в гостях,
А потом за дверь выводят,
Крепко за руки берут
И под острый нож кладут.
В этом жизнь моя проходит...
И на казнь, как в балаган,
В воскресенье люди ходят.
Гильотина —
Острый нож?
Ну так что ж?
Я сейчас допью стакан...
Пусть на казнь меня выводят.
Ma traduction:
La guillotine
C'est un couteau tranchant ?
Et puis quoi maintenant ?
Je ne crains pas la guillotine
Je me moque du bourreau
De l'acier de son couteau
La guillotine c'est ma vie
Chaque jour ils me supplicient...
Chaque jour deux messieurs honnêtes
En redingotes désuètes
S'assoient chez moi en invités
Puis la porte ils me font passer
Me prennent les bras fermement
et me couchent sous le tranchant
Et ainsi ma vie se termine...
Comme au guignol les gens s'en vont
Le dimanche à l'exécution.
La guillotine
C'est un couteau tranchant ?
Et puis quoi maintenant ?
Là je vais terminer mon verre
Qu'ils m'emmènent sur l'échafaud.
Pour garder le rythme et les rimes, j'ai pris comme d'habitude quelques libertés avec la lettre du texte original.