Contrairement à ce qui se passe dans certaines villes étatsuniennes, la statue de Christophe Colomb n'a pas été abattue mais simplement déplacée (dans le cadre de la création du musée de la Aduana Taylor situé derrière la Casa Rosada) sur une jetée de la Costanera à hauteur de l'aéroport urbain Jorge Newberry. Personnellement, puisque Colomb n'est jamais venu dans le Rio de la Plata, je ne verrais aucune objection à son élimination définitive du paysage portègne...
Un volumineux cadeau "décolonial" d'Evo Morales a été installé à la place: devant le Centre Culturel Kirchner on peut désormais voir un hommage à Juana Azurduy de Padilla, héroïne bolivienne (on disait alors Alto Peru) des guerres d'indépendance.
La statue du Général puis président Julio Roca située près de la Place de Mai à l'entrée de la rue Bolivar (!) fait l'objet d'une demande récurrente de démontage de la part des progressistes, Roca et les autres traîneurs de sabre qui l'accompagnaient (dont le futur Colonel Falcon) ayant été de grands massacreurs d'indiens lors de la "Conquête du Désert" (colonisation du sud de la Pampa et du nord de la Patagonie) mais la droite nationaliste et la municipalité libérale-conservatrice de Buenos Aires s'y opposent farouchement.
Une autre statue équestre qui mériterait d'être déboulonnée est celle de Garibaldi (située à Palermo au milieu de la Plaza Italia). En effet Garibaldi et ses volontaires en chemises rouges se mirent dans les années 1845-46 au service du parti uruguayen "colorado" (soutenu par les Anglais, les Français et les Unitaires argentins) dans la guerre civile contre le parti "blanco" (soutenu par les Fédéralistes de l'alors président-dictateur argentin Rosas). Après avoir pillé Colonia (en Uruguay) puis Gualeyguachu (en Argentine) et Salto (en Uruguay), les Italiens attaquèrent Concordia (située en Argentine juste en face de Salto) mais durent battre définitivement en retraite après la bataille de San Antonio.
Bref, les Argentins ne sont pas rancuniers, mais il ne faut pas exclure que les historiens dit révisionnistes (parce qu'ils veulent réviser la version de la mythologie nationale créée par l'oligarchie libérale des Unitaires vainqueurs de Rosas) finissent un jour par s'attaquer à Garibaldi...
La rue Ramon Falcon (parallèle à l'Avenue Rivadavia, lui-même ex-président affairiste très corrompu par les impérialistes anglais, ce qui justifierait que cette longue avenue soit également débaptisée...) fait aussi périodiquement l'objet de demandes de changement de nom car Falcon devint, après sa participation aux campagnes génocidaires patagoniques de Roca, un féroce policier massacreur d'ouvriers grévistes (il mourut dans un attentat du jeune anarchiste russe Simon Radowitsky, d'où le vengeur refrain de tango: "Ciao Ramon, gracias Simon").
Ces demandes sont bien sûr systématiquement rejetées par la droite municipale car le "parti de la loi et de l'ordre" à la sauce Trump est de tous les temps et de tous les pays.