La panne informatique qui a provoqué hier l'arrêt des vols dans toute la région de Londres provient d'un dysfonctionnement du Système de Traitement des Plans de Vol (STPV) du centre de contrôle de Swanwick.
Dans chaque pays, ce système est au coeur de la gestion tactique du trafic aérien commercial. Il interagit avec la CFMU d'Eurocontrol à Bruxelles qui collecte les plans de vol et régule les flux à l'échelon de toute l'Europe, d'une part, et avec le système national de surveillance radar du trafic et les stations de travail des contrôleurs aériens d'autre part.
Contrairement à d'autres pays, les Britanniques n'ont jamais développé une compétence nationale autonome pour construire ce type de système: le système qui est tombé en panne hier est un système américain datant des années 1960, sur lequel ils ont collé des rustines pendant 50 ans pour l'adapter tant bien que mal aux évolutions qualitatives et quantitatives de la gestion du trafic.
Le logiciel du STPV anglais était programmé dans un langage baptisé Jovial (une extension temps réel du Fortran qui avait été créée pour le Pentagone vers 1965) et que plus personne d'autre n'utilise aujourd'hui.
Je me souviens qu'il y a déjà une douzaine d'années mes collègues anglais du secteur m'avaient raconté que le NATS faisait des ponts d'or (de l'ordre de 1000 livres par jour) à de vieux programmeurs Jovial partis à la retraite pour qu'ils reviennent modifier leur vieux système.
Ces vieux programmeurs ayant fini par disparaître, le NATS a dû en former d'autres qui continuent à bidouiller périodiquement ce système antédiluvien, en attendant que le nouveau système livré par l'industriel espagnol INDRA devienne opérationnel. La mise en service du nouveau système est prévue pour dans deux ans mais la TMA (Terminal Maneuvering Area: zone d'espace se trouvant au-dessus des principaux aéroports) de Londres est la plus grosse et la plus complexe d'Europe, et si l'on en juge par les retards subis lors de la rénovation du système de la DFS allemande il y a quelques années, on peut prévoir encore quatre ou cinq ans de grosses perturbations sporadiques.