La poétesse milanaise Antonia Pozzi (1912-1938) est quasi-inconnue en France.Bien qu'elle se soit suicidée à seulement 26 ans, elle a laissé une oeuvre abondante sous la forme d'un journal poétique commencé à la fin de son adolescence.
Sa poésie limpide et mélancolique mérite d'être mieux connue. En voici deux échantillons que je vous ai traduits cursivement en français..
Je ne sais pas
Je pense que ta façon de sourire
est plus douce que le soleil
sur ce vase de fleurs
déjà un peu
flétries
je pense que peut-être il est bon
que tombent de moi
tous les arbres -
que je sois une esplanade blanche déserte
à ta voix - qui peut-être
dessine les allées
pour le nouveau
jardin.
4 octobre 1933
Sentier
C'est beau de cheminer au long du torrent
on ne sent pas ses pas, on n'a pas l'impression
de s'en aller.
Du haut du sentier on voit la vallée
et des cimes lointaines aux marges
de la plaine, comme de pâles écueils
aux rives d'une rade - on pense
combien la terre est belle et douce
quand son crépuscule
s'attarde à rêver
avec de longues ombres bleues de montagnes
sur le côté - on chemine au long du torrent:
il y a un grand chant qui étouffe
la mélancolie.
9 août 1934