Le gouvernement se flattait de faire descendre en août l'inflation aux environs de 3% (NB: 3% mensuels) mais le dernier relevé de l'INDEC (équivalent argentin de l'INSEE) affiche un désespérant 4,2%. Plus grave pour les mois à venir, l'inflation-coeur (hors prix réglementés et facteurs saisonniers) est remontée à 3,7% ce qui montre que ces 4% d'inflation mensuelle constituent un plancher impossible à perforer.
L'objectif affiché par Milei d'une "inflation zéro" n'a aucune chance d'être atteint, à moins de détruire encore plus massivement des entreprises et des emplois et de réduire drastiquement le niveau de vie des Argentins des classes moyennes.
L'idée simpliste, venue tout droit des théories monétaristes, qu'il suffit de bloquer l'émission de monnaie pour supprimer l'inflation se heurte à la réalité des mécanismes persistant d'anticipation des acteurs économiques et surtout aux caractéristiques structurelles du système productif argentin: position oligopolistique des formateurs de prix dans le secteur agro-alimentaire et la grande distribution, désarticulation des filières productives par la désindustrialisation, chute de l'investissement publique dans l'amélioration des infrastructures de transport, manque d'innovation dans la sphère productive (sauf dans l'agro-industrie), priorité donnée au modèle extractiviste limitant la valeur ajoutée de la production brute.
(Si certaines de ces caractéristiques vous rappellent la situation française, vous n'avez pas tort...)
Le remède choisi par Milei et Caputo de réduire les taxes à l'importation pour faire pression sur les prix ne servira qu'à détruire un peu plus le tissu productif local sans que les oligopoles de la grande distribution ne soient réellement contraints de limiter leurs marges.
Le gouvernement a réussi, avec la complicité de quelques députés de l'UCR, à maintenir le veto présidentiel à la loi d'amélioration des retraites, mais cela ne servira qu'à réduire encore les perspectives de reprise économique à court-moyen terme, car les petits retraités dépensent l'intégralité de leurs maigres pensions, ce qui fait d'eux un des plus réactifs moteurs de reprise de la consommation.
L'ancien directeur de la Banque Centrale Argentine à l'époque du premier gouvernement Kirchner, Martin Redrado, a alerté hier sur le risque de défaut sur la dette externe l'an prochain, par manque de dollars dans les caisses de l'État.